Live Report

2e jour du "Kurofuku Gentei GIG 2022 Lunacy" pour LUNA SEA au Saitama Super Arena

06/02/2023 Auteur : Philkun

Retour aux sources de LUNACY en noir

Dimanche 18 décembre, second jour du "Kurofuku Gentei GIG 2022 Lunacy" (LUNACY étant le nom du groupe à leur début et kurofuku indiquant un dress-code limité aux vêtements noirs) pour LUNA SEA au Saitama Super Arena.
Le dernier concert Kurofuku Gentei GIG avait eu lieu au Tokyo Dome en décembre 2010.

En ce jour teinté du froid de décembre, des milliers de SLAVEs (nom donné aux fans du groupe), tous vêtus de noir et venant de tout le pays se regroupent tout autour dehors l’arène jusqu’à l’ouverture des portes pour retrouver le groupe en ce jour si particulier.

Depuis leur début en 1989, RYUICHI (chant), SUGIZO (guitare/violon), Inoran (guitare), J (basse) et SHINYA (batterie) ont traversé les décennies, en jonglant avec divers genres rock et en se produisant aussi à l’étranger. LUNA SEA, c’est l’emblème de bien plus qu’une génération, ce sont les représentants d’un courant musical à part entière.

Avant le début du concert, la musique d’Enigma prépare la salle avec la fameuse chanson Sadeness et peu après 16H, la salle s’obscurcit totalement pour faire corps avec la thématique du live. Avec la voix de RYUICHI criant ses premières vocalises avec un fort écho et sous le silence du public, le live débute et il est temps de prendre part à un voyage bien obscure…
Chaque membre est bien sûr habillé tout de noir, avec un style rappelant les débuts du visual kei (dénommé visual shock au début), rappelant aussi certains groupes de glam rock et de dark wave.

Avec un riff incessant et sombre de SUGIZO supporté par la guitare d’INORAN, il est l’heure de retrouver dans ce live des titres assez anciens, sortis entre 1989 avec leurs premières cassettes démo jusqu’à 1993 et c’est avec SEARCH FOR REASON (présent sur la seconde cassette de démo du groupe sortie en 1989 Shade) découpé ici en deux parties que tout débute. La basse de J vient vite s’ajouter avec la batterie lancinante de SHINYA sur ce titre envoutant et mystique. Certains pouvaient encore être inquiets pour la voix de RYUICHI qui s’est fait retirer des polypes sur ces cordes vocales ce printemps-ci mais depuis son retour triomphal au Nippon Budokan fin août et cette première chanson, il n’y a aucun doute, LUNA SEA est toujours bel et bien présent et ne laissera sa place à personne.
En atteignant les tréfonds, le public se laisse emparer par une ambiance unique qui va les faire voyager pendant plus de deux heures. La première partie de cette chanson jouée, le groupe enchaîne avec FATE et le public répond aux appels du chanteur avec leur main en l’air et le fait de ne voir que ces mains ressortir de cette masse noire donne un effet visuel prenant, le tout appuyé par la double pédale surdimensionnée de SHINYA avant que le titre SLAVE ne reparte de plus bel dans un son bien lourd. Les spots lumineux disséminés sur toute la hauteur de la scène de plusieurs mètres de haut créent un effet hypnotique.
Après un court MC où RYUICHI indique que cela fait 12 ans qu’ils n’avaient pas pu donner ce genre de GIG, les titres anciens se succèdent et le public, bien que ne pouvant pas encore crier, chanter ou s’exprimer pendant le live (les règles au Japon sont encore très strictes par rapport au Corona, tout le monde étant masqué), sautillent sur place et certains tentent des petits headbangs. Au fur et à mesure des solos de guitare, SUGIZO se donne de plus en plus dans la virtuosité et dans divers tappings bien incisifs mais INORAN et J ne sont pas en reste non plus à bien des moments aussi. Les membres ne se déplacent pas de trop encore sur la scène mais l’aura dégagée suffit à insuffler aux SLAVEs une énergie débordante.
Le regard noir et langoureux de RYUICHI fait contraste avec certains growls qu’il lâche pour rajouter une touche ténébreuse en alternance avec les envolées lyriques des solos de SUGIZO. Sans même voir le visage des personnes présentes dans le Saitama Super Arena, on les sent tous partis loin de notre terre, et c’est à ce moment-là qu’une sorte d’araignée de lumière dont les pattes bougent continuellement s’emparent du haut de la scène et dès lors, SUGIZO lance une sorte d’appel à l’aide, créé de distorsions et d’échos avec sa guitare. C’est alors que seules quelques lumières rouges illuminent quelque peu l’arène, telles une sorte de guide visuel dans ces abysses tout en continuant de nous entraîner encore plus profondément sous les accords dissonants et rythmés de CHESS. Et c’est NIGHTMARE (chanson sortie pour leur première cassette démo en 1989 Lunacy) qui vient clôturer cette première partie, avec cette basse de J omniprésente du début à la fin de la chanson.
RYUICHI s’approche de son acolyte guitariste et violoniste ce qui entraîne ce dernier à rentrer en mode tapping sur son instrument. " Voilà, bienvenue dans notre monde noir " semble nous dire chaque membre du groupe. Il est temps au groupe pour une pause et au public de souffler après avoir été aspiré par tant d’émotions.

C’est le tour de DEAD CAN DANCE de servir de fond musical avec la voix magique de Lisa Gerrard.

Retour sur scène, les membres ont plus ou moins changé de costumes mais tout reste marqué du noir, la thématique de ce concert.
Mais dès le premier KILL ME lancé par le chanteur, le live reprend de manière bien plus énergique, suivi par SHINYA qui écrase en rythme ses baguettes sur les toms les appels du chanteur, en soutien avec les doigts et poings levés dans toute l’arène.
Et c’est sous une explosion du premier accord de Déjàvu qui relance les hostilités avec le public et leurs mains en l’air. Un premier saut synchronisé de toute l’arène achève les prémices esquissées durant la première partie. La communion entre le groupe et les fans est enclenchée, la seconde partie sera explosive ou ne sera pas !
Chaque membre du groupe commence à courir de part en part de la scène, faisant des signes de la tête et des mains aux SLAVEs dévoués.
Lors d’un MC, RYUICHI précise qu’aujourd’hui ils sont remontés de plus de 30 ans en arrière, et que le passé, présent et futur ne font plus qu’un maintenant au Saitama Super Arena. Le chanteur en veut plus et c’est J qui traduit son message dès l’intro de SEXUAL PERVERSION où le jeu de palettes des couleurs explosent dans les lumières avec un solo dantesque de SUGIZO.
SUSPICIOUS donne un côté plus punk rock, avec un peu de folie avant de repartir dans une ambiance bercée et plus posée avec VAMPIRE’S TALK. La voix du chanteur passe aisément toutes les embuches et épreuves d’un tel live. Chaque membre incarne et vit ces musiques, et le chanteur de continuer "Vous êtes supers aujourd’hui… SUPERS !! ARENA, communiquez-nous vos émotions, allez, volons, on y va !!". Et difficile d’être de reste avec cette fracassée de notes qui se succèdent à forte vitesse dès l’intro de SHADE, jusqu’à un prélude qui se joue dans un dialogue entre les deux guitares et la basse avant que les baguettes ne s’explosent sur la batterie et que RYUICHI relance ses vibratos. Le feu s’empare alors de toute la scène sur SEARCH FOR REASON, entamée lors de la première partie et qui couronne un show dantesque. Un concert de LUNA SEA, c’est une multitude d’émotions diverses et un groupe phare capable d’ensorceler l’âme et le cœur de milliers de personnes. Le fait de débuter et de conclure ses deux parties avec la même chanson transcende leur musique.

Il est alors temps de rappeler nos cinq protagonistes sur scène et c’est sous l’invective de milliers d’applaudissements mais aussi de lumières de smartphones que tout se précise, créant un univers féérique, d’autant plus visible grâce aux habits noirs de tout le public qui contrastent.
Bien sûr on aimerait aussi entendre les habituels AN-KO-RE ("Encore" en japonais) criés en japonais mais comme le disait RYUICHI, on ne fait plus qu’un dans cette arène à ce moment-là.
C’est SUGIZO, armé de son violon qui inaugure le rappel face à cette nuée de lumières artificielles présentées par le public jusqu’à ce que les membres du groupe reviennent tous pour en finir avec ce live. Une boule à facettes représentant la lune a pris place au centre en hauteur de la scène et les lumières reflétées sur elle sont comme chacun des éléments qui la composent et qui respirent. A l’aide d’une seconde boule, une éclipse se produit et RYUICHI s’ajoute à ce show scénique avec sa voix puissante.
C’est l’heure d’un mot de chaque membre.

Pour SHINYA, il est un peu comme un cosplay de lui-même du passé. Pour toutes celles et ceux qui sont là ici ou devant leur télé, c’est génial pour lui. Mais comme hier il a dit un truc bien et qu’il ne s’en souvient plus, il laisse la main aux autres, ce qui fait rire la salle.

Pour J, il veut remercier pour ces deux jours et que tout le monde soit tout en noir, ça doit donner une image toute noire à la télé aussi ! Cette année a été fantastique et il souhaite refaire ce genre de live.
INORAN s’approche de RYUICHI et lui dit dans l’oreille pour que le chanteur transmette son message de remerciement et d’amour.
SUGIZO pense que c’est la fête des ténèbres, mais que l’obscurité est la lumière. Il se demande s’ils vont continuer et faire une tournée en tant que Lunacy ?
RYUICHI, le chanteur phœnix qui est revenu après une opération d’après SUGIZO, déclare que ces deux derniers jours ont été des moments de bonheur et fortes en émotions pour lui.
Et c’est pendant l’introduction de WISH avec toute la salle illuminée que des milliers de cotillons sont lancés dans l’arène alors que les deux guitaristes et le bassiste se baladent sur toute la scène.
Voilà, RYUICHI annonce PRECIOUS comme dernière chanson, pour finir en beauté ce live qui a définitivement emporté toute la salle. PRECIOUS, c’est cette chanson que l’on a envie de chanter au karaoke avec ses proches. Le sourire est sur toutes les lèvres dans la salle et jusqu’à la dernière note, la dernière seconde, ils auront tout donné. On ne peut souhaiter qu’un retour à l’étranger.

RYUICHI souhaite avoir un dernier souvenir et demande à la salle si tout le monde est prêt, et c’est après un dernier saut ensemble de toute la salle qu’il lui déclare son amour et que tous quittent la scène, à l’exception de SUGIZO qui reste un peu pour des selfies avec le public.

Merci LUNA SEA et rendez-vous en mai pour un concert où il sera autorisé de parler, crier, chanter les 27 et 28 mai 2023 au Musashino Forest Sport Plaza Main Arena à Tokyo.