Daita - LIVE ALBUM「THE GUITAR EMISSION」Daita Second Impact

Quand un guitariste bourré de talent, effigie d’un ancien groupe de pop rock ayant bien connu son moment de gloire, s’installe à son compte, les amateurs du genre attendent les albums d’autant plus impatiemment que les sorties sont plutôt rares.
Daita, après avoir trimé longtemps pour Kyosuke Himuro en qualité de guitariste de session sur ses tournées, s’occupe un peu de sa propre carrière, laissée un peu en abandon depuis un an, juste après la sortie de son DVD live marquant son The Guitar Emission : Daita First Impact (TGE1). Tout juste un an après, il remettait le couvert avec un Daita Second Impact, qui cette année coïncidait avec la date de son anniversaire.
C’est de cette tournée qu’est issu cet album live. Au programme : la même chose que l’année dernière, avec au passage quatre titres inédits qui à eux seuls méritent l’achat de l’album.

De manière globale, je dirais que l’ensemble est plus mou que ce que j’ai pu entendre sur le DVD du first impact, ce qui n’est pas forcément péjoratif dans le sens où les compositions sont jouées de manière plus posée. Daita fait moins de fioriture, le meilleur exemple pour moi est Emphatic line , jouée par un Daita tout zen, qui contraste avec le duo basse / batterie très énergique et particulièrement en forme.
Le deuxième point marquant selon moi : les arrangements. Emphatic Line toujours, dispose du plus bel arrangement piano sur l’introduction : une petite suite d’accords rapides effectués dans un style piano bar. On imagine bien les musiciens en train de sautiller pendant que Saito Yuta se paie la part belle. Parmi ces arrangements, j’ai aussi noté l’introduction de Blue passion, un des titres inédits, dans la veine d’un Akira (thème d’intro de la poursuite en moto sur l’autoroute de Tokyo) ou le jeu Panzer Dragoon pour ceux qui connaissent, c'est-à-dire un petit duo entre un synthé utilisant des sons d’ambiances un peu tribales mêlées à des percussions rapides et d’intensité assez faible (c’est dur d’expliquer ce style de musique par des mots).

Puisqu’on parle des titres inédits, ils sont au nombre de quatre donc : Motor Beat, Blue passion, 19 Boogie et Volpane qui existe aussi en version « original demo version », sur le CD. Ma préférée est nettement Volpane, ancien thème que Daita jouait à l’époque où il travaillait comme démonstrateur de matériel de musique pour une société d’instruments. Ce titre est pour moi une nouvelle facette de Daita : une lead planante, très mélodique, menée par un riff ravageur dans la veine de celui de Emphatic line, avec une sorte de boite à rythme derrière, chose qui se faisait beaucoup dans les morceaux de guitare technique et à vocation démonstrative des années 90’. Des solos à bon coup de Wah wah (les deux pieds dessus ça marche encore mieux), toujours comme dans Emphatic line, et inlassablement la Daita touch : peu de technique, à la trappe le sweep, les hammer et pull, slides et autres gadgets, on attaque toutes les notes qui passent et on mise tout sur la mélodie.
Le titre inédit qui m’a le moins plu est 19 boogie, l’essai du côté du boogie rock est un thème bien connu des guitaristes et en général un assez mauvais souvenir dans ma mémoire donc ça n’engage que moi..
Blue passion est une très bonne composition, c’est ce que j’appelle une composition « Satrianesque » c'est-à-dire dans l’esprit de ce que fait Joe Satriani, quelque chose de planant sur des gammes de blues, à ceci près que le solo intermédiaire est interprété par le pianiste de Himuro, Yuta Saito, qui démontre son art sur des sons d’orgue bien vintage et du plus bel effet
Motor beat, assez déconcertant pour une musique de Daita, fait encore un fois appel à la wah wah pour une mélodie joyeuse et un peu survoltée.
Pour conclure sur ces titres inédits : ce sont les dignes remplaçants des titres les plus pêchus de la discographie de Daita, absents de cette set list : Zenith, Handroid et Breath of the sea.

Au niveau du son, je dirais qu’en règle général, le son de la guitare est beaucoup moins gras (moins de gain et de compression), ce qui rend la galette moins indigeste que le DVD du premier impact, qui était plus fidèle aux compositions studio (beaucoup de son gras donc) mais justement moins innovant pour les habitués du bonhomme. Ici, avec ce son plus équilibré et la place plus importante que sur le DVD faite au le piano, on se retrouve vraiment devant un groupe.
En effet c’est l’impression finale que m’a laissé ce CD : un groupe cohérent qui joue en harmonie, et non quelques musiciens de session autour d’un guitar hero omnipotent. Bien sûr le premier impact n’avait déjà pas laissé cette impression, mais le fait d’entendre ce concert sans pouvoir observer les musiciens contribue je pense à laisser cette impression d’un tout complet et cohérent.
Cette équipe, bien synchrone, nous lègue au final un album très hétéroclite, beaucoup plus reposant et poly forme que le précédent guitar impact ; preuve en est ce Blue passion largement orienté Jazz fusion comme le Japon en a tant vu de la fin des années 80’ au milieu des 90’. L’incitation au voyage est finalement bien servie par une qualité d’enregistrement très bonne, ne laissant aucune place à une éventuelle fausse note ou désynchronisation des parties de chaque instrument : c’est la prestation technique sans faute.

Se procurer ce CD ne sera pas chose facile car le site de vente par correspondance qui distribue cet album, ici , est difficilement accessible (je crois qu’il faut être domicilié au Japon pour en bénéficier), mais il existe une solution de secours qui consiste à commander l’album en passant par un site intermédiaire, basé au Japon, c’est le cas par exemple de Nippon Export. Les motivés qui recevront l’album auront en outre la bonne surprise de contempler des photos inédites tirées de cette tournée live : Daita habillé sobrement d’un top noir avec un jean délavé, chaine et wrist band à l’ancienne de rigueur, brandissant les même PRS et Tom Anderson que précédemment.