_______________________________________
1) Gagaku - 雅楽![](file:///C:/DOCUME%7E1/Phalen/LOCALS%7E1/Temp/moz-screenshot-37.jpg)
_______________________________________
Le Gagaku (mot traduisible par « musique élégante et raffinée ») est lorchestre de cour, en opposition avec la musique dite « vulgaire ». Le mot apparaît officiellement en 701, avec la création de l « Office de Gagaku » au sein du « département des affaires des nobles », dans un Japon qui aime alors à créer différents ministères calqués sur le modèle chinois. Le terme désignait aussi bien la musique et les danses anciennes du Japon que celles dorigine continentale, mais à présent, il désigne la musique et les danses conservées par la section de musique du Bureau de la Maison Impériale. Plus spécifiquement, cela concerne les chants et danses antérieures à linfluence du continent, ainsi que la musique instrumentale et les danses chantées importées du 5e au début du 9e siècle, ainsi que les compositions japonaises qui sen sont inspirées.
La plus grande caractéristique du Gagaku est davoir peu évolué, ce qui lui donne la réputation dêtre la plus vieille tradition musicale dAsie. Ce relatif statisme sexplique entre autres par le fait que le genre ne sest dévoilé au public que très récemment : resté pendant près de mille deux cent ans réservé au Palais Impérial, à la Cour et à certains grands sanctuaires, le peuple japonais ny a eu accès quà partir de 1924, par lintermédiaire de la radio. Après la guerre, la musique de Cour se livrera aux curieux de toute la planète, avec même un voyage de lorchestre impérial aux Etats-Unis en 1959.
Une seconde caractéristique est quil sagit dune musique polyphonique, se détachant de lensemble de la musique japonaise, essentiellement monophonique.
Historique : Les premiers contacts avec des musiciens coréens au 5e siècle donneront le ton de cette formation musicale. Petit à petit, elle deviendra une sorte de synthèse entre les plus anciennes musiques nobles du continent asiatique et les premières musiques sacrées du Japon. Ses origines sont diverses, avant tout chinoises et coréennes bien entendu, mais non sans quelques lointaines parentés indiennes et cambodgiennes.
LOffice de Gagaku évoqué un peu plus tôt se révèle rapidement être une charge financière trop importante, cest pourquoi le genre musical sera sévèrement réformé au milieu du 9e siècle par lEmpereur en place : création dun orchestre type avec limitation du nombre dinstruments et de musiciens, classement des différentes compositions, théorisation. Cette réforme a perduré depuis sans grand bouleversement, doù laspect suranné du genre musical.
Après une période faste au 10e siècle, où de nombreuses pièces seront écrites, le genre se retrouve sur le déclin au 13e, sous le règne des clans guerriers. Il faut attendre le 17e siècle pour que les Shôgun Tokugawa constituent de nouveau des orchestres, notamment à Edo.
Traits caractéristiques : La réforme du 9e siècle a divisé le Gagaku en deux branches principales : la musique sacrée ou rituelle (
Mikagura) et la musique profane. La musique sacrée et rituelle comprend les chants sacrés et des chants chantés ; la profane, des pièces instrumentales (
Kangen), des pièces dansées (
Bugaku) et des pièces vocales (
Utamono).
A cette distinction vient sajouter une autre séparation fondamentale, lorigine des pièces :
sahô (la gauche) pour celles venues de Chine,
uhô (la droite) pour celles venues de Corée (ou de Mandchourie). On classera de même les compositions japonaises selon quelles sinspirent dune branche ou de lautre.
Les danses sont elles aussi distinguées - des costumes rouges pour le
samai (danse de la gauche) et des verts pour l
umai (danse de la droite). Dautres conventions comme les pas ou larrivée sur scène sont également régies par cette distinction dans la provenance des pièces, mais il serait fastidieux de toutes les énumérer.
On désigne par
Tôgaku la musique chinoise et par
Komagaku la musique coréenne, et la sélection des instruments se fait également selon ce clivage gauche droite : pour une interprétation de
Komagaku, on choisira par exemple pour les vents une
komabue, cette flûte étant elle-même dorigine coréenne.
Enfin, les
Utamono, ou pièces vocales, sont distinguées en tant que
Saibara (textes japonais) ou en tant que
Rôei (textes chinois).
Formation musicale : Le Gagaku est le seul genre musical avec le Kabuki à être un ensemble dorchestre dans lequel les trois unités fondamentales classiques sont représentées : on y trouve normalement trois instruments à vent, au registre aigu, deux instruments à cordes, au registre grave, et trois instruments à percussions, contrastées par le son. Le Bugaku (les pièces dansées) ne propose cependant pas de cordes.
Lorchestre du Gagaku se destine normalement à jouer en plein air, mais on peut de nos jours lentendre souvent au sein de la salle de musique spéciale du Palais impérial. Un concert de Gagaku débute par lexécution dun
netori : il sagit dune entente harmonique des instruments. Cependant, même si les familles dinstruments se doivent davoir un jeu coordonné, celui-ci ne vise pas à la fusion. Au niveau des caractéristiques dexécution, notons une accélération progressive du tempo, appelée
jô-ha-kyû (lent plus rapide pressé). Il y a toujours continuité dans la musique, le passage du son au chant se faisant également de manière progressive. Vocalement, les pièces chantées (
utamono) utilisent des techniques de glissades, ou oscillations.
Il aurait existé au moins cent soixante mélodies de Gagaku : seule une soixantaine a survécu, dont un classique, l
Etenraku.