Les instruments à percussion

Nul doute que le rythme tient une place importante dans la musique japonaise traditionnelle : il est pourtant rare que le grand public occidental puisse citer un nom d’instruments à percussion japonais, là où les mots de koto ou de shamisen sont désormais plus ou moins définis dans la majorité des dictionnaires occidentaux. Le nombre d’instruments à percussion au Japon est pourtant impressionnant : on compte ainsi pas moins de seize tambours différents, huit variétés de gong et toutes sortes de cloches qui varient de taille comme de facture. Afin de classer cette pléthore d’instruments, une classification s’appuyant sur la matière employée a été mise en place, classification que nous adopterons nous aussi ci-après, illustrant chaque catégorie par des exemples représentatifs ou parfois, par la présentation d’instruments passés dans l’image occidentale de la culture japonaise.

Instruments présentés :
Instruments en bois
1) Hyôshigi
2) Shakubyôshi
3) Sasara
Instruments en métal
4) Shôgo
5) Kei
6) Waniguchi
7) Suzu
8) Les cloches
Instruments à membranes
9) Les taiko
10) Les tsuzumi

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1) Hyôshigi - 拍子木
Instruments en bois
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Caractéristiques : Le hyôshigi est un instrument idiophone qui se compose de deux morceaux de bois dur. On les frappe à plat sur le tsuke, un épais plateau placé dans l’instrumentiste. Le son en est bref et net, tout en demeurant éclantant.

Usage : On retrouve principalement l’instrument au Kabuki*, où il sert à marquer le début des spectacles par les roulements qu’il permet. On l’y utilise également pour apprécier le figement des acteurs dans une pose qui se veut le point culminant de l’interprétation, ainsi que pour certaines danses.

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2) Shakubyôshi - 笏拍子
Instruments en bois
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Caractéristiques : Sorte de petit frère du hyôshigi et fait d’un bois très dur, le shakubyôshi est composé de deux simples cliquettes indépendantes. On choque la tranche s’élargissant de l’un d’elles contre le plat de l’autre, ce qui produit un son unique très sec et vif.

Usage : Appartenant à l’orchestre de cour, le Gagaku*, ainsi qu’à la musique Shintô, cet instrument est le plus fréquent pour marquer la mesure, que ce soit au Gagaku*, au Kabuki* ou pour les danses rituelles.

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3) Sasara (ou bin-sasara) - ささら
Instruments en bois
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Caractéristiques : Réputé d’origine très ancienne, l’instrument est une corde sur laquelle sont enfilées une vingtaines de plaques de bois ou de bambou sec séparées par des nœuds qui s’entrechoquent lors des mouvements de la verticale à l’horizontal.

Usage : Les sonorités de claquettes produites par l’instrument accompagnaient idéalement les processions, les spectacles et les danses populaires dans les campagnes, et qui sont considérées comme une des origines des danses du Nô*.

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4) Shôgo - 鉦鼓
Instruments en métal
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Caractéristiques et usage : Existant en trois tailles variant selon l’usage, il s’agit d’un grand gong suspendu au sommet d’un portique circulaire. Il est frappé toujours en son centre par deux petites baguettes renforcées, donnant un son métallique clair qui se marie au résonances lourdes des tambours au Gagaku*.

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5) Kei (ou Hôkyô) - 方響
Instruments en métal
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Caractéristiques et usage : On trouve des kei dans les sanctuaires shintô ou les temples bouddhiques : il s’agit de gongs suspendus en métal épais, de forme ronde ou variante – on retrouve souvent une forme dite de « gueule de poisson ». Cet instrument sert à marquer les différentes phases du service religieux.

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6) Waniguchi - 鰐口
Instruments en métal
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Caractéristiques et usage : Ce gros gong de métal est suspendu à l’entrée des sanctuaires shintô : il s’agit plus précisément de deux gongs liés par leur partie supérieure, frappés par un gros nœud fait dans une corde pendue que secouent les visiteurs pour attirer l’attention des Dieux. On remarquera qu’ils sont à présent souvent remplacées par de gros grelots.

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7) Suzu - 鈴
Instruments en métal
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Caractéristiques et usage : Figure bien connue en Occident, le suzu est un rameau à grelots, l’un des attributs classiques de la danseuse shintô. Un long morceau de bois porte en pyramide trois roues de métal sur lesquelles sont accrochées de trois à cinq clochettes de métal. Les danses populaires peuvent à l’occasion s’approprier elles-aussi cet instrument.

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8) Les cloches - 鉦
Instruments en métal
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Caractéristiques : Présentes depuis la préhistoire, même si elles ne possédaient au départ qu’une valeur rituelle et non musicale (les fameuses dôtaku sans battant et enterrées), les cloches sont une figure respectée du Japon. Les plus imposantes dépassent les deux mètres de hauteur et sont suspendues près du temple dans une niche équipée d’un toit prévu à cet effet. La différence primordiale avec les cloches occidentales vient du fait qu’elles restent immobiles : ne possédant pas de battant, elles sont frappées et résonnent profond, qui porte loin. On trouve bien entendu de nombreux modèles selon les usages, aux noms spécifiques : citons par exemple la figure bien connue de la cloche des autels bouddhiques familiaux, appelée shikei.

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9) Les taiko - 太鼓
Instruments à membranes
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Caractéristiques et usage : Taiko est le mot générique pour désigner les tambours à deux peaux. Il existe quantité de types différents, dont voici quelques exemples :
- Le ô-daiko - 大太鼓, un grand tambour de temple en forme de tonneau, aux deux larges membranes de parchemin. Il résonne dans les fêtes populaires, mais a aussi longtemps servi à annoncer les représentations à l’entrée des théâtres de Kabuki*.
- Le ko-daiko - 小太鼓, qui est une sorte de version réduite du tambour précédent. Il est utilisé pour les processions.
- Le da-daiko - 大太鼓, semblable encore une fois au ô-daiko, si ce n’est qu’il s’agit d’un des plus grands instruments à membranes du monde. Il est toujours utilisé par paire, notamment au Gagaku*, où il soutient la danse.
- Le kakko - 鞨鼓, petit tambour horizontal à deux faces débordantes de peau, frappées par deux baguettes légères. Il s’agit d’un instrument de l’orchestre classique, au sein duquel il sert à accompagner les rythmes variés.

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10) Les tsuzumi - 鼓
Instruments à membranes
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Caractéristiques et usage : Les tsuzumi sont également des tambours à deux faces : leur distinction vient du fait qu’ils ont une forme de sablier. Encore une fois, de nombreux variétés de ces tambours ont existé et l’on en retient principalement trois modèles :
- Le sanno-tsuzumi - 三ノ鼓, d’origine coréenne et utilisé donc pour la Komagaku*, les pièces venues de Corée au sein du Gagaku*. Placé sur le sol, il sert à scander, mais sans produire de véritables roulements, n’étant attaqué à la baguette que sur une face.
- Le ko-tsuzumi - 小鼓 , dont les membranes sont en peau de cheval. Un jeu de cordelettes à l’intérieur permet à la fois l’adhérence des membranes et la possibilité de varier la tension, changeant par là même la tonalité de l’instrument. Il s’agit d’un des instruments essentiels au sein de l’orchestre du Nô*.
- L'ô-tsuzumi - 大鼓, également instrument du Nô*, dont les membranes sont cette fois en peau de vache. Il est tenu sur la hanche, et son langage musical est assez limité, produisant des sons peu variés.





* Ces termes, qui se référent à différents genres musicaux appartenant au domaine de la musique traditionnelle japonaise, font l’objet d’une présentation spécifique dans la troisième partie de ce dossier, « Les différents genres musicaux de la musique traditionnelle japonaise». Nous vous invitons donc à consulter la partie concernée pour plus d’informations.