Alors que BLOOD, groupe pionnier de la scène visual kei à l'étranger, va revenir pour une tournée européenne d'ici quelques semaines, JaME s'est entretenu avec son fondateur Kiwamu à propos du nouveau line-up.
Kiwamu, propriétaire des deux labels Starwave Records et Darkwave Labyrinth et leader de BLOOD, nous a accueillis en ce mois d'octobre 2011 pour nous parler entre autres de la renaissance de son groupe, de leur nouveau single et de la scène visual kei.
Pourquoi avoir décidé de faire renaître BLOOD ?
Kiwamu : Après la mise en pause de BLOOD en 2009, je me suis concentré sur GPKISM. J’avais commencé ce groupe dès 2007, mais je n’avais pas reçu les réactions positives auxquelles je m’attendais. Lors de notre passage en Europe, beaucoup de gens étaient venus nous voir, mais au final, ça avait été la même chose qu'avec BLOOD. La base de fans de GPKISM était en fait constituée presque entièrement de fans de BLOOD, un peu comme une miniature. Pendant un an, je me suis attaché à booker beaucoup de concerts pour le groupe, mais puisque les réactions n’étaient pas très positives, j’ai décidé de recommencer BLOOD avec de nouveaux membres. Je suis entouré de beaucoup de musiciens du fait de mon label. J’ai demandé à Hayato et à Dora, et leur accord a consacré le nouveau départ du groupe.
Qu’est-ce qui diffère entre le BLOOD de maintenant et celui d’il y a quelques années ? Comment voulez-vous qu'il soit perçu depuis ce retour ?
Kiwamu : Je pense que la plus grosse différence réside dans la performance live. De la première à la troisième période de BLOOD, nous pensions beaucoup à l’enregistrement. Fu-ki, le troisième chanteur, aimait particulièrement ça. Mais notre nouveau chanteur Hayato préfère par-dessus tout se produire en concert, ce qui fait qu’il pense surtout à la performance scénique. De plus, cette quatrième génération a un vrai batteur, Dora. Il crée son propre rythme, un rythme réel et non plus artificiel. Grâce à tout ça, le nouveau son de BLOOD prend une dimension plus excitante.
Qu’est-ce que BLOOD signifie pour vous ?
Kiwamu : C’est la base de tout ce que j’ai construit. Sans BLOOD, je n’aurais pas établi les labels Starwave Records et Darkest Labyrinth, tourné à l’étranger, produit autant de CD, je n’en aurais pas vendu 23 000 comme je l’ai fait. Et grâce à tout ça, je me suis aussi fait beaucoup d’amis tout autour du monde.
Comment avez-vous rencontré les membres du BLOOD actuel, Hayato, Azami, Kazuha et Dora ? Pourquoi les avoir choisis ?
Kiwamu : Dora était le batteur de session de GPKISM au Japon, et il m’est venu tout naturellement de lui demander de faire partie de BLOOD. Hayato était un chanteur sans groupe qui m’était proche. Parfois, il enseignait à GPK ce qu’était une bonne performance scénique. Je me suis dit que si je voulais mettre en œuvre de bons lives, il me fallait Hayato. Kazuha était notre guitariste de session à la base, il nous a été présenté par Hayato. Son jeu de guitare est encore un peu brut, mais il a du talent.
Prévoyez-vous de vous investir à nouveau dans d’autres projets tels que GPKISM, ou bien avez-vous l‘intention de vous en tenir à BLOOD ?
Kiwamu : Beaucoup de gens se trompent sur ce qui s’est passé. Je n’ai jamais dit que j’avais quitté GPKISM, pas vrai ? En 2007, j’ai fait beaucoup de choses pour BLOOD, mais j’avais du temps libre puisque mes labels n’étaient pas encore lancés. Alors j’ai décidé de créer GPKISM avec GPK. Toutefois, ce groupe est le projet de GPK, il doit le poursuivre sans mon aide. A partir de 2009, j’ai composé beaucoup de chansons pour le groupe, j’ai cherché des dates, j’ai regroupé des fonds. Cela a fini par ressembler davantage à KIWAMUISM, ce qui n’était pas une bonne chose pour GPK dont c’était censé être l’œuvre principale. Alors, après la deuxième sortie du groupe, je lui ai laissé les rênes. S’il créait ses chansons, il pouvait sortir un nouveau CD. S’il trouvait des concerts, il pouvait partir en tournée. S’il trouvait des fonds, il pouvait développer ses activités. Vous comprenez ? Si je continuais à faire tout à sa place, comme je l’ai fait entre 2008 et 2010, ce n’était pas GPKISM. GPK va certes à son propre rythme, mais il sait faire de la musique. J’espère qu’il y arrivera dans le futur. Pour l’instant, j’ai beaucoup de choses à faire pour BLOOD, je veux m’investir à fond pour développer les activités du groupe.
Auparavant, il y avait des éléments plutôt industrial et hard rock dans le son de BLOOD. Quel type de musiques vous inspire maintenant ?
Kiwamu : Toutes les idées des chansons de la quatrième génération viennent de moi. En fait, je me suis un peu lassé de la musique industrial depuis 2010. J’en écoute beaucoup, mais je ne peux plus en tirer d’inspiration. Maintenant, je m’inspire davantage de ce qu’on fait avec le groupe. C’est pourquoi le nouveau son de BLOOD sonnera davantage « groupe » que pendant la troisième période. Les autres membres me donnent leurs idées pour les concerts, nous pensons au live avant tout.
Qu’est-ce qui vous a décidé à vous inspirer d’Elizabeth Bathory pour votre nouveau concept ?
Kiwamu : En 2005, après la sortie du troisième album de BLOOD, j’ai pensé à utiliser Elisabeth Bathory comme concept. Mais cet opus avait pour thème les vampires, ce qui faisait redondance. Le chanteur a voulu mettre en œuvre une autre idée, et j’ai donc renoncé à la mienne. En revanche, après la sortie du premier album de GPKISM en 2008, GPK n’avait plus d’idées et je lui ai donc proposé Elizabeth Bathory. J’ai alors beaucoup composé, même si je ne suis pas vraiment familier avec la chose. A partir de 2010, GPKISM a joué mes chansons Elizabeth et Bathory en live. Mais GPK étant davantage musicien d’enregistrement que musicien de scène, le résultat n’a pas été celui que j’escomptais. Fin 2010, quand j’ai décidé de faire renaître BLOOD, j’ai décidé de réutiliser ces deux titres. Le concept est donc le même, mais finalement ça n’a pas grande signification maintenant, puisque les chansons ont été écrites en 2010.
Faites-vous des recherches spécifiques pour trouver l’inspiration, ou bien utilisez-vous dans votre travail des sujets que vous connaissez déjà et qui vous intéressent ?
Kiwamu : Tous les membres tirent leur inspiration de leur vie, de leurs expériences personnelles. Bien entendu, ils profitent également de l’expérience acquises lors des concerts, des enregistrements studio. C’est ainsi qu’ils trouvent des nouvelles idées pour le groupe et les chansons.
Que pouvez-vous nous dire à propos de votre nouveau maxi-single Elizabeth ?
Kiwamu : Dans ce single, il y a trois chansons. J'ai écrit la première, Elizabeth, pendant GPKISM. A la base, il y avait une partie plus mélodique, mais quand BLOOD l’a jouée en live, c’est devenu plus violent. Le deuxième titre, Fake and Fake, je l’ai écrit après un concert de la quatrième génération. Dora et les autres m’ont donné beaucoup d’idées pour ce morceau, et c’est devenu plus agressif. Quant à la troisième chanson, Sweetest Disease, c’est une composition de la deuxième période. Depuis le premier concert du nouveau BLOOD jusqu’à maintenant, nous avons toujours joué ce titre en live. On a donc décidé de le réenregistrer en studio. Nous l’avons pris un ton plus bas et le son est devenu plus heavy.
Lors de votre interview avec JaME en 2009, vous avez dit que vous ne vouliez plus faire de concerts au Japon, car le public japonais ne vous soutenait pas assez. Cependant, depuis votre reformation, vous avez joué à maintes reprises au Japon. Est-ce que la situation a changé depuis ?
Kiwamu : Ma décision de ne plus jouer au Japon valait en fait pour la précédente tournée de BLOOD. Pendant les huit années d’existence du groupe, les Etats-Unis et le Mexique nous ont beaucoup soutenus. J’ai donc pris le parti d’aller plus souvent dans ces deux pays, d’autant qu’en revanche je n’arrivais plus à nous imaginer nous produire au Japon. C’est probablement ce qui explique mes paroles à ce moment-là. Mais en 2010, j’ai commencé le label Starwave Records, et tous les groupes qui en font partie se produisent maintenant un peu partout au Japon. Nous avons donc décidé nous aussi de réinvestir le marché japonais avec BLOOD.
Avez-vous l’intention de recommencer à vous produire à l’étranger ?
Kiwamu : Cette année, nous avons reçu une offre pour nous produire au Canada et aux Etats-Unis. A la suite de cela, d’autres pays nous ont proposé de venir jouer chez eux, ce que nous envisageons peut-être de faire. Mais rien n’est encore vraiment décidé.
Qu’attendez-vous des concerts à venir au Canada et aux Etats-Unis ?
Kiwamu : Une tournée à l’étranger est quelque chose de très normal pour moi. Je donnerai mon maximum pour chacun des concerts. Mais si quelqu’un prend des photos sans notre permission, je lui en mets une.
Pensez-vous qu’aujourd’hui Ameblo, Twitter, Facebook et les autres réseaux sociaux sont des outils importants pour les artistes ?
Kiwamu : Pour promouvoir un groupe, ce genre de réseaux sociaux est extrêmement important en effet. Notamment Ameblo, qui est la plate-forme incontournable du milieu du divertissement. C’est primordial pour nous de faire la promotion du groupe de cette façon.
En tant que membre de groupe et propriétaire de label, quel intérêt revêt Internet pour vous ?
Kiwamu : Pour prendre un exemple concret, grâce à l’utilisation des réseaux sociaux, je reçois beaucoup d'e-mails de fans. Certains s'attendent à une réponse personnelle, ce que je ne fais pas car j'estime que les artistes doivent montrer leur reconnaissance au public par le biais des chansons et des concerts. Plutôt que de perdre leur temps à y répondre, ils doivent se consacrer à leur travail, pour produire de bonnes choses. Je connais un imbécile de musicien qui est tout le temps à chatter avec les fans. Pour moi, c’est la chose la plus stupide qu’un artiste puisse faire.
Vous avez souvent répété en interview que la scène actuelle du visual kei était remplie de groupes stéréotypés qui copiaient le même style, et que cela risquait de ne plus durer longtemps. Mais récemment, vous avez aussi mentionné y avoir trouvé des aspects plus positifs. Quels sont-ils ? Et qu’est-ce qui, selon vous, pourrait être fait pour améliorer cette scène ?
Kiwamu : C'est par ailleurs la même chose dans la scène gothique au Japon. Mais au moins, dans le monde du visual kei, j’ai trouvé quelques bons groupes qui avaient leur propre identité. C’est pour cela que j’ai décidé d'y revenir. La deuxième raison, c’est que certains artistes visual kei m’ont demandé si je ne pouvais pas créer un label centré sur ce style musical. Pour eux, il fallait que je travaille sur ce genre de label.
Vous ne faites pas que composer pour votre groupe, vous vous occupez aussi des enregistrements, du design des pochettes, du site web, des clips, et vous managez même votre propre label. Laquelle de ces activités constitue le plus grand challenge ? De quoi êtes-vous le plus fier ?
Kiwamu : Hum, c’est une question intéressante. Je fais beaucoup de choses diverses. En fait, dans la scène indies, il est très important de réduire les coûts. Alors j’ai appris à faire les choses par moi-même. Pour moi, maîtriser le montage vidéo et le web design a constitué un vrai challenge. J’ai beau être graphiste professionnel, ces deux domaines ne sont pas ma spécialité. D'ailleurs, certains artistes font croire qu'ils sont graphistes, fashion designer, pour se rendre plus important, alors qu'ils ne le sont pas, qu'ils ne font pas les choses eux-mêmes, et ça, les fans le remarquent souvent très bien. Les vrais artistes n’ont pas besoin de mentir. S’il y a dans vos connaissances quelqu’un qui se prétend designer, vérifiez bien s’il est réellement le créateur de son art. Parfois, c’est sa mère qui a fabriqué le costume, mais il dira quand même : « C’est moi qui ait crée le design, je suis fashion designer ». Plutôt amusant, hein ? En tout cas, dans mon profil, il n’y a pas de mensonges.
Dans une interview, vous avez dit aimer être très occupé. Qu'est-ce qui vous occupe le plus en ce moment ?
Kiwamu : Actuellement, il y a vingt artistes sous mon label. Chaque jour, j’ai énormément de choses à faire. Mais j’aime ça. Je suis prêt à user de tout mon temps et tout mon savoir-faire pour mes artistes. Je travaille à toute heure du jour et de la nuit, excepté lorsque je dors et que je mange.
En 2012, BLOOD fêtera son dixième anniversaire. Avez-vous prévu quelque chose de particulier pour l’occasion ?
Kiwamu : Pour moi, c’est peut-être le dixième anniversaire, mais pour les autres membres cela fait seulement un an. En réalité, je considère ce quatrième BLOOD comme un nouveau groupe. Je fêterai donc moi aussi son premier anniversaire.
Pouvez-vous laisser un message à tous vos fans dans le monde ?
Kiwamu : Merci pour cette interview très intéressante. Le journaliste a fait beaucoup de recherches sur BLOOD, les questions sont vraiment pertinentes. Sinon, nous allons bientôt sortir un nouveau single, et nous nous envolerons bientôt pour le Canada et les Etats-Unis. J’espère que tout le monde appréciera le nouveau BLOOD. Nous avons également reçu des offres de promoteurs européens. Si nous pouvons retourner là-bas, ce serait avec plaisir ! (La tournée commencera fin mars. Toutes les informations dans notre agenda). A bientôt lors d’un de nos concerts !
JaME aimerait remercier Kiwamu pour le temps qu’il nous a gentiment accordé, ainsi qu'Inka pour son aide précieuse.