Pour EXILE, l'année 2006 a été celle de tous les changements ainsi que de tous les périls. Secouée par la désaffection de l'un de ses deux chanteurs-piliers, la route de la machine EXILE, qui a assuré de jolis dividendes aux actionnaires d'avex, semblait pour le moins semée d'embûches. C'est le jeune TAKAHIRO qui fut désigné en grande pompe après un casting géant pour remplacer le fugitif aux côtés d'ATSUSHI. Côté danseurs, AKIRA fit également son apparition. Après une pause de quelques mois et une collaboration avec Kumi Koda que l'on préfèrera passer sous silence, le groupe sortit ses premiers singles sous cette nouvelle formation avec une promotion rondement menée grâce à laquelle contre toute attente, la mayonnaise prit.
EVOLUTION est donc le premier album de ce que le groupe appelle son second stage et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce titre ne se refère certainement pas à la musique du groupe. On retrouve en effet dans ce disque la quintessence des quatre premiers mais en particulier une sensation de redite du dernier album avec SHUN, ASIA, ce qui ressort dès la première vraie piste, laquelle fait furieusement penser à Eastern Boyz & Eastern Girlz qui occupait la même place dans l'album précédent, jusque dans les instruments et les bruitages utilisés. Thème de PRISON BREAK au Japon, la chanson reste plutôt efficace, entraînante et sans être un chef d'oeuvre, s'impose comme l'une des meilleures de cet album avec son rythme répétitif et entêtant entrecoupé de parties plus pop.
Everything, premier single du groupe après sa recomposition, reste plutôt tiède et franchement trop conforme aux précédents singles du groupe. On l'écoutera sans déplaisir, mais cela sent vraiment trop le réchauffé. En entendant cette piste, ce qui frappe, c'est le manque évident de coffre de TAKAHIRO par rapport à ATSUSHI et celui qu'il remplace, malgré sa bonne volonté. On remarquera également dans les clips son côté un peu raide et visiblement pas à l'aise du tout. A sa décharge, reprendre la tête d'un tel groupe n'est guère facile lorsque l'on n'a aucune expérience... Egalement côté singles, Lovers Again a pour principal défaut d'être un peu trop répétitive, mais en dehors de cela la chanson est plutôt agréable avec ses harmonies et son style R&B épuré.
L'album nous sert hélas comme à chaque fois un certain nombre de ballades langoureuses au style éculé : les plus difficiles y rangeront aussi Lovers Again mais d'autres pistes telles Yell ou HOLY NIGHT y ont bien plus leur place. Change My Mind et Dream Catcher, plus rapides mais tout autant dépourvues d'originalité, sont également à mettre au chapitre des ratages.
On retrouve également WON'T BE LONG, la fameuse piste sortie en single avec Koda Kumi, mais sans Kumi cette fois puisque c'est TAKAHIRO qui reprend le rôle de la miss. Quand on a l'habitude de la voix de Kumi sur cette piste, le résultat fait plutôt penser à une partie de karaoké avec un rappeur en prime à qui on n'avait rien demandé. Mais ce n'est pas bien grave car cette piste est, comme suggéré dans l'introduction, loin d'être un chef d'oeuvre.
On trouve également de vraies bonnes pistes telles que Other Man feat.NaNa. Piste de pop-r'n'b rythmée dont on regrettera les bruitages Bontempi, elle est illuminée par la présence d'une jolie voix, celle de NaNa, qui gagnerait à être plus connue. Une autre bonne surprise, Kanata kara koko e, à moitié une ballade mais au rythme trop marqué pour en être une, bénéficie d'une jolie mélodie. Giver, une copie de Choo Choo Train en moins bien, est cependant suffisamment entraînante avec son rythme dance pour ne pas trop faire penser à l'originale. En termes de ballades, le groupe a également ses petites perles comme la magnifique Michi, qui fut le dernier single avant la sortie de cet album.
Comme dans tous les albums du groupe, on retrouve aussi au moins un interlude. DANCER'S ANTHEM, qui porte bien son nom puisque avec son style électro-techno, il semble être fait pour que les danseurs d'EXILE puissent s'adonner à leur discipline. L'album se clôt sur une autre jolie ballade, One love. En bonus pour la version limitée, on a également droit à Unmei no hito en version « orchestra », plutôt agréable à écouter.
Conclusion : Un album en demi-teinte pour EXILE. Au bout de cinq albums et même en changeant des membres, rien n'évolue vraiment dans ce groupe. Si cela ne vous dérange pas, alors vous pouvez ajouter avec cet album quelques heures de R&B-pop et de ballades supplémentaires made in EXILE avec du bon et du moins bon, mais pas non plus de ratage monumental, tout au plus du re-réchauffé. D'autant plus qu'avec 16 pistes, l'album est plein à craquer. Et si de toute façon vous ne pouvez pas encadrer ce groupe, ce n'est certainement pas EVOLUTION qui vous fera changer d'avis.
