Live Report

L'Arc~en~Ciel revient mettre le feu au Zénith de Paris

26/04/2012 2012-04-26 05:00:00 JaME Auteur : Aurore

L'Arc~en~Ciel revient mettre le feu au Zénith de Paris

Un retour attendu avec beaucoup de magie mais peu de surprises.


© Sony Music Entertainment (Japan) Inc. - JaME - Vanessa Aubry
Lors de son concert réussi en 2008, l'Arc~en~Ciel avait fait la promesse de revenir jouer en Europe. C'est aujourd'hui chose faite et de nombreux fans étaient impatients d'accueillir de nouveau le groupe sur la capitale. Cette tournée, célébrant les vingt ans de carrière de la formation, et le souvenir du concert précédent, qui a marqué le monde de la J-music avec un show spectaculaire dépassant toutes les attentes, laissent espérer une soirée de rêve. La set-list est cependant connue d'avance ou presque, puisque les fans ont pu voter en ligne, augmentant l'impatience des uns mais gâchant la surprise des autres.

L'ouverture des portes a lieu à 19h et, malgré une salle à configuration réduite, ce n'est que peu avant 20h30, heure prévue pour le début des festivités, que chacun a enfin trouvé sa place. Sur scène, le décor est assez sobre. Pas de bateau pirate en vue, mais des enceintes aménagées aux couleurs françaises. Cette fois-ci, en plus des deux écrans agencés sur le côté de la scène, un écran encore plus grand habille le fond. Les fans n'ont pas à attendre longtemps avant que le début du concert ne soit annoncé à coup de clip genre « bande annonce » mettant en scène un cyborg hyde à l'œil perçant et au visage aussi lisse que la soie.

Ibara no Namida amorce le concert avec un effet sonore plutôt inquiétant. Bien que le son soit parfaitement lisse, les réglages ne semblent pas s'accorder avec les envolées vocales particulières du chanteur. Un petit problème qui sera malheureusement récurrent tout au long du concert. Le public, quant à lui, semble assez vieilli au premier abord, presque amorphe, mais chantant de tout cœur les paroles de cette chanson douce et ferme à la fois. Le rythme s'accélère avec CHASE et GOOD LUCK MY WAY, deux morceaux tirés du dernier album en date, BUTTERFLY. Plus violents, ils poussent le public à bouger un peu, mais celui-ci semble encore froid. hyde harangue la foule et pointe son doigt vers elle en lançant ses « Callin' » d'une voix rocailleuse. Sans s'arrêter, le groupe enchaîne les titres, peut-être un peu trop vite même. tetsuya, chaussé de bottes rouges un brin cowboy, quitte sa place à gauche de la scène pour l'échanger avec celle de ken. Les deux musiciens font vibrer leurs cordes pour un duo électrique décoiffant. hyde, une épaule dénudée, tournicote sur lui-même en toute légèreté, comme il sait si bien le faire.

Le groupe s'offre un court temps mort après un timide « merci » du chanteur. Ce dernier se saisit de sa guitare tout en s'adressant au public : «  Salut Paris, ça fait longtemps. Voulez-vous nous voir ? » dans un français non pas dénué d'un accent qui en fera sourire plus d'un. Les réglages de son instrument prenant plus de temps que prévu, ses camarades - en maîtres de l'impro - se lancent dans un petit jam batterie-guitare. La set-list retourne dans le passé avec HONEY qui donne aux fans un coup de fouet d'enfer. Cette énergie s'accentue par la suite avec le son lourd et plus violent de DRINK IT DOWN et les hurlements typiques du chanteur. L'ambiance monte encore d'un cran sur REVELATION avec un public participatif scandant des « hey » en réponse au front-man, le poing levé à l'appui. Des flammes surgissent du fond de la scène alors que, sur l'écran géant transformé en aquarium angoissant, nagent des poissons monstrueux. hyde se transforme en punk hurleur sur un fond lourd de guitare rock et continue d'attirer tous les regards.

Après tant d'énergie sonore, un petit interlude permet au chanteur de se mettre en condition pour interpréter Jojoushi, une ballade délicate accompagnée de pétales de cerisier qui tombent sur les écrans. hyde est assis sur l'estrade du batteur, devant l'imposant instrument, entouré de ken et tetsuya. Une scène parfaite, si seulement les accessoires du chanteur n'étaient pas venus la gâcher. En effet, la sobriété de son costume de scène (un pantalon droit fluide et un veston noir contrasté par un simple T-shirt blanc) était jusque-là d'une classe extrême. Alors, lorsque le chanteur se ramène avec un chapeau en feutre noir a mi-chemin entre Madame de Fontenay et Boy George et des mitaines noires au motif d'Halloween en velours type cliché gothique, on se retrouve tout d'un coup téléporté dans les années « visu cheap made in 90' » un peu ridicules. Les zooms des écrans géants n'aidant pas, il est d'autant plus difficile d'échapper à ces détails visuels ombrant quelque peu la beauté du moment. Mais le concert continue : c'est au tour de XXX qui est porté par la guitare stridente de ken et les « Kiss » sensuels répétés du refrain. Une série de ballades arrive pour recouper l'élan mouvementé de la foule. Sur fate l'émotion s'entend dans les variations éraillées du chanteur qui semble transmettre une certaine souffrance à travers sa voix. L'ombre de ken dansant sur le fond de la scène appuie également ce petit côté tragico-romantique. Forbidden lover ne fait pas non plus dans la gaieté, mais ce morceau apprécié apaise et la foule se balance de droite à gauche en suivant la mélodie malgré un rythme de batterie répétitif et très présent. La guitare est mélodieuse et lorsqu'elle s'arrête pour faire place à la basse de tetsuya, celui-ci s'excite sur ses cordes exprimant la passion de ces amours interdits, plongeant la foule dans une transe émotionnelle. ken entame en solo l'intro du morceau suivant, et dès que les accords se font reconnaissables, des hurlements fusent dans la salle. hyde joue au chef d'orchestre : il retire son oreillette et encourage le public à reprendre le chant de MY HEART DRAWS A DREAM et termine sur un baiser qui claque dans le micro.

ken, qui a déjà démontré ses talents de comique, prend la parole en commençant par une petite blague « Nous sommes venus de Londres en Eurostar. […] Dans tous les wagons, les toilettes étaient occupées ! ». Mais ce sont surtout ses « r » roulés à l'extrême qui font fureur. Il enchaîne sur la description des cadeaux qu'il a ramené pour hyde, avec notamment une allusion scabreuse de chamallow moelleux en rapport avec les parties intimes du chanteur. C'est après cet intermède que la chanson suivante annonce la partie la plus excitante du concert. Des serpentins bleus, blancs, rouges jaillissent sur le coup d'envoi de SEVEN HEAVEN, recouvrant la fosse et boostant l'humeur de la salle. Les fans sautent à l'unisson au son du morceau, qui bien que récent, a déjà conquit leur cœur. Mais c'est à l'entente des vieux morceaux que les réactions sont les plus notables. Explosion sur les écrans, Driver's High fait remonter sans aucun doute une certaine nostalgie à bon nombre de personnes. tetsuya et ken échangent à nouveau leur place aux extrémités de la scène et yukihiro donne le meilleur de lui-même. hyde fait même sortir une sorte de growl assez incongru et inattendu. Puis arrive le combo STAY AWAY, dans une version un peu différente avec des squelettes reprenant la chorégraphie en image, et READY STEADY GO, dont le refrain apparaît en grosse lettre sur l'écran central. « Are you fucking ready? » hurle hyde à la foule excitée, sur le son tonitruant du morceau. Ses déhanchements sexy sont rythmés par les slapp francs de tetsuya. Le front-man saute dans les airs à la fin de la seconde chanson et quitte la scène, suivi de ken puis tetsuya, qui laisse sa basse près de l'ampli version drapeau tricolore français. C'est sur ce fond de larsen que yukihiro fait un solo de batterie, rappelant presque l'esprit minimaliste et industriel de son projet solo, Acid Android.

Les fans ne laissent pas de répit au groupe en scandant son nom pour qu'il revienne continuer ce moment de bonheur. Avant cela, l'intro d'Anata est lancée et le public chante en chœur les paroles qui apparaissent sur les écrans disposés de chaque côté de la scène. L'effet efficace plonge la salle dans une ambiance attendrissante. Ce rappel met la douceur à l'honneur et pour Winter Fall, nul besoin d'une version karaoké pour entendre le public chanter à l'unisson. Blurry Eyes (heureusement que le morceau apparaissait sur la set-list, sinon certain aurait pu craindre de ne pas l'entendre jouer une fois encore) arrive enfin. Mais la version est coupée par un MC. tetsuya, petit panier d'osier en main, crie à la foule « Vous voulez manger ma banane ? Vous voulez sucez... », laissant planer un petit suspens pervers avant de sortir une sucette. Après les quelques bouffonneries de ce cowboy punk avec sa chemise tartan qui bouge comme un enfant pas sage, la chanson reprend alors sous l'enthousiasme inébranlé des fans.

Durant une petite pause, hyde s'exclame « J'ai envie de vous voir. Vous pouvez nous attendre ? » timidement embarrassé par sa prononciation. Conscient que Niji arrive pour terminer ce concert, les fans briffés à l'entrée du Zénith sortent leur pancarte où des « L'Arc~en~Ciel - We love You » sont inscrits. Pour ce titre, le quatuor offre un déjà-vu poétique avec une pluie de plumes blanches déferlant sur la fosse. Niji conclut donc ce concert anniversaire laissant les fans rêveurs du retour nouvellement promis. Les membres du groupe quittent la scène après distribution des classiques médiators et des bananes de tetsuya.

Avec près de deux heures de concert, L'Arc~en~Ciel qui n'avait plus à faire ses preuves depuis sa venue en 2008, a remis le couvert en offrant une soirée réussie, parlant à toutes les générations de fans et faisant revivre ses succès d'antan avec brio. Hormis le petit bémol son à quelques moments, le plaisir ne fut nullement gâché et le groupe aura même réussi à faire oublier la frustration des quelques tubes manquants au sans faute du premier concert. Mais, si le quatuor reste indétrônable pour son spectacle dans le top des concerts de J-music en France, il fait pâle figure face aux concurrents coréens qui ont mit le paquet pas moins d'une semaine auparavant dans cette même salle. La rivalité est dure, et si les fans pensent incontestablement que ce concert fut un succès, une dose de surprise, de spectaculaire et d'inattendu aurait certainement eu sa place dans la petite fête de ce concert événement qui célèbre, il faut le rappeler, le vingtième anniversaire du groupe. Pour la consécration, espérons qu'il lui reste encore quelques tours dans son sac, histoire d'éblouir et dépasser la magie de la première fois sans tomber dans le piège du réchauffé.

Set-list :

01 - Ibara no Namida
02 - CHASE (english version)
03 - GOOD LUCK MY WAY
04 - HONEY
05 - DRINK IT DOWN
06 - REVELATION
07 - Jojoushi
08 - X.X.X. (English version)
09 - Fate
10 - Forbidden Lover
11 - MY HEARTS DRAWS A DREAM
12 - SEVENTH HEAVEN
13 - Driver's High
14 - STAY AWAY
15 - READY STEADY GO
Rappel :
Anata
Winter fall
Blurry Eyes
Niji
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