Présentation des principaux instruments japonais à vents.
Les instruments à vents japonais pourraient grossièrement se résumer aux différentes flûtes et à un instrument des plus soignés, le shô, sorte dorgue de bouche de facture exceptionnelle. Le nombre de flûtes est cependant impressionnant : il sagit en fait depuis toujours dun des instruments les plus chéris par les Japonais, cadeau céleste au moins figuré quand il nest pas directement célébré dans les diverses formes dart, et ce, depuis la préhistoire.
Instruments présentés :
1) Shakuhachi
2) Shô
3) Hichiriki
4) Les différentes flûtes traversières
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1) Shakuhachi - 尺八
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Origine : Importé probablement de Chine vers la fin du VIIe siècle, cette flûte droite possède des ancêtres fort nombreux, qui viennent dEgypte ou dIran.
Caractéristiques : Fait dun bambou dune seule pièce, le shakuhachi est de fabrication très simple. Lintérieur est laqué, mais lextérieur reste volontairement rustique. Cette flûte possède cinq trous : quatre antérieurs, percés à égale distance, et un postérieur, pour le pouce. Son nom vient de ses dimensions, à savoir une longueur dun shaku et huit (qui se dit hachi en japonais) sun, soit environ 54,5 cm, pour un diamètre de 4,5 cm. La principale caractéristique de linstrument est son embouchure en simple entaille. Depuis Edo, celle-ci est parfois renforcée par une pièce en corne de buffle ou divoire, de forme trapézoïdale, ceci afin den éviter lusure.
Le jeu : Le shakuhachi est tenu droit, comme la clarinette. Les effets du son rendu peuvent considérablement varier selon les mouvements de tête de linstrumentiste, ceci grâce à langle de taille de lembouchure. On ajoute à ces possibilités de variations différentes techniques de respiration qui confère une tessiture spécifique à cet instrument.
Usage et sonorité : Le shakuhachi est plus affirmé dans les registres graves, pour lesquels il produit un son vibrant et profond, que dans les registres élevés, qui le font sonner comme une clarinette trop « métallique ». Linstrument est cependant capable de rendre presque tous les sons de la voix humaine, jusque dans ses soupirs et hésitations, selon la prise de linstrumentiste. Considéré comme masculin, le shakuhachi sera longtemps lapanage des religieux bouddhistes mendiants. Il a également eu sa place au sein du Gagaku* la musique de cour. Désormais, le shakuhachi possède un répertoire qui lui est propre, accompagnant souvent le koto ou le shamisen. On le retrouve également dans le Nô* mais aussi dans le Kabuki*où il sert à évoquer les prêtres mendiants qui lont popularisé. Comme beaucoup dinstruments folkloriques, on peut également parfois lentendre lors dans des formations instrumentales populaires.
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2) Shô - 笙
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Origine : Cet « orgue de bouche » est importé au 8e siècle de Chine, où il porte le nom de sheng. Il est quelque peu adapté sur larchipel, notamment au niveau de sa taille, plus modeste que les modèles chinois.
Caractéristiques : Comme tout instrument se rapprochant de lorgue, le shô est dune facture très soignée et dun design presque architectural. Sa beauté lui vaut au Japon dêtre comparé aux ailes repliées dun phénix, dont on dit dailleurs quil emprunterait la voix.
Linstrument est composé dun bol de résonance laqué qui fait office de réservoir pour le vent, dans lequel sont enfichés dix sept tuyaux de bambou de longueurs et diamètres différents, qui fonctionnent comme des petits tuyaux dorgue. Deux de ces tubes sont désormais muets : ils servent éventuellement à lévacuation de lair, mais restent surtout présents pour une question desthétisme, les tubes étant disposés par paires.
La boîte de résonance appelée kashira. Sorte de boîte circulaire, elle comporte en fait une partie supérieure percée en nid dabeille, trous dans lesquels se fichent les dix sept tuyaux. On trouve également à mi-hauteur du kashira le fukiguchi, c'est-à-dire lembouchure par laquelle linstrumentiste souffle ou aspire lair. Létanchéité dans les jointures est assurée par une ceinture dargent. On note des tentatives pour contrer lemprise de lhumidité, avec par exemple lapplication dune composition minérale bleuâtre sur la languette libre des anches de cuivre se trouvant en bac de tubes. Lhumidité est en effet très néfaste pour linstrument, puisquun tuyau humide ne pourra produire de son. Cest pour cette raison que lon prendra le plus grand soin dans le rangement du shô (enveloppé dans des tissus de soi et conservé dans une boîte hermétique) et que lon réchauffera linstrument sur un petit brasero avant toute utilisation.
Jeu : Le shô est porté droit, soutenu des deux mains, les lèvres posées sur lembouchure, et lon bouche les trous des tuyaux que lon veut faire sonner. Le souffle peut-être aspiré ou expiré, selon lalternance de la respiration de lexécutant : la continuité du son du shô dépend donc de la technique respiratoire de linstrumentiste, toute interruption ou variation ayant des répercussions sur le rendu sonore.
Il est à noter que pendant lexécution, il est possible que lon soit mené à réchauffer de nouveau sur un brasero, pour éviter toute attache de lhumidité.
Usage et sonorité : Lorsque le shô est introduit au Japon, il intègre le Gagaku*, la musique de Cour, où son rôle consiste à soutenir la mélodie. Sa sonorité est riche et délicate, il sagit de linstrument harmonique japonais par excellence. Il apparaît donc comme instrument noble, aidé en cela par sa facture de toute beauté, et ne quittera pas les sphères de la musique impériale.
Laccord des tuyaux est assuré par une goutte de cire déposée sur la languette libre des anches de cuivre se trouvant au bas de chaque tuyaux : plus cette goutte est petite, plus le son est pur.
Il est à noter quen 2005, la chanteuse Björk, bien connue pour ses diverses expérimentations sonores, a centré ses compositions sur cet instrument pour Drawing Restraint 9, un concept musical et cinématographique dont le scénario se déroule au Japon.
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Hichiriki - 篳篥
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Origine : Ce hautbois en bambou vient très certainement dAsie centrale, le modèle japonais dérivant de modèles chinois (le guan) ou plus certainement coréen (le piri).
Caractéristiques : Composé dun tube de 18 cm environ, laqué à lintérieur comme à lextérieur, fait dun bambou spécial, le hichiriki est percé de sept trous sur le dessus, et de deux en dessous. Son embouchure nest pas fixée. Lanche double est faite de deux lames de roseau attachées avec une cordelette.
Jeu : On joue du hichiriki verticalement, et son exécution nest pas des plus aisées, notamment à cause de sa configuration en anche double. Lembouchure doit être calée à chaque fois, maintenue par un petit morceau de papier humidifié. Les sons restent difficiles à modifier.
Usage et sonorité : Le hichiriki est encore une fois un des instruments du Gagaku, la musique de Cour. Par ses origines troubles, il peut être aussi bien entendu dans des morceaux dorigine chinoise que dans ceux dorigine coréenne. Le timbre du hichiriki est particulièrement aigu et nasalisé, puissant et déchirant, ce qui en fait un instrument antipathique à loreille européenne, tout en étant parfois critiqué par les Japonais même, notamment par la grande figure de la littérature japonaise classique, Dame Sei Shônagon, qui définissait sa sonorité comme tout simplement insupportable.
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Les différentes flûtes traversières - 横笛
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Origine : Les flûtes traversières sont importés de Chine et de Corée dès les débuts du premier millénaire.
Caractéristiques : La dénomination générale donnée aux flûtes au Japon est fue, et lon désigne en général de façon plus précise les flûtes traversières par le mot yokobue (qui a un sens proche de « flûte tenue de côté »). Une de leurs caractéristiques communes est que les flûtes ne sont pas bouchées du bout des doigts, mais du milieu de la phalange médiane des doigts.
Il nest pas question ici de présenter dune façon détaillée chacun des modèles de flûtes traversières pouvant ou ayant pu exister au Japon. Voici cependant une liste rapide de quelques variétés de ces instruments :
- Yamato-bue - 大和笛 : ou flûte du Yamato, lancienne plaine à lorigine de lunité nationale du Japon. Réputée dorigine céleste et ayant dit-on le pouvoir déloigner les serpents, il sagit dune flûte de concert avec six trous, et intérieur laqué en rouge.
- Kagura-bue (ou azumafue) - 神楽笛 : flûte de musique religieuse, jouée pendant les cérémonies Shintô*. Elle est mince, laquée, renforcée de ligatures décorce et possède six trous. Une de ses extrémités est fermée est recouverte de brocart rouge, couleur attribuée à lexécution de la musique chinoise.
- Koma-bue - 高麗笛 : dorigine coréenne, ornée de brocart vert (couleur attribuée à lexécution de la musique coréenne), elle est plus petite, au son plus élevé et possède six trous.
- Ryûteki - 龍笛 : lune des flûtes traversière japonaise les plus connues. Dorigine chinoise, elle possède sept trous, et elle passe pour être lancêtre de la flûte de Nô*. Il sagit de la plus grande des flûtes du Gagaku*.
- Nôkan - 能管 : Fait de bambou sec, la nôkan est le seul instrument mélodique de lensemble du Nô*. De la même famille que la ryûteki, cette flûte mesure environ 34 cm et est laquée de rouge à lintérieur, de noir à lextérieur. Le souffle dattaque permet de produire des effets de puissance et daigus bien adaptés à son répertoire.
- Take-bue (ou shino-bue) - 篠笛 : cette flûte du Kabuki* est également un instrument populaire. Il sagit dune flûte traversière simple, en bambou, à 6, 7 ou 10 trous, et souvent laquée de noir. Les modèles à 12 trous sont conçus pour accompagner le shamisen.
Enfin, en marge des flûtes traversières, on pourra noter également la présence parmi les instruments à vent japonais des shô no fue, sortes de flûtes de pan qui comportent de dix à vingt-quatre tuyaux.
* Ces termes, qui se référent à différents genres musicaux appartenant au domaine de la musique traditionnelle japonaise, font lobjet dune présentation spécifique dans la troisième partie de ce dossier, « Les différents genres musicaux de la musique traditionnelle japonaise». Nous vous invitons donc à consulter la partie concernée pour plus dinformations.