Interview

La Tokyo Décadence à Paris

09/03/2007 2007-03-09 12:00:00 JaME Auteur : Asagi

La Tokyo Décadence à Paris

Lors de leur venue en France comme invités du salon international du prêt-à-porter, huit membres de la Tokyo Décadence nous ont accordé une longue interview.


© JaME
Du 1er au 4 février se déroulait le salon international du prêt-à-porter. A l’occasion de la création d’un espace "Shibuya" dédié au style vestimentaire japonais, la Tokyo Décadence, représentative de l’underground nippon était l’invitée de ce salon.
Les stylistes Takuya Angel et Bambi (Succubus) y tenaient d'ailleurs un stand exposant leurs créations.
Chaque jour durant deux heures, ces performers ont montré leurs talents pour la danse, le chant, le théâtre, le mix et l’humour.
C’est le premier jour du salon que nous les avons rencontrés :

Bonjour à vous

Bonjour la France !

Avez-vous fait bon voyage depuis le Japon ?

Sisen : Très bien !
Kengo : C’était rigolo !
Adrien : Un peu long à cause de l’escale en Russie mais ça va.

Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Sisen : Je suis DJ Sisen, je fais plein d’autres choses comme modèle pour certains magazines, animateur d’émissions TV, assistant dans l’organisation de soirées.
Kengo : Je suis Kengo, une bactérie, suceuse de cerveau !
Anna : J’enlève mes vêtements et je danse (rire)
Bambi : Bonjour je m’appelle Bambi (en français), je suis designer de vêtements fétichistes, ma marque s’appelle Succubus.
Adrien : C’est une égérie, elle est représentative du phénomène gothique lolita.
Coco : Je suis gogo danseuse et je peux changer d’apparence 10 fois dans la même soirée.
Selia : Je suis chanteur d’opéra, je participe à un projet de groupe en compagnie de Sisen (Seirenes)
Adrien : Selia est très connu dans le milieu goth japonais.
Sinon moi je suis Adrien, créateur des soirées Tokyo Decadence.

Comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment est née la Tokyo Décadence ?

Adrien : Lorsque j’ai débarqué à Tokyo, je voulais faire ce genre de soirées alors je suis allé les chercher un par un. Les japonais n’aiment pas se mélanger. Chez eux : Les Gothiques vont à des soirées gothiques, les Yamambas dans des soirées Yamambas etc. moi je voulais créer une soirée avec tous les milieux underground alors j’ai fait croire à chacun que c’était la soirée du milieu qu’il représentait, ils sont tous venus et ça leur a vraiment plu.
A la base Sisen n’en faisait pas partie, il était d’ailleurs client de la première soirée.

D’où vient le nom de Tokyo Décadence ? Que signifie-t-il pour vous ?

Adrien : C’est décadant et c’est à Tokyo ? (rire) Cela signifie pour moi : le mélange des genres

Pour ceux qui ne les connaissent pas, expliquez comment se passent vos soirées ?

Sisen : C’est une soirée où se mélangent toutes les minorités, elles se découvrent entre elles et s’impressionnent de par leur looks. Toutes ces cultures rassemblées en font naître une nouvelle, c’est ça véritablement nos soirées.
Les gens « normaux » sont d’ailleurs les bienvenus.

Depuis combien de temps vous intéressez-vous au style musical que vous représentez ?

Kengo : je suis née comme ça
Anna : Quand j’étais petite j’avais plein de biberons… (rire)
Bambi : depuis le collège
Sisen : depuis 13 ans
Selia : depuis 9 ans

D’où provient votre inspiration (musicale et vestimentaire)

Selia : ça vient de ma mère
Kengo: de la planète Mars
Anna : du style traditionnel japonais
Sisen : moi c’est un mélange de… Gothique, drag-queen, électro, indus
Adrien : plein de choses aussi : Electro, films (Alien, Mad max), mangas

Combien de temps mettez-vous pour vous préparez ?

Bambi : 1 heure
Sisen : 30 minutes
Anna : 2 heures
Kengo : je suis née comme ça
Coco : 1 heure
Adrien : entre 20 minutes et… 28 heures
Selia : 1 heure

Fabriquez-vous vous-mêmes vos tenues ?

Sisen : un peu
Adrien : menteur (rire)
Sisen : si un peu
Adrien : non non il fait rien tout seul, c’est Takuya Angel qui l’habille (rire)
Takuya Angel : oui c’est mon mannequin
Bambi : je les fais moi-même
Kengo : pareil, je les fais moi-même.
Coco : j'achète et je fabrique.

Faites-vous vos propres musiques

Sisen : depuis peu oui
Selia : oui
Kengo : oui egalement

Pour les autres, comment choisissez-vous les morceaux qui seront de vos shows ?

Bambi : Je choisis des morceaux de films, dessins animés
Anna : Musique pop, traditionnelle, Hip Hop
Adrien : c’est assez varié en restant très goth,indus

Sisen : Dans votre Myspace, vous dîtes aimer prendre contact avec le monde extérieur (hors Japon) .
Pourquoi cela ? Qu’est-ce que cela vous apporte ?


Sisen : ça ne me prend pas trop de temps, et puis je réponds pas à tout le monde.
Sinon je pense qu’il faut s’ouvrir au monde extérieur, c’est le meilleur moyen à mon avis.

Adrien, vous êtes français, pourquoi avez-vous décidé de travailler dans la scène industrielle/cyber au Japon et pas en Europe ?

Adrien : L’atmosphère de l’Europe et surtout de la France était plutôt tendue (il y a 3 ans)/
Certaines personnes sont intolérante et violentes et lorsqu’ils voient quelqu’un de vraiment différent, ça dégénère. Avant mon départ pour le Japon, j’avais des problèmes dans le métro tous les jours.
Ici pas de violence c’est plutôt bien.

Pouvons-nous nous attendre à un show à la japonaise ?

Adrien : Evidemment

Que pensez vous de l’expansion de la J-music en Europe ?

Sisen : Les européens choisissent du Japon tout ce qu’il y a de plus mauvais musicalement. Il faut écouter des bonnes choses et on vous en apporte.

Adrien : Le Visual kei c’était bien avant mais maintenant ce sont des groupes commerciaux type star académie, c’est sans intérêt et c’est d’ailleurs assez marginal (aujourd’hui) au Japon d’en écouter.

Sisen, on vous connaît sous le nom de DJFOX666, DJ Violet et bien sûr Sisen. Pourquoi trois pseudonymes ?

Sisen : C’est vrai qu’il y en a beaucoup trop…
En fait je trouvais que Sisen ça ressortait pas trop sur les flyers alors j’ai mis des noms différentes sinon ça remonte à la collaboration que j’ai eu avec Despairs.

Bambi , vous êtes designer pour la marque Succubus , qu’est-ce que cela vous apporte ? D’où vous vient cette passion de cette mode ?

Bambi : En réalité, j’adore le style fétichiste, j’aimerais que tout le monde en porte sans forcément l’être.

Selia, vous êtes un chanteur d’opéra, d’ailleurs vos performances vocales sont réellement magnifiques. Comment avez-vous réussi à joindre ce type de musique avec l’électro ?

Selia : D’un côté la grande musique, éternelle et de l’autre l’electro, le reflet de notre futur. Il est normal de mélanger les deux c’est la logique de notre temps présent.

Kengo, vous êtes un danseur surprenant, vous vous inspirez du para para c’est ça ? Pourquoi ?

Kengo: Merci !!!
Je danse de manière à contaminer le monde !

Dites-nous ce que vous pensez de votre voisin de gauche ?

Anna: A propos de Kengo : Il est trop beau
Kengo à propos de Coco : C’est une satanique !
Coco à propos de Selia : Très élégante ! Une vraie Lady !
Seliaà propos de Sisen : un petit enfant
Sisen à propos d’Adrien : C’est le messie ! Il vient faire une révolution
Adrien à propos d’Anna : Très perverse
Anna à propos de Bambi : Elle a toujours la pêche et pense toujours à tout
Bambi à propos d’Anna : Quand Anna vient à une soirée, tout le monde vient !

Un dernier mot pour vos fans ?

Sisen : Je voudrais que les gens s’intéressent à nous, au Japon sans forcément écouter des médiocrités musicales. Venez donc au Japon et vous verrez !
On vous y attend !!

Merci à vous pour votre sincérité et votre enthousiasme

Le vendredi 2 février, le Klub , salle parisienne recevait la toute première soirée Tokyo Décadence Française.
De 22 heures à l’aube, DJ, danseurs, chanteur ont donné tout ce qu’ils pouvaient afin que cette soirée soit mémorable.
Ce fut l’occasion pour nous de leur demander rapidement ce qu’ils ont pensé du public français.

Adrien : J’ai vraiment été surpris, au Japon il faut un certain temps d’attente afin que le public se mette en symbiose avec nous, ici cela c’est fait très rapidement.
427 entrées payantes pour une soirée sans trop de publicité c’est vraiment bien je trouve.
On a beaucoup aimé et on espère revenir très bientôt, en France mais aussi en Europe.

Mercredi 7 Février, à l’ OPA , la Tokyo décadence organise une dernière soirée avant leur départ le lendemain matin.
Peut-être plus calme comparée à la précédente, celle-ci se veut conviviale et intime. Les membres sont eux aussi plus proches encore de leur public. Kengo ose même quitter son costume de martien (chose qu’il n’a jamais faite dans une soirée au Japon) pour celui d’une femme quelque peu dénudée. La Tokyo Decadence a donc profité de cette dernière petite fête pour remercier leurs fans, n’hésitant pas à se fondre dans la masse. Pour clore cette soirée, Adrien n’a pas hésité à ouvrir plusieurs bouteilles de champagne.

C’est le lendemain que nous avons emmené la Tokyo décadence à l’aéroport où elle est repartie véritablement émue, désireuse de revenir le plus rapidement possible.

Photo by Yuko
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