Le 29 novembre 1965, Tokyo Setagaya Ku , à l'hôpital central du SDF est le jour de l'éveil de Yutaka. Le petit Ozaki est le second fils de la famille (il a un frère de 5 ans son ainé). Il est issu d'une famille de milliaires. En effet, son père fait partie de la SDF: The Self Defense Forces ("Jieitai") qui est l'armée japonaise reconditionnée depuis la seconde guerre mondiale.
A l'âge de six ans, il entre dans l'école privée de Nerima qu'il quittera pour l'école municipale d'Asaka. En 1978, il entre au collège, à nouveau dans l'école privée de Nerima.
Avril 1981, suite à un concours, il entre dans le lycée militaire d'Aoyama. Cette année est marquée dès novembre par l'écriture de l'une de ses premières chansons ; c'est ainsi que dès décembre 1981, il fonde avec des amis de lycée le groupe acoustique NOA.
Octobre 1982, c'est le début de l'automne au lycée Nerima, les feuilles tombent des cerisiers dans la cour et c'est aussi la naissance d'une légende. Le jeune Yutaka qui n'a pas encore 17 ans passe une audition dans l'un des plus célèbres studios de CBS Sony à Tokyo.
Une seule chanson, avec comme simple accompagnement une vieille guitare acoustique, suffit aux responsables de chez CBS Sony pour comprendre qu'ils ont découvert une étoile qui va bouleverser la scène musicale japonaise.
Contrat dans sa veste en jeans, Yutaka Ozaki se plonge dans une nuit d'automne à Tokyo qui restera comme la préface d'une oeuvre unique.
1983, l'année de ses 17 ans est consacrée à l'écriture de son premier album dans le studio de Shinanomachi. Il compose et écrit tous les titres de l'album ainsi que tous les arrangements musicaux.
Le 1er décembre 1983 sort alors son premier album seventeen's map marquant ainsi de manière immortelle le style de Yutaka Ozaki.On devine assez facilement le style des jeunes chanteurs de 17 ans qui sortent un single ou un album affolant la jeunesse locale. Tout ceci n'a rien d'exceptionnel.
Yutaka ne fait pas partie de ces jeunes premiers qui ont souvent une carrière très éphémère et assez superficielle. Dès ce premier album, il s'inscrit comme l'un des premiers vrais "Song Writers" folk et rock japonais. Ses chansons sont des textes qui parlent de la rebellion et de la liberté perdue de la jeunesse japonaise, posant ainsi le malaise de cette société japonaise trop conformiste.
Les titres de l'album seventeen' s map est aussi le titre d'une des chansons devenues une légende mettant en marche la révolution Ozaki. Cette chanson traite en effet de sujets lourds comme la prostitution d'adolescents (qui reste tabou au japon), remettant en cause les valeurs d'une société dans laquelle une jeune fille qui a perdu tous ses rêves, vend son corps dans la rue.
Le héros romantique, que la jeunesse japonaise attendait depuis longtemps, vient de lancer le début de la révolte. L'écoute de ce premier album est remplie d'émotions et de mélancolie il est en effet très difficile de ne pas être ému devant des titres comme The Night, Oh My Little Girl ou encore My song. C'est un album qui a marqué ma vie et mes nuits.
Même si ce premier opus reste lors de sa sortie assez confidentiel, il entame l'année 1984 avec le début de l'écriture de son second album, année marquée par une série d'événements :
C'est ainsi qu'il quitte l'école en cours d'année, même s'il réussit à passer son diplôme de fin d'étude avec l'obtention de l'examen. Il profite, le jour de la remise des diplômes, pour faire l'un de ses premiers concerts exploitant cet événement pour revendiquer sa rébellion contre le système scolaire japonais.
Le 15 juin, il lance sa première tournée dans six grandes villes japonaises, commençant par Sapporo.
Le 4 août, durant un un concert dans un centre commercial, il décide de monter en haut d'une décoration lumineuse située à plus de 7 mètres du sol !! Mais, après un faux pas, il chute. Elle aurait pû être mortelle, mais heureusement, il s'en tire avec une jambe fracturée et une pause forcée jusqu'à la fin de l'année...
Le début de l'année 1985 est l'occasion pour Ozaki de sortir un nouveau single, cette année sera un réel tournant dans la carrière de Yutaka.
C'est ainsi que sort le 21 mars son second album Tropic of Graduation. Il se place directement en tête des ventes et reste n°1 pendant plusieurs semaines. Comme sur son premier opus, il écrit et compose tous les titres de l'album. Il est entouré de musiciens de studio de grande qualité tels que Toshinobu Takimoto et Tatsuya Honda.
Ce second opus est plus romantique et mélodique que le premier mais il ne laisse pas en reste sa rage dans ses textes. Il exprime toujours son sentiment d'oppression et demande à la jeunesse japonaise de se révolter. Les chansons comme Scrambling Rock'n'roll et Scrap Alley sont de vrais cris de révolte.
Mais le charme et la sensualité s'expriment aussi dans les tubes que sont graduations, teenage blue et surtout sur shelly qui ont fait d'Ozaki, l'un des plus grands fantasmes des jeunes japonaises.
Il débute alors la tournée Tropic of Graduation le 6 mai jusqu'à fin août avec 37 dates remplissant des stades de 40 000 personnes.
Pendant cette tournée, il en profite pour sortir un livre sur ses différents travaux musicaux.
Le mois d'octobre est marqué par la sortie d'un second livre Someone's Klaxon puis quelques jours après par le premier single de son 3ème album Driving all Night.
Dès le premier octobre, il se lance dans une nouvelle tournée « LAST TEENAGE APPEARANCE » avec 25 concerts jusqu'au 1er janvier 1986. Cette tournée sera l'occasion de la sortie d'un double album live. Certains concerts mobiliseront pendant plusieurs jours près de 35000 jeunes qui se révoltent contre la politique actuelle du gouvernement japonais.
Le 28 novembre 1985 sort son troisième album : Through The Broken Door. On perçoit, sur cet album, une plus grand maturité dans les textes d'Ozaki. Les revendications de l'adolescent rebelle font place à des chansons traitant du racisme et de la misère. Il parle ainsi des nuits de solitudes et de désespoir des exclus de la société japonaise allant de l'alcoolique au chômeur, seuls. Cet album est beaucoup plus rock que les deux précédents avec un énorme travail musical sur les mélodies. Rules on the street et Driving all night sont des titres qui sont souvent comparés au phénomène mondial qu'est Bruce Springsteen en 1985. La presse rock et les medias japonais mettent en avant son talent dans leur une. Les titre comme base camp ou donuts shop dépassent le simple secteur de la musique et sont des moments de réflexion sur la société.
L'année 1986 est marquée par une activité moins intense. C'est ainsi qu'il disparaît complètement de l'archipel en mai 1986. Ni sa maison de disque ni ses proches ne savent où il s'est retiré pendant plusieurs mois. Il ne supporte plus le monde du showbiz et la starisation dont il fait l'objet, il est en total décalage avec la façon donne évolue sa vie .Suite à son admiration et sa fasciation du film Taxi Drivers qui a marqué sa jeunesse (il fait référence au film dans son premier album), il vit en exile à New York. Ce voyage l'oriente de plus en plus vers l'alcool et la drogue. Ainsi il fréquente quotidiennement des prostitues droguées et alcooliques, allant le plus souvent dans les quartiers hispaniques et noirs de New York. De son coté, sa maison de disque édite la vidéo 6PIECES OF STORY, un documentaire sur Ozaki ainsi que des clips de ses trois premiers albums (notons que cette vidéo est rééditée en DVD le 24 août 2005) ainsi qu'un nouveau livre.
Janvier 1987, il retrouve son pays natal.
Le retour est brutal, Sony music suite à son exode décide de résilier le contrat.
Il se tourne alors vers la maison de disque MOTHER&CHILDREN avec laquelle il travaille dès le 10 février.
Il reprend la route début juillet avec la tournée TREES LINING A STREET, avec une trentaine de représentations jusqu'à fin septembre. Cette tournée est subitement arrêtée suite au problème de drogue que connaît Ozaki.
Le mois d'octobre est marqué par la sortie de son premier album live LAST TEENAGE APPEARANCE ainsi que la sortie d'un nouveau single core.
Mais un soir de décembre, à trois jours de Noël, Ozaki est arrête par la police japonaise pour vitesse excessive et possession de drogue.
Il est alors immédiatement emprisonné passant ainsi noël et le nouvel an dans une cellule dans une prison de Tokyo. Il est condamné dans un premier temps à près de dix huit mois de prison qui seront reconduits à 2 mois après le payement d'une caution.
C'est ainsi qu'il sort de prison de 22 février 1988. Il continue alors de travailler sur son 4ème album.
Dans cette période de troubles, il se marie le 12 mai 1988.
Le premier septembre, après de nombreuses difficultés, l'album Gairoju sort près de trois ans après son précèdent opus. L'attente fut grande auprès des fans. L'épisode américain et son court séjour en prison sont les veines qui alimentent le coeur de cet album. Son mal de vivre et la sensation de la quête impossible pour l'essence même de sa vie est bien présente.
L'album est très touchant, marqué par des chansons très rock (telle que Core) et des mélodies d'une mélancolie étouffante. Ses fans en larmes, sont à fleur de peau et il nous livre un album des plus intimes.
Il livre alors également, un des concerts les plus intenses de sa carrière au Tokyo Dome le 12 septembre 1988. Cette représentation sera la seule qu'il donnera pendant près de trois ans. Le public est bouleversé par cette représentation où l'on retrouve Ozaki donnant toute son énergie sur scène avec une voix à la limite de l'extinction.
A la fin de l'année 1988, il explose et sort un recueil works sur ses oeuvres photographiques.
De 1989 à août 1990, il prépare son cinquième album, tout en se reconstruisant des trois dernières années difficiles de sa vie.
Sony music, à la vue de l'ampleur du phénomène "Ozaki" décide de refaire venir le prodige dans ses rangs" .
C'est ainsi que sort le 15 novembre 1990, un double album birth sellant la renaissance d'Ozaki sur la scène japonaise.
L'album de la maturité, Ozaki approche de sa 25ème année, il en pleine possession de ses moyens et ses démons sont pour le moment chassés de sa vie. L'album possède des sonorités et des mélodies ainsi que des paroles plus positives telles que celles de love way, identification, don't touch this ou birth. On y retrouve des classiques tels que Rossana, Eternal Heart et happy birthday plusieurs mois en tête des ventes au japon.
Enorme succès dépassant le simple fan de la première heure que fut la jeunesse japonaise emplie de révolte. Yutaka Ozaki devient à ce moment là, l'artiste numéro 1 au japon, vendant des millions d'albums.
Début 1991, il sort un nouveau livre normal love.
Puis il réenregistre la chanson I love you tirée de son premier album, pour un single. Il se vend à plusieurs millions d'exemplaires et sera réédité plusieurs fois entre 1995 et 2005.
En mars de la même année est fondé son fan club EDGE OF STREET avec près de 200 000 membres. Ce fans club aura une énorme importance dans les années futures.
Le 20 mai 1991 commence le TOUR 1991 BIRTH avec plus de 60 dates jusqu'au 30 octobre.
Le coup d'envoi de cette énorme succès populaire est donné devant près de 70000 personnes au stade de Yokohama.
La fin de l'année finit tragiquement avec la perte de sa mère, le 29 décembre 1991, elle qui fut son principal soutien tout le long de sa vie. Ozaki est bouleversé, retombant avec ses démons.
L'année 1992 s'annonce bien sombre malgré le succès énorme de ces 18 derniers mois.
Le 29 février sort un recueil de ses travaux photographiques, puis le 30 mars une vidéo de la tournée TOUR 1991 BIRTH .
C'est alors que l'idole et le héros de toute la jeunesse japonaise devient une légende et un mythe le 25 avril 1992 car il est retrouvé mort et nu près de son foyer suite à un oedème pulmonaire (conséquence d'un excès d'alcool et de drogue).
Apres neuf années de carrière et 61 titres, l'un des plus grands artistes de la musique populaire japonaise vient de s'éteindre laissant un grand vide qui me se refermera jamais. Ce héros romantique et rebelle est parti en ayant mené sa vie dans tous les excès. Il restera éternellement le jeune leader de la jeunesse japonaise en mal de vivre, avec une influence vivace dans la musique et dans la société japonaise.
Cinq jours après sa mort, plus de 55000 fans se réunissent sous la pluie près du temple Bunkyo Ku.
Pour certaines, le choc est trop dur et c'est ainsi que plusieurs fans décident de se libérer de leur souffrance insupportable en rejoignant leur idole au paradis.
De même, son père demande une enquête complémentaire sur sa mort qui reste pour beaucoup mystérieuse, ayant un soutien de près de 300 000 fans signant une pétition.
Quelques jours plus tard, son album posthume confession for exit sort le 10 mai et certaines chansons sont des rééditions de ses anciens albums mais on y retrouve tout de même sept titres inédits. Ozaki nous dit au revoir une dernière fois avec des titres comme two hearts, last christmas ou avec la chanson pour sa mère, elle aussi disparue Mama, Say good-bye. Ses derniers titres font pleurer tout le japon même si le titre exit in the dark nous rappelle qu'Ozaki ne pourra jamais disparaître.
Apres sa mort, la mémoire de Yutaka Ozaki est toujours aussi vive voire même plus importante que lors de sa vie.
Tels les héros romantiques ou les peintres déchus, sa mort l'a fait devenir un mythe et une vraie légende dans tout le japon. Son influence sur les artistes jrock voire même très jpop au japon est exceptionnelle même de nos jours. Personne n'a remplacé son talent pour l'écriture et sa façon de transcrire la société et le malaise de la jeunesse.
C'est ainsi que depuis sa mort, avec l'influence énorme du fan club EDGE OF STREET, sortent des rééditions, des vidéos et des compilations.
C'est ainsi que grâce à un énorme travail du fan club est sortie deux albums avec près de 24 artistes différents rendant hommage à leur idole.
Le premier album s'intitule BLUE - A TRIBUTE TO YUTAKA OZAKI avec des artiste confirmés de la scène japonaise tels que : Cocco, Mr. Children, Saito Kazuyoshi, Omori Yohei, Kitsu Izumi,Yamaguchi Sho, Utada Hikaru, Okamura Yasuyuk, 175R, Takeuchi Megumi
Le second album hommage est nommé GREEN - A TRIBUTE TO YUTAKA OZAKI avec des artiste de la nouvelle scène jrock et jpop actuelle tels que : Youngss, outlaw, makato
Ces deux albums sont sortis le 24 mars 2004.
Le 22 avril fut l'occasion pour tous les fans d'Ozaki de se retrouver dans un concert hommage avec tous les artistes qui ont participé aux deux albums.
La vidéo de ce concert mémorable est sortie en août 2004 sous le nom de : THE NIGHT A TRIBUTE TO YUTAKA OZAKI.
L'année 2005 est marquée par la sortie de deux coffrets DVD très attendus par les fans :
- 6Pieces Of Story (réédition du coffret du même titre qui était sorti en 1986, composé de clips et d'un documentaire sur ses trois premiers albums)
- 625DAYS est un recueil de concerts qui ont suivi la sortie de ses trois premiers albums avec de nombreuses vidéos inédites et rares.
