Masami Akita naît en 1956 à Tokyo. Intéressé par le rock progressif, le free jazz, et les musiques psychédéliques, il est le batteur de plusieurs groupes durant ses années de lycée. Puis il intègre l'université Tamagawa où il étudie l'art moderne et la peinture. A cette époque, il joue de longues sessions de rock improvisé avec son camarade de lycée Kiyoshi Mizutani.
Masami Akita enregistre ses premières bandes de musique électro-acoustique sous le nom de Merzbow en 1979. Il crée le label Lowest Music & Arts dans le but d'échanger ses cassettes avec d'autres artistes underground et de travailler avec eux. Ces compositions sont faites à partir de bandes passées en boucle et de sons d'instruments tels que la guitare ou la batterie, pré-enregistrés par Masami.
Dans cette entreprise, il est vite rejoint par Kiyoshi Mizutani. A cette époque, ils cherchent tous deux à effacer toute participation du corps humain dans la conception de la musique, c'est ainsi qu'ils usent exclusivement de bandes enregistrées montées ensemble, aucun instrument n'étant joué en live. Parmi les techniques utilisées pour créer les sons, on trouve celle appelée "material action", où différents petits bruits sont enregistrés au microphone puis amplifiés et distordus. Les illustrations vendues avec les cassettes sont des collages de bandes dessinées et de photographies tirées de magazines pornographiques trouvés dans des poubelles. Nous retrouvons une nouvelle fois une démarche esthétique chère à Kurt Schwitter, le Merz, le collage hétéroclite. Par ce procédé, ils essaient de recréer chez l'auditeur la même excitation éprouvée lorsqu'on tombe inopinément sur des images pornographiques. Depuis le début un parallèle est donc émis entre la musique de Merzbow et la culture pornographique. Selon Masami Akita, la pornographie est le côté inconscient du sexe, pulsionnel et plus "naturel" ; la noise est de même le versant inconscient de la musique, cherchant à faire entendre l'extase du son lui-même, loin de toutes considérations de structures ou de "rationalité".
En 1984 Masami Akita crée son deuxième label ZSF Produkt, sous lequel il compte signer de nombreux artistes. Il l'utilise également pour ses propres travaux. C'est à cette époque qu'il commence à être reconnu mondialement et qu'il enregistre pour de nombreux labels à travers le monde, de nombreuses fois en collaborant avec d'autres artistes indépendants.
A partir de la fin des années 80, il abandonne progressivement son premier idéal qui était de rendre invisible la participation du corps dans le processus d'enregistrement, puis il fait de nombreuses tournées à travers le monde : Europe, Russie, Corée, Etats-Unis... Les représentations live de la décennie suivante sont assurées par Masami Akita et deux autres membres de session : Reiko Azuma pour la programmation électronique et Bara pour le chant et la danse. C'est également à partir de cette époque qu'il signe du nom Abtechtonics (ou de variations de ce nom) la plupart des artworks qu'il crée pour ses albums.
Dès les années 90, alors que Kiyoshi Mizutani ne participe plus que de loin aux activités de Merzbow, Masami Akita commence à enregistrer avec les technologies digitales. Le son devient bien plus ample et intense, avec notamment la production de bruit blanc (toutes les fréquences existantes diffusées en même temps selon la même amplitude) qui participe à la formation des fameux "murs du son" de Merzbow, donnant une impression de densité sonore telle qu'elle semble impénétrable. Le mixage de la plupart des CD d'alors utilise un volume si puissant que les sonorités paraissent exceptionnellement agressives. La profusion d'éléments sonores, dont les ultrasons et les infrasons, et la densité des boucles peuvent conduire certains CD, comme Venereology, à être d'une violence vraiment impressionnante. Masami enregistre également avec de nombreux autres artistes tels que par exemple Maso Yamazaki, alias Masonna, avec qui il forme les groupes Bustmonster ou Flying Testicle. Il joue également avec Mike Patton de Faith No More sous le nom Maldoror.
Il réalise en 1990 un court-métrage intitulé Shitsurakuen : jôbafuku onna harakiri (Lost Paradise sous son titre international) pour la série des zankoku-bi : onna harakiri du studio Kinbiken, dont l'objectif est de proposer une alternative moins "traditionaliste" au marché de la vidéo érotico-gore alors en pleine expansion, en présentant des suicides rituels de femmes empreints d'érotisme solennel. Akita en compose bien entendu la bande originale, incluse une année plus tard à l'album Music for Bondage Performance.
En 2000, le label australien Extreme réalise une opération marketing sans précédent dans l'histoire de la musique en distribuant la compilation Merzbox, constituée de 50 CD, dont vingt d'entre eux sont des rééditions de cassettes ou de LP devenus introuvables de la première période d'activité de Merzbow et les trente autres sont des enregistrements inédits, d'un t-shirt, de posters, d'un livre de notes sur les enregistrements précités, d'un médaillon, de cartes postales, d'autocollants et de deux CD-rom. Selon l'anecdote, la station de radio amateur d'un campus américain aurait diffusé en décembre 2002 la totalité de la Merzbox sans interruption, à savoir plus de 50 heures de musique. Cette campagne aurait engendré de nombreux "Merzbow Marathon", notamment en France et aux Etats-Unis, consistant à n'écouter que du Merzbow sans interruption pendant des jours, voire des semaines.
Depuis le nouveau millénaire, Masami Akita utilise de plus en plus l'ordinateur dans ses compositions, qui génère et traite différentes boucles sonores. Plusieurs de ses albums sont également consacrés à la cause des animaux, tels que Frog, Peace for Animals ou encore Animal Magnetism, pour lequel il enregistre par exemple les caquètements des poulets qu'il élève. Merzbeat est dédié au célèbre éléphant de mer Minazo de l'aquarium d'Enoshima, le dernier spécimen mâle du Japon, alors encore vivant, tandis que les deux volumes de l'album Minazo sont une sorte d'hommage à l'animal prématurément mort en 2005, dont le touchant artwork signé Jenny Akita (la femme de Masami) le révèle jouant avec son seau. Bloody Sea est quant à lui un plaidoyer contre la très contestée chasse à la baleine au Japon.
Durant cette période, certains des concept albums de Merzbow se font un peu plus faciles d'accès, comme le susnommé Merzbeat, dont l'approche rythmique peut lui donner un certain côté "pop", Aqua Necromancer qui utilise des enregistrements de sessions de rock progressif ou encore Door Open at 8 am qui se veut être un hommage au jazz.
Au milieu des années 2000, il enregistre de nombreux albums avec le groupe Boris, ou encore avec Keiji Haino avec qui il forme le projet Kikuri. En 2008, il enregistre avec le musicien et auteur français Richard Pinhas avec qui il donne quelques représentations en Europe.
