Dossier

HeatWave "L'autre vision du rock nippon"

26/06/2007 2007-06-26 12:00:00 JaME Auteur : luca

HeatWave "L'autre vision du rock nippon"

L'autre vision du rock nippon

Présentation :
Heatwave est une vague de chaleur qui se nourrit de la passion et de la source de l’authenticité musicale. Seuls représentants japonais de la véritable sonorité de folk rock de terroir, ils s’inspirent et se nourrirent de la plupart des musiques folkloriques anglo-saxonnes, allant du blues à la musique celtique, musique traditionnelle des peuples indiens d’Amérique du nord, country, rock...
Ce groupe se greffe, comme la sonorité qu’ils accompagnent, de l’image du voyageur eternel... Au japon ils appartiennent à l’élite des plus grands groupes underground de tous les temps dans l’archipel, chantant les maux des petites villes et des campagnes frappées par l’oubli des grandes métropoles.



Le prélude
Débutant dès '79, le groupe est surtout formé par les nombreux passages d’amis de lycée qui s’accrochent à un leader charismatique Yamaguchi Hiroshi... Fortement influencés par le boss du rock mondial Bruce Springsteen, ils vont s’attacher à reproduire cette sonorité de ce rock ouvrier des grandes métropoles nord américaines. Se démarquant totalement des productions undergrounds qui sont très orientées punk, Yamaguchi va tendre alors vers un hommage à toutes ces sources de sa vie musicale. Cette genèse est marquée par trois démo tapes et albums très confidentiels relatant tous les garages bandes et les chanteurs "Soul" qui font depuis trente ans, l’histoire de la force musicale nord américaine.




Voyage n°1 1990 – 1992
Sentant l’avènement d’un groupe original, Epic Sony signe le groupe fin 1989. C’est alors le début de long voyages vers cet horizon où la lumière puise sa source dans ce rock country folk blues soul à la japonaise. Le groupe est composé par deux têtes directrices, Yamaguchi Hiroshi au chant ainsi qu'à la guitare et Watanabe Keiichi à la basse. On notera aussi la présence dès l’origine de Hosomi Sakana qui, même avec son rôle -le plus souvent- de musicien de session sur de nombreux albums, aura une énorme influence sur les sonorités du groupe. Hosomi Sakana va en effet apporter cette touche d’authenticité avec des mélanges souvent de folk celtique avec parfois un parallèle avec la période Captain of the ship de Tsuyoshi Nagabuchi à la même époque.
Fujiwara Yoshihiko complètera le trio de manière officielle sur les deux premiers albums avec le poste de batteur.
Le premier album, 柱 Hashira, en temps que major reste trop brouillon et manque de clarté dans l’orientation du groupe. Yamaguchi Hiroshi n’exploite pas encore toute l’étendue de sa voix marquée par un fort potentiel.
Le second album possède déjà une petite évolution en seulement quelques mois par rapport au premier opus. Une évolution se dirigeant vers un coté plus roots. On le ressent notamment sur le titre ‘akari’.



Voyage n°2 1992-1995 start and go Heatwave.
Début 1992, changement de batteur, avec l’arrivée de Tomoda Shingo pour leur troisième album. Changement juste de circonstance ??... Non vous répondrons les suiveurs du groupe, mais tout simplement le vrai début d’une légende. Cet album « hi ha mata noboru » est bien plus pêchu notamment avec le titre ‘ashita no tame ni kutsu o migakou’.
Car la vraie révélation va arriver deux ans plus tard avec la sortie le 21 mars 1994 de l’un des meilleurs albums folks rock japonais de l’histoire. Véritable chef-d’œuvre salué par la critique. L’album No Fear est un vrai bijou, mélange du meilleur des sonorités de John Cougar Mellencamp et de titres marqués par le phénomène Yamaguchi. Ils n'hésitent pas à se faire accompagner de chœurs donnant un fond Soul du meilleur effet. Yamaguchi Hiroshi et Watanabe Keiichi sont d’une certaine manière arrivés à cette osmose rare que connaissent les groupes passant à une certaine postérité.
Ce quatrième album s’engage aussi dans une orientation sociale n’ayant pas peur de mettre à terre les abérations et l’hypocrisie de classes dirigeantes et urbaines.

Ne s’arrêtant pas sur cet acquis, leur cinquième album va sortir le 21 aout 1995, avec un air de little Ireland sur les titres comme ‘arano no kaze’. Un titre où on verra que Hosomi Sakana s’implique complètement sur la texture et la coloration très celtique de cet album. Mais le potentiel vocal de Yamaguchi est aussi une réelle révélation. C’est ainsi qu’on le voit encore dans l’exceptionnel titre « mangetsu no yuu » qui est un mélange improbable de musique traditionnelle nipponne et des sonorités irlandaises avec un résultat rare. Ce nouvel exemple classe encore plus les Heatwave comme le groupe les plus rustique et le plus abouti musicalement depuis fort longtemps.



Voyage n°3 1997-1999
Malgré une réputation d’excellence, le groupe va résilier ou va être éjecté de Sony pour des raisons assez sombres. En effet, Yamaguchi n’est pas une âme facile. Ulysse en son temps avait hésité à se soumettre aux chants des sirènes... Ces même chants sont venus jusqu’aux oreilles de Yamaguchi, le chant louant une orientation de la musique du groupe vers plus d’ouverture commerciale. Mais Yamaguchi refusa pour continuer sa route sans loi ni dieux.
C’est ainsi qu’en 1997, on retrouve le groupe chez le label POLYDOR sortant dans la foulée le 26 mars 1997 l’album « TOKYO CITY MAN ».
De plus Ban Yoshimitsu remplacera Tomoda Shingo à la batterie
Marre de la société se courbant devant la mondialisation, le groupe décide de provoquer le politiquement correct avec un album dans l’une des places fortes de la mondialisation Tokyo... « TOKYO CITY MAN » est un opus humaniste se plongeant dans les derniers quartiers populaires et ouvriers de la mégalopole... On y retrouve le groupe avec surprise dans une sonorité assez différente et troublante... En effet on ressent une plus grande force musicale, une grande spiritualité. C’est ainsi qu’on retrouve sur cet album l’un des meilleurs titres du groupe ‘BOHEMIAN BLUE’ qui annonce bien l’esprit du groupe. Ce sixième opus est aussi l’occasion de voir l’apparition de Morgan Fisher, un pianiste de renom (collaboration avec Miles Davis, Terry Riley, Erik Satie, Nino Rota...). Ne se limitant pas à cette simple collaboration, il fait faire venir des chanteurs indiens d’Amérique sur leur choeurs donnant une ambiance unique et magique. Un album référence qui va voir arriver jusqu'à fin 2000 deux nouveaux albums dans la même continuité.
Le 1er mars 1998 sort « Howling At The Moon » (tsuki ni hoeru) avec une instrumentation très acoustique (mandoline, guitare, acoustique, cornemuse, tambourin indien...). La meilleur expression de ce melting-pot sera mis en avant su le titre ‘33’. Mais bizarrement, on sent que cet album manque un peu de force.
Une faute qui sera vite réparée avec l’album « Hibinaru Chokkan » sorti le 31 mars 1999. On ne le sera que plus tard mais ce huitième album va marquer une fin de cycle. C’est ainsi que d’une manière prémonitoire, la bande à Yamaguchi va mettre la dose avec une œuvre cultisme... Véritable résumé de toute la force et de l’originalité du groupe, acoustique rock folk country blues. C’est en signant de tels albums que la groupe va renforcer sa répution exemplaire.
Véritable coup de poing engagé dans la lutte politique contre la folie mondialiste. La voie de Yamaguchi prend aux trippes avec le morceau Ran.Ran.Ran dans une atmosphère teintée de spiritualité. Cet album sera produit par l’une des plus grandes personnalités de la musique irlandaise Dónal Lunny (producteur de Paul Brady, Elvis Costello, Rod Stewart, Indigo Girls, Sinéad O'Connor, The Waterboys…..). Album musicalement très abouti notamment sur le titre ‘CARRY ON’, il va leur permettre de se faire connaître en dehors des frontières de leur île.



Le voyage aux origines...
Les années 2000 vont sonner lentement l’arrêt de l’activité du groupe malgré des prestations live avec souvent leurs amis de The Groovers...
Mais cette période difficile pour les suiveurs du groupe va leur permettre de faire un bilan. De ce fait, les trois membres du groupe original vont partir sur des projets plus ou moins personnels. C’est ainsi que Yamaguchi Hiroshi et Hosomi Sakana vont unir leurs forces pour un album événement avec l’un des plus grands poètes et hommes d’influence du peuple des indiens d’Amérique Tom Lablanc.
C’est ainsi que sort le 18 décembre 2002, l’album Iiguru Tooku, inspiré par et reprenant les écrits de Tom Lablanc. Pour comprendre l’ampleur de cet événement, il est nécessaire de revenir sur certains points.
Tom Lablanc est l’un des plus grands activistes de la paix depuis près de 40 ans, né d’une mère indienne du dakota et d’un père inconnu (mais son père serait issu des japonais d’Amérique venus avant la seconde guerre mondiale).
Placé très vite dans un orphelinat, il eut des difficultés à trouver une certaine identité jusqu’à son engagement dans la guerre du Vietnam. C’est à son retour de la guerre qu'il va rechercher ses origines et il s’engage avec l’American Indian Movement (AIM).Il participe à tous les événements des années '70 qui vont permettre la reconnaissance des tribus indiennes. Il sera alors à la tête de l’ONC qui va permettre de reconnaître à l’ONU les droit des peuples d’indiens d’Amérique.
Ne se limitant pas aux Etats-Unis, il va être troublé par les origines assez sombres de son père et va faire ses premiers voyages au Japon avec des conséquences pour le gouvernement. En effet Tom va militer fortement pour la reconnaissance du premier peuple aborigène de l’archipel, les Ainus qui vivent sur l'île d'Hokkaido depuis environ 10 000 ans. Leur respect pour la Nature et l'environnement leur a permis de développer un mode de vie que certains ont tenté d'imiter en vain. Les premiers habitants du Japon ont été repoussés vers le nord par des japonais plus entreprenants. Ils se sont retrouvés comme des "immigrés" sans papier, sans existence légale pendant près de 20 siècles. En effet, les Ainus étaient considérés par les japonais comme des barbares, des gens incultes. Pour eux, les Ainus étaient une réserve de main d'œuvre, des femmes à violer, des occupants de terres à exploiter.

Les Ainus considérant que les terres ne leur appartiennent pas, les japonais se sont servis et se sont appropriés toute la région. En contradiction flagrante avec leurs croyances immémoriales et avec l’aide de Ton Lablanc qui créa une ONC, les Ainus ont réclamé leurs terres au gouvernement japonais. C’est ainsi en février 1997 que le Gouvernement japonais a reconnu les Ainus comme une minorité. Ceci implique que, dorénavant, les Ainus ont des droits. Le premier d'entre ces droits est un Droit à la Terre.
Hosomi Sakana sera très touché de cette collaboration avec Tom Lablanc car il appartient à la communauté des Ainus. Yamaguchi Hiroshi ne sera pas en reste car depuis l’origine du groupe, il a eu une activité très militante.

Pendant cette période de transition Watanabe Keiichi va quand à lui partir sur le nouveau projet d'Asai Kenichi avec la formation du groupe de JUDE. Quant à Yamaguchi, il jouera les Guest stars sur divers manifestations



Rebirth
C’est 2004 qu’on va ressentir les prémisses d’une renaissance, d’une reprise d’activité. Yamaguchi va ainsi reprendre contact avec Watanabe et Hosomi. Ils vont alors se tourner vers Ikehata Junzi comme batteur du groupe. Sacré choix, l’homme est une légende dans le milieu.
C’est ainsi que sort le 6 février 2004, l’album « LONG WAY FOR NOTHING ». Expérimental, c’est le premier terme qui arrive après la première écoute, paradoxe pour un tel groupe qui est le groupe rock le plus original et rustique du japon. Mais quelle force, cette formation de quatre sacrés types va permettre après cette retraite de plusieurs années, de repartir sur un renouveau...
Ouverture sur l’occident avec des morceaux chantés à moitié en anglais, le groupe va alors s’engager sur une tournée d'environ deux ans.

2006 sera marquée par la sortie de singles collectors édités à 1000 exemplaires. Mais le grand rendez-vous de cette année-là sera assurément cette prestation live que le groupe donna au Fuji rock festival : Cruelle démonstration pour les âmes faibles de la force mystique du groupe.

Réellement remis au goût du jour, le groupe va rapidement rentrer en studio pour en découdre une nouvelle fois avec le conformisme actuel de la scène musicale japonaise.
C’est ainsi que le 24 janvier 2007, sort l’album assez explicite « Land of Music ». Album avec certains morceaux accès très acoustiques mais aussi album d’ouverture avec la participation de deux petits jeunes : Yaida Hitomi et Noma Akiko. Cette œuvre s’inscrit rapidement comme l’événement marquant de la scène rock underground nipponne. Album de la pleine maturité du groupe, on ressent notamment une ambiance particulière par une exploitation au plus juste de la guitare se basant sur les travaux de Daniel Lanois. Toujours leader du mouvement « retour à l’authentique », le groupe va enregistrer l’album dans des conditions naturelles, privilégiant les sonorités d’ambiance et les climats éthérés avec une forte participation du piano d'Hosomi.
Plus qu’un achat, un coup de cœur que ce fameux « Land of Music ».



Bilan
L’une des plus grandes raretés musicales et trésors de la scène folk rock nipponne, The Heatwave est surtout la voie d’un type unique, Yamaguchi, prophète dans ses chansons, prophète dans ses actes politiques et écologiques. Mystique et troublant fut le parcours de ce groupe pas comme les autres. C’est aussi grâce à ce genre d’artistes qu’on s’ouvre vers autre chose, vers d’autres réflexions intimes et profondes. Indiscutablement, un groupe culte de ces vingt dernières années.
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