Jo Quail et Mono au Petit Bain
Compte-rendu des concerts de Jo Quail et Mono du 12 décembre 2019 au Petit Bain
C’est par cette soirée pluvieuse et de grève que Mono va retrouver ses fans parisiens après 5 ans d’absence. Le groupe débarque enfin en France au cours de sa tournée mondiale 2019 après avoir donné une série de concerts impressionnante aux quatre coins de la planète tout au long de l’année pour défendre son nouvel album sorti en janvier dernier : Nowhere now Here .
Contrairement à d’habitude, il n’y a pas foule devant le Petit Bain 10 minutes avant l’heure officielle de l’ouverture de la billetterie (19h).
Aux alentours de 19h20, les spectateurs commencent enfin à débarquer et à l’ouverture de la billetterie vers 19h30, ceux-ci sont déjà nombreux. En effet, le site annonce que ce soir le groupe jouera à guichets fermés [même si apparemment il restait quelques places]. 400 billets ont été vendus pour ce soir. Malgré le temps et la grève, le public de Mono a répondu massivement présent.
A 20h18, la violoncelliste londonienne Jo Quail entre en scène pour assurer la première partie de Mono. Oubliez tout ce que vous connaissiez sur le violoncelle ! Ici il n’est point question de musique classique ennuyeuse ! En effet la manière de jouer de Jo Quail ainsi que sa musique sont peu conventionnelles. Elle tape les cordes de son violoncelle puis alterne avec son archer tout en utilisant ses pédales d’effets qui créent des boucles sonores aux sons métalliques. Entre les morceaux l’artiste nous parle de ses chansons (elle y parle notamment de la dualité des sons de la Nature), du lancement de son nouveau label et remercie Mono de l’avoir choisie pour leur première partie. Elle semble heureuse d’être là tout comme le public qui l’écoute religieusement et l’applaudit.
Même si les morceaux peuvent sembler un peu répétitifs, la musique de Jo Quail est tout de même envoûtante et on se laisse emporter par cette musique originale marquée par la dualité entre le calme de certains passages lorsqu’elle joue sur son violoncelle et les boucles sonores aux sonorités métalliques plus « brutes » notamment lors du deuxième morceau lorsqu’on entend des battements qui font penser au bruit du cœur humain.
Jo Quail envoûte par la profondeur de sa musique. Cette dernière est à la fois, calme, grave et intense. Sur le cinquième et dernier morceau, la violoncelliste alterne rythmes calmes et rapides et semble combler l’auditoire.
Après avoir remercié le public qui l’applaudit chaleureusement, l’artiste se retire de la scène pour faire place à la tête d’affiche de la soirée : Mono.
La lumière se rallume et peu de temps après les membres de Mono débarquent sur scène. Ils s’accordent quelques minutes puis repartent à nouveau dans les coulisses pour revenir rapidement.
21h18, soit une heure juste après le début de la soirée, Mono ouvre les hostilités.
Les quatre musiciens débutent leur concert avec God Bless , titre issu de leur dernier album. Le morceau se caractérise par des sons de guitares très mélancoliques enchaînant avec de brusques changements de rythme. Le batteur se met soudain à cogner ses fûts de plus en plus énergiquement puis accélère de même que les autres musiciens avant de se calmer brusquement. Ce titre donne le ton du concert dès le départ. C’est l’obscurité qui caractérise celui-ci. La musique de Mono se veut dès le départ très sombre, grave et très intense.
Il est difficile de décrire la musique de Mono avec des mots, il faut la vivre, la ressentir au plus profond de son âme pour réellement l’apprécier. D’ailleurs comme lors de la première partie, certaines personnes du public ferment les yeux et semblent en transe. On pourrait comparer la musique de Mono à une tempête sonore et émotionnelle balayant tout sur son passage.
Difficile de ne pas être happé par leur musique qui semble sonder au plus profond la noirceur des sentiments humains pour mieux les exorciser avant de remonter à la lumière.
Au 9ème morceau du groupe : Halcyon (Beautiful Days) issu de leur album Walking Cloud and Deep Red Sky, Flag Fluttered and the Sun Shined sorti en 2004, la violoncelliste Jo Quail vient leur prêter main forte. Comme sur la plupart des morceaux du groupe le tempo y est d’abord très lent puis devient brusquement très intense avant de ralentir petit à petit. Mais c’est véritablement au morceau suivant : Ashes in the snow puis à la chanson de rappel Com( ?) après une très courte pause, qu’on assiste à un véritable déluge sonore. Après une courte période de calme, le rythme devient frénétique et envoûtant. Impossible d’y résister, l’auditeur se trouve transporté vers un autre monde. Les deux guitaristes manipulent allègrement leurs pédales d’effets afin de diversifier les effets sonores et accentuer cette atmosphère de chaos puis de calme après la tempête.
Vers 23h, le concert se termine et le groupe rejoint rapidement les coulisses sous les acclamations et les applaudissements chaleureux du public.
Le groupe a donné ce soir un concert intense en émotions dont on ne peut sortir indemne. Mentions spéciales aux titres Sorrow (tristesse) qui porte très bien son nom ainsi qu’à Breathe , au titre éponyme du dernier album Meet us Where the Night Ends ou encore à Ashes in the Snow pour leur noirceur particulière .
Indéniablement Mono est un groupe très intéressant qu’il faut découvrir en concert pour véritablement apprécier leur musique. Celle-ci ne s’écoute pas, elle se ressent, elle se vit.
Les spectateurs que j’ai interrogés après le concert étaient tous très satisfaits de la prestation du groupe et ont aussi apprécié d’entendre d’anciens titres notamment Ashes in the snow et Com( ?) ainsi que le morceau joué au clavier et en partie chanté (ce qui est une première pour ce groupe instrumental) After you comes the flood chantée par Tamaki Kunishi, la bassiste et claviériste du groupe. Il faut noter aussi que la plupart des personnes interrogées me disaient les avoir vus de nombreuses fois et apprécier des groupes comme Mogwai, Boris, Envy Alcest, Godspeed You ! Black Emperor, Solstafir ou encore Boards of Canada, groupes pour la plupart avec lesquels Mono a déjà tournés. A contrario peu d’entre eux semblaient connaître la scène rock japonaise en dehors de la scène post-rock ou noise.
J.B.H