Interview

Interview avec Kisaragi

01/03/2007 2007-03-01 12:00:00 JaME Auteur : Kay Traducteur : Pierre RENAUD

Interview avec Kisaragi

Nous avons pu avoir une interview avec l’artiste solo Kisaragi. Un musicien japonais vivant et travaillant en Europe. Afin d’en savoir plus sur lui, nous lui avons posé quelques questions.


© Multisound Japan
Kisaragi possède un style indescriptible puisque ses compositions oscillent entre musique traditionnelle, pop, ballades, rock et musique classique.
Avec son style particulier et armé de son sens de l’humour, il a répondu à nos questions.


Merci d’avoir pris le temps de répondre à notre interview. Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter : Qui est Kisaragi ?

Bien que mon nom Kisaragi signifie ‘février’, le mois où tout gèle, mes émotions sont enflammées. Le seul endroit où Kisaragi puisse exister, c’est dans le son qui peut geler et fondre à la fois. Si un tel sentiment existe, il s’appelle ‘Kisaragi’.


Comment décririez-vous votre musique ?

Pointue. Des instruments japonais à l’intérieur de l’électro-gothic.


Qu’est-ce qui vous a décidé à être musicien ?

Je crois que celui qui décide d’être musicien n’a pas les pieds sur terre. Il faut être fou pour entrer dans le milieu de la musique. Je n’ai pas décidé d’être un musicien. Je suis né avec cette malédiction.


D’après vous, quels sont les bons côtés d'être musicien ? Et quels sont les mauvais ?

Je suis le premier à attendre les indescriptibles émotions qui ressortent des haut-parleurs en studio. Cette sensation est la plus intense qu’il soit. La pire est que ma famille ne s’intéresse pas du tout à la musique. (rires)


Comment composez-vous habituellement vos chansons ? Y-a-t-il des choses qui vous inspirent en particulier ?

Avant que je me mette sérieusement à la musique, j’étais calligraphe professionnel. Je composais de la même façon que les autres artistes mais un jour en regardant une calligraphie rouge sur la table devant moi, j’ai comme entendu le son des caractères. C’est de cette façon que j’ai composé sonzai. La calligraphie m’inspire pour écrire une musique pointue, choquante, dérangeante et transcendante. Quand je regarde ces caractères, je ressens un peu de l’exorcisme japonais.


Votre musique est décrite comme : “Le son choquant du nouvel album de Kisaragi mélange les sonorités électroniques et classiques […] avec la voix de Kisaragi à couper le souffle, et révolutionne l’avenir du son japonais. ” Qu’est-ce qui vous a décidé à une combinaison si unique d’instruments et de sons ?

Je sais qu’il s’agit d’un mélange plutôt inhabituel, surtout quand j’en parle à des producteurs, ils n’arrivent pas à me classifier. Mais lorsque j’étais en studio en train d’enregistrer, je n’imaginais pas que ce mélange aurait un tel impact. Pourtant je me sens plus bien à travailler de cette façon mais en même temps, ce type d’arrangement à un point négatif. Vous ne pouvez l’écouter comme musique d’ambiance. Ca n’est pas spécialement adapté si vous désirez vous relaxer et c’est parfois fatigant. Je pense que cela vient de l’intéraction entre les instruments qui crée une ambiance particulière.


Est-ce votre intention de créer un nouveau style musical, où est-ce qu’à partir du moment où la sonorité vous convient, vous êtes satisfait, que le résultat soit unique ou non ?

Si j’étais créateur de mode, je me sentirais honteux de copier Jean-Paul Gaultier ou Vivienne Westwood même si j’aime ce qu’ils font. C’est la même chose pour moi en musique, je ne vois pas l’intérêt de faire quelque chose de formaté.


Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre nouvel album ?

J’ai posé la même question à l’ancien premier ministre du Japon, Monsieur Koizumi à qui j’ai écrit souvent dernièrement mais il ne m’a pas répondu. Donc je pense que les types de la sécurité ne lui ont pas encore fait passer le CD. (rires)


Sur votre album, il y a une reprise de la chanson Endless Rain de X Japan. Pourriez-vous nous dire pourquoi vous avez choisi de reprendre cette chanson ?

X Japan ont fait des chansons éternelles. Personne ne peut faire une reprise meilleure que l’originale mais quand vous faites une reprise, cela fait renaître certains passages oubliés de votre vie. Et beaucoup de personnes m’ont dit après avoir écouté Endless Rain sur mon album, avoir eu l’envie de réécouter l’originale. Du coup, ils ont ressorti leurs vieux CD d’X Japan pour les réécouter à nouveau. J’aime bien cette boucle.


Comment se déroule le processus d’écriture, d’arrangement et d’enregistrement ?

D’abord, je me prépare à manger avant d’aller au studio. Ensuite, je finis les arrangements dans les escaliers devant la porte du studio d’enregistrement. Une fois à l’intérieur, je m’engueule avec le manager à propos des arrangements. Ensuite, je le mets dehors en lui donnant mon sandwich. Après l’enregistrement, Hideki arrive et nous dit de changer tel ou tel chose.
Donc en gros, il faut toujours que je crie après tout le monde avant de finir quelque chose mais je crois que dans tout groupe, celui qui parle le plus fort a le dernier mot. (sourire)


Vous avez vécu en Europe durant l’enregistrement mais vous avez travaillé avec des musiciens japonais. Comment cela s’est-il passé ?

Nous avons enregistré les instruments japonais au Japon et le reste en Europe. Mais comme le mixage ne s’est fait que dans un seul studio, le processus s’est bien déroulé. J’ai apprécié le fait de voir les ingénieurs du son européen travaillaient avec beaucoup de respect sur la sonorité des instruments japonais tout en créant un son électronique novateur.


C’est plutôt inhabituel que des artistes japonais vivent et enregistrent leurs chansons en Europe. Pourquoi avez-vous pris cette décision ?

Peut-être que c’est étrange mais j’ai le sentiment d’avoir vécu en Europe dans une vie antérieure. J’admire l’Europe pour l’émotion sans fin qui ressort de sa culture. Au Japon, la culture n’est pas aussi libre et finit toujours par devoir coller à certains standards.


Y-a-t-il de grosses différences à travailler en tant que musicien au Japon et en Europe ?

Au Japon, nous avons l’habitude de dépendre des uns des autres mais en Europe, j’ai dû apprendre à ne compter que sur moi-même.


Avez-vous l’intention de jouer en Europe ?

J’aimerais rester en Europe aussi longtemps que possible, c’est vraiment essentiel pour moi de composer et de jouer ici. Je serais heureux d’avoir la chance d’être invité à jouer ici.


Dernièrement, de plus en plus d’artistes japonais ont sorti des CD en Europe ou fait des concerts, c’est presque devenu un passage obligé. Qu’est-ce que vous en pensez ?

La mode et les films japonais ont déjà connu leur heure de gloire en Europe il y a quelques années, c’est au tour de la musique maintenant.


N’avez-vous pas peur que les gens vous apprécient plus pour le fait que vous soyez japonais que pour votre musique ?

Je ne sais pas trop quoi répondre à cette question mais j’aimerais vous demander quelque chose. Est-ce que les gens ont commencé à s’intéresser à Madonna à cause de ses costumes mettant en valeur ses formes ou grâce à ses chansons ? Je pense que si le côté artistique et l’aspect extérieur se combinent harmonieusement, alors nous devenons quelqu’un.


Quels sont vos projets pour le futur, aussi bien en Europe qu’au Japon ?
J’aimerais rentrer en contact avec d’autres artistes japonais de rock, d’électro ou de musique traditionnelle afin de créer un sensationnel show à la fois visuel et sonore.


Avez-vous un message pour nos lecteurs ?

J’espère que mon album vous comblera d’une nouvelle façon. Laissez le futur venir à vous et laissez-le vous choquer.


Merci beaucoup pour cette interview, nous vous souhaitons bonne chance pour votre carrière.


Pour en savoir plus sur Kisaragi, n’hésitez pas à visiter son site officiel. Des extraits de son nouvel album sonzai sont en écoute ici.
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