Interview avec G.L.A.M.S
L'artiste et musicien Mikaru parle à JaME France de son nouvel album, de sa fluidité artistique et de l'homme derrière le masque
Par un pluvieux samedi soir, dans une salle de concert intimiste et aux lumières tamisées de l’est parisien, JaME France a rencontré Mikaru, le frontman de G.L.A.M.S, artiste et musicien japonais aux multiples talents qui partage son temps entre sa musique et ses activités de peintre et de bijoutier. Fidèle comme toujours à la capitale française, Mikaru a tenu sa première exposition de peinture à la prestigieuse Galerie Mister LO en 2014, un bijou d’espace où pullulent des esprits créatifs - majoritairement internationaux - de la rue Rodier, à quelques mètres à peine du Moulin Rouge. Une première exposition qui a connu un succès retentissant et qui a attiré l'attention de nombreux critiques d'art et amateurs de musique, elle a également assisté aux premiers pas du projet musical G.L.A.M.S, qui a vite fleuri dans le giron de son créateur.
Lorsqu'il a commencé à travailler sur G.L.A.M.S il y a près de sept ans, Mikaru n'était pas exactement un novus homo sur la scène musicale. Il avait déjà fait partie de Dio - Distraught Overlord -, un groupe de visual keï qui a connu un succès considérable sur la scène musicale japonaise et qui a été l'un des premiers dans son genre à faire le grand saut et à se produire à l'étranger au début des années 2000. Après la rupture de ce dernier, Mikaru, qui était resté en bons termes avec les membres de son groupe, s'est serré les coudes avec son batteur Syu pour lancer BLACK LINE, un groupe de hard rock qui a conservé certains éléments classiques de l’univers visual keï, tout en évoluant vers une sonorité plus épurée et plus malléable, qui jettera les bases de son projet actuel. C'est également à cette époque qu'il rencontre et engage le guitariste Yudai et le bassiste Tetsuto, deux autres électrons libres aux ambitions d’internationalisation qui ont accepté avec enthousiasme de faire partie de G.L.A.M.S.
La vision artistique de Mikaru risque de paraître sombre, voire lugubre, pour les non-initiés. Dans son répertoire artistique, on trouve de nombreuses œuvres qui projettent une nuance funèbre sur ce showman à l’allure énergique et joviale. Peints au moyen d’une technique qui mélange huiles et acryliques ses tableaux, comme sa musique, fluctuent entre les styles, marque d’un artiste qui gravite nonchalamment entre le réalisme et l'abstraction, les couleurs flamboyantes et les nuances crépusculaires, l'art brut européen et les représentations figuratives inspirées de son Japon natal. Adepte de l'esthétique victorienne et du folklore des vampires depuis toujours, en tant que bijoutier, Mikaru aime afficher son style caractéristique, tout aussi mélancolique. Ses pièces, toutes faites à la main, mélangent souvent des métaux nobles délicatement gravés, des pierres précieuses et des thèmes romantiques classiques.
Et cependant, l’adjectif “sombre” ne rend pas justice au personnage vif et gaillard qui nous accueille avec un sourire charmant au bar-salon de L'International, entouré de son guitariste Yudai, du batteur Syu et du bassiste Tetsuto. En dehors de la scène, Mikaru est un jeune homme affable et sans âge, vêtu d'une tenue noire décontractée et élégante, impeccablement ornée avec ses propres bijoux de création. Comme l’ensemble de son groupe de session, il se prête à des silences quelque peu impénétrables (vestige caractéristique de la culture d’extrême Orient), médite soigneusement ses réponses, mesure ses mots, mais finit par se livrer avec candeur et un brin d’humour. Pendant une demi-heure, il a parlé à JaME France de ses impressions de l'Europe, de ses dernières incursions artistiques et de son interprétation de la musique en tant que concept plus large.
Vous venez en France chaque année depuis 2014, la France est-elle un endroit spécial pour vous ?
Mikaru : Absolument, oui. Je viens ici chaque année depuis un certain temps maintenant, c'est un endroit très spécial pour moi. C'est d'ailleurs ici à Paris que j'ai créé G.L.A.M.S ; à l'époque, j'avais organisé une exposition de peinture à Montmartre. Je me souviens de mes fans d'année en année, je me souviens de leurs voix, de leurs visages, de la façon dont ils nous encouragent pendant nos concerts, c'est une vraie joie de les rencontrer chaque année.
Tetsuto : Et en plus vous avez des macarons, j'adore ça !
Syu : Et le vin français, le bœuf français... qu’est-ce qu’on se régale.
Mikaru : Oui, hier encore, nous avons mangé un super steak français avec sauce aux champignons à Tours, j'ai a-do-ré ! (rires)
Vous venez d'annoncer la sortie de votre quatrième album, TWILIGHT AFTER THE RAIN. Pourquoi avez-vous choisi ce titre, cela a-t-il une signification personnelle pour vous ?
Mikaru : En fait, je n'ai décidé du titre qu'une fois que tout a été terminé. J'ai écouté les cinq chansons et j'ai imaginé des images que je pourrais associer à l’ensemble. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à visualiser ce concept - le crépuscule après la pluie. Le ciel s'assombrit après la pluie, mais c'est quelque chose de rassurant. Certaines chansons sont vraiment tristes, d'autres sont engageantes, c’est une sorte de calme après la tempête.
Et quel est le concept derrière TWILIGHT AFTER THE RAIN en tant qu’album, quelle a été votre inspiration, quelles émotions avez-vous voulu transmettre ?
Mikaru : Eh bien, ce n'est pas facile de le mettre en mots, à chaque fois, nous nous efforçons d'apporter quelque chose de nouveau... (hésite)
Syu : Il est en pleine réflexion !
Mikaru : En effet ! Dans cet album, chaque chanson est différente des autres. Il y a le rock, le R&B, les ballades, le jazz. Chaque chanson a son propre univers.
Comme dans EVER-CHANGING, chaque chanson avait sa propre atmosphère, son propre univers.
Mikaru : En effet, nous aimons expérimenter avec un concept plus large de la musique. Je n'aime pas les catégories - jazz, rock, etc. Elles font croire que la musique est un petit monde. Et ce n'est pas le cas. La musique est un concept très large, sans partitions. Je décide de mes propres limites lorsque je crée un disque, je ne m'en tiens pas à une vision unidimensionnelle de ce que je suis en tant que musicien.
Vous mentionnez vos limites, voulez-vous développer cette idée ?
Mikaru : Enfin, quand il s'agit de créer une forme d'art, j'essaie toujours de faire en sorte que ce soit 100% moi. Mes chansons doivent être absolument personnelles. Et en tant que musicien, j'ai l'impression de transcender les frontières du métal, du hard rock, du J-rock, tous ces mots peuvent n'être que des mots, si vous voulez voir des choses comme ça. J'aime repousser mes propres limites dans des territoires inexplorés, je passerai même de 100% à 1000% s'il le faut, tant que le produit final est fidèle au message que je voulais transmettre, tant qu'il est fidèle à ce que je suis.
En parlant de Mikaru, l'artiste, je pense que le titre que vous avez choisi pour votre précédent album reflète assez bien qui vous êtes. Vous êtes ever-changing (en constante évolution). Nous nous sommes rencontrés à de nombreuses reprises et chaque fois vous nous montrez une facette différente de vous, un visage différent. Mikaru est-il en perpétuelle évolution ?
Mikaru : Oui, je le suis ! Je cherche quelque chose de nouveau chaque jour. Je dirais même que mes chansons sont comme des films. Une chanson, un film différent, un leitmotiv différent, des costumes différents, mais le même réalisateur.
Visuellement, c'est très frappant. Dans vos vidéos, on vous voit souvent jouer différents personnages : un vampire androgyne, un jazzman, une rockstar... mais qui est le vrai Mikaru ?
Mikaru : Ah, je le cherche toujours ! C’est à vous de trouver le vrai moi derrière Mikaru.
Syu : (en japonais) Allez, continue à chercher, s’il te plaît ! (rires)
Lorsque nous nous sommes rencontrés il y a quelques années, vous avez dit que vous aviez choisi l'Europe pour lancer G.L.A.M.S (qui était au départ un projet artistique) parce que vous pensiez que peut-être les Européens vous comprendraient en tant qu'artiste d'une manière que le public japonais ne comprendrait pas. Après avoir joué pendant de nombreuses années à l'étranger, avez-vous toujours ce sentiment ?
Mikaru : En fait, je pense que j'ai peut-être choisi Paris [comme lieu de naissance de G.L.A.M.S] pour une raison plus simple - Paris est la ville de l'art, donc c'était mon choix naturel. Est-ce que je pense toujours que les publics japonais et européens perçoivent mon art différemment ? Je n'en suis pas sûr, je pense que la compréhension qu'en ont les gens est en fait assez similaire, qu'ils soient japonais ou occidentaux. Mais si je fais une autre exposition d'art, je suis certain que je vais de nouveau choisir une galerie européenne.
Tetsuto : Du point de vue du musicien, je trouve que les publics japonais et européen ne sont pas si différents, en fait. Tous deux sont très timides au début, quand ils sont nouveaux dans la situation, ils sont prudents, ils ne savent pas encore comment réagir. Puis, à mesure que nous avançons, ils deviennent plus ouverts, ils se mettent dans la musique, ils se mettent dans l'ambiance, ils se laissent aller.
Yudai : Il est intéressant de noter qu'au Japon, les gens ont une vision légèrement différente de la musique - ils aiment étiqueter les choses en fonction des genres. Rock, métal, pop, visual keï... Vous trouverez beaucoup de gens qui disent n'aimer que tel ou tel genre. Mais ce n’est pas comme ça que je vois la musique en tant que telle. Je vois la musique comme un tout. C’est un univers unifié. En ce sens, le public étranger a tendance à être plus ouvert d'esprit, plus fluide dans ses goûts.
Et il ne faut pas oublier que G.L.A.M.S est avant tout un projet artistique qui s'étend bien au-delà des frontières de la musique. Tu continues à peindre et à créer des bijoux, Mikaru ?
Mikaru : Oui, bien sûr. Lorsque j'ai lancé G.L.A.M.S, je l'ai vu comme un projet artistique. J'ai organisé ma première exposition ici à Paris, et je me suis présenté en tant que peintre. À partir de là, j'ai commencé à étendre mon art à la bijouterie et à la musique également. Mais la peinture est une activité qui prend beaucoup de temps. L'année dernière, j'ai organisé une petite exposition aux Pays-Bas avec huit tableaux à Dordrecht, et je continue à avancer sur mes tableaux. Dernièrement, j'ai perdu l'habitude de dessiner un peu puisque je me concentrais sur TWILIGHT AFTER THE RAIN, mais je compte bien m'y replonger dès que nous aurons terminé la tournée.
Syu : La peinture est vraiment quelque chose de très important pour lui, mais cela prend du temps, les bijoux aussi, cela implique beaucoup de dessin, d'expérimentation, d’inspiration... Au début, il voyait vraiment G.L.A.M.S comme un projet orienté vers les beaux arts, son histoire est vraiment très intéressante. La peinture, les bijoux et la musique étaient des choses séparées à ses yeux, avant qu'il ne ressente le besoin de réunir les deux mondes, la musique et les beaux-arts.
Mikaru : C'est exact. Mais je veux vraiment commencer à travailler sur une nouvelle exposition. Je reviendrai peut-être bientôt à Paris pour vous montrer mon nouveau travail.
Faites-le, s'il vous plaît, nous serions ravis que vous reveniez ! Pour finir, voulez-vous laisser un message à vos fans français ?
Tetsuto : Ici c’est le bassiste Tetsuto. Je vous suis vraiment reconnaissant d'avoir attendu avec impatience de nous voir jouer ici en Europe. Personnellement, je suis aussi très content de jouer ici à Paris une fois de plus !
Yudai : Voici le guitariste Yudai. Ce nouvel album est vraiment intéressant, vous avez cinq nouvelles chansons qui sont toutes très différentes, s'il vous plaît, écoutez-le et merci beaucoup !
Syu : Salut, moi c’est le batteur Syu. Je reviens en Europe chaque année depuis un certain temps déjà, et c'est quelque chose qui m'apporte tellement de joie dans ma vie. Je veux vraiment continuer à revenir, dansons et faisons la fête tous ensemble ce soir !
Mikaru : (en français) Bonsoir Paris ! Je suis de retour, grâce à vous. Ce soir... veuillez laisser vos fenêtres ouvertes. Et vos vêtements. Parce que ce soir... je vais aller dans vos lits pour vous mordre le cou et boire votre sang. S'il vous plaît, attendez-moi… (rires)
JaME tient à remercier Mikaru, Syu, Yudai, Tetsuto et le promoteur de la tournée Uknight pour cette opportunité d'interview.
G.L.A.M.S est actuellement en tournée en Europe. Vous pouvez consulter la liste des dates et acheter des billets ici.
Date | Evénement | Lieu |
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27/02/20202020-02-27
15/03/2020
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Tournée
G.L.A.M.S
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27/02/20202020-02-27
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Concert
G.L.A.M.S
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La Brat Cave
Lille
France |
28/02/20202020-02-28
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Concert
G.L.A.M.S
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Japan Tours Festival
Tours
France |
29/02/20202020-02-29
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Concert
G.L.A.M.S
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L'International
Paris
France |
01/03/20202020-03-01
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Concert
G.L.A.M.S
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Le Garage
Liège
Belgique |
05/03/20202020-03-05
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Concert
G.L.A.M.S
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Marie-Antoinette
Berlin
Allemagne |
07/03/20202020-03-07
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Concert
G.L.A.M.S
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Chapeau Rouge
Prague
Czech Republic |
08/03/20202020-03-08
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Concert
G.L.A.M.S
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VooDoo Club
Warsaw
Poland |
12/03/20202020-03-12
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Concert
G.L.A.M.S
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Tsunami Club
Cologne
Allemagne |
13/03/20202020-03-13
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Concert
G.L.A.M.S
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Pop Centrale
Dordrecht
Pays-Bas |
14/03/20202020-03-14
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Concert
G.L.A.M.S
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Brussels Expo
Brussels
Belgique |
15/03/20202020-03-15
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Concert
G.L.A.M.S
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Brussels Expo
Brussels
Belgique |