Nouvel album, nouveau son, nouveau public.
Mis sur le bûcher avant même sa sortie par les détracteurs du groupe, attendu comme le Messie par les fans, The marrow of a bone, outre le fait qu'il aura fait couler beaucoup d'encre et nourri nombre de controverses, est sans aucun doute l'un des albums qui fera date dans l'histoire de ce groupe qui restera, quoi qu'on en dise, l'un des plus importants de la scène visual-kei.
American Story D
La liste est longue : entre sa tournée en Amérique grâce au Family Values Tour (le groupe ayant gagné les faveurs de Jonathan Davis, leader de KoЯn et organisateur du festival), l'apparition plus que prononcée de ses clips sur la chaine MTV outre-Atlantique, sa victoire à l'AMERICAN MTV HEADBANGERS BALL VIDEO AWARD, Dir en grey n'en a pas fini de ses infidélités au public japonais. Certains se rappellent encore du scandale pour les fans nippons qu'avait été l'apparition d'un titre inédit sur les set-lists du groupe lors de ses premiers concerts aux US en 2006, sans que les membres du fan club n'en aient eu la primeur, mais comment les blâmer? En effet, après bientôt 10 ans à rouler sur les routes de leur archipel natal, Dir en grey s'est construit une réputation telle que seule l'exportation était envisageable pour l'évolution du groupe.
C'est en cela que The marrow of a bone est un album historique pour le groupe, puisqu'il sera à lui seul le témoin de la réussite ou de l'échec de sa tentative d'invasion de l'Amérique, mais aussi, et cela est beaucoup plus important, le vrai coup d'envoi (ou pas, selon les ventes) de l'exportation massive du visual kei aux States. Et nos cinq 'warumonos' s'y sont préparés : changement de logo et de look, paroles principalement écrites en anglais, imagerie trash chère au public américain...
Un témoin aux allures de bourreau
Le Dir en grey nouveau sera thrash ou ne sera pas. C'est un peu ce que l'on pouvait se dire à l'écoute de Clever Sleazoid et surtout d'Agitated screams of maggots, tels des signes avant-coureurs de la tempête The marrow of a bone. Tout d'abord, la production est impeccable : batterie percutante, guitares toutes griffes dehors avec un son (sur)saturé à souhait, basse très présente... Les signes ne trompent pas, c'est bien à une production typiquement "à l'américaine" à laquelle on a affaire. D'ailleurs le groupe ne s'arrête pas là et, quitte à envoyer la patate comme les voisins, autant composer comme eux ! Résultat ? Des riffs tout ce qu'il y a de plus (stéréo)typés hardcore/thrash avec la dose d'harmoniques sifflées et de rythmiques speedées (Agitated Screams of maggots) ou mid tempo (Repetition of hatred) qui vont avec, mais aussi des titres revenant dans la grande tradition des ballades de Kisou et Vulgar (Namamekashiki Ansoku, Tomadoi ni Hohoemi et The Pledge) tout en apportant un nouveau son à celles-ci, ou encore deux titres plus étonnants : Conceived sorrow et son inquiétant piano ainsi que Rotting Root aux accents très 'KoЯn'.
Mais si il y a un point qui partage les avis sur ce nouvel opus, c'est bien entendu le chant de Kyo. Alliant des paroles aux bords du ridicule (quatre chansons remplies de "fuck" à outrance façon 'adolescent en crise de rébellion'), une articulation déplorable (Clever Sleazoid a fait des émules) et surtout une voix dont on sent de plus en plus les limites (comme sur Ryoujoku no Ame), le chanteur de Dir en grey aligne les mauvais points, ce qui le rend parfois très irritant. De plus, Kyo semble avoir adopté une nouvelle façon de hurler, qui pourra certes plaire à certains, mais tellement cacophonique qu'elle en couvre presque le reste du groupe, rendant complètement indigeste des chansons qui auraient pu être autrement excellentes.
Avis
Déception donc que ce The marrow of a bone, "saboté" par le chanteur d'un groupe qui, on l'espère tout de même, trouvera son eldorado en Amérique. Pour ceux qui tiennent tout de même à donner une chance à ce nouvel opus, n'hesitez pas à écouter la, tout de même, très bonne triplette "ROTTING ROOT - Namamekashiki Ansoku, Tamerai ni Hohoemi - THE PLEDGE" en priorité.