C’est après un court concert et une longue séance de dédicaces que nous retrouvons Ichirô Mizuki (qui aura été poursuivi par quelques fans européens) dans une salle plus tranquille de Japan Expo. Ce grand monsieur nous donne alors son retour sur sa venue sur Japan Expo et nous raconte son parcours musical.
Bonjour !
Ichirô Mizuki : Bonjour
Tout d’abord pourriez-vous vous présenter ?
Ichirô Mizuki : Je suis Ichirô Mizuki et je chante depuis presque 40 ans des génériques d’animes. Mon surnom est Aniki. Enchanté de faire votre connaissance !
Etiez-vous déjà venu en France ?
Ichirô Mizuki : Non, c’est la première fois.
Pourquoi avoir choisi de venir à Japan Expo ?
Ichirô Mizuki : En fait je suis venu pour l’émission de télévision Japan is cool Messages from cartoons for the world’, en tant qu’ambassadeur de l’animation japonaise. Je suis l’animateur de ce show. Le directeur de cette émission voulait me montrer des fans français qui chantent des génériques comme Mazinger Z. Je ne suis pas venu seulement pour Japan Expo mais aussi pour aller aux Champs Elysées, au Louvre, etc. Demain je vais à la Tour Eiffel et à l’Arc de Triomphe [rires]. Je vais y faire de la guitare et chanter.
Comme nous savions qu’il y avait Japan Expo à peu près en même temps, j’ai essayé de contacter les responsables de cette convention et voilà. L’émission japonaise Japan is cool’ m’a ainsi suivi pour me filmer pour leur chaîne. Je suis vraiment content d’être ici et je m’y amuse fortement même si je n’ai pas beaucoup de temps pour faire plaisir à tout le monde, car je suis très occupé malheureusement.
Depuis quand est-ce que vous savez que vous alliez faire de la musique toute votre vie ?
Ichirô Mizuki : Je rêve d’être chanteur depuis que j’ai 5 ans. Quand j’étais lycéen, j’ai voulu passer une audition pour un live house de jazz (petite salle de musique où se déroule régulièrement des concerts) et j’ai finalement réussi ce test. Voilà comment j’ai commencé.
Comment est-ce que vous vous êtes préparé pour votre concert des 1000 chansons ?
Ichirô Mizuki : En fait, c’est une grande préparation du corps et il faut faire tout particulièrement attention aux cordes vocales.
Mais d’où vous est venue cette idée que de faire un tel concert ?
Ichirô Mizuki : C’était un projet d’une chaîne, FUJI TV avec l’émission Utaemon et j’y passais régulièrement. Le but de cette émission était de montrer quelles chansons correspondaient à quelle année, comme pour faire naître les souvenirs ou découvrir les chansons plus anciennes qui ont eu beaucoup de succès. L’une de ces chansons s’appelait Dango san kyodai (les trois fleurs de dango ; le dango étant un gâteau japonais). Cette chanson avait été composée exclusivement pour la NHK (autre chaîne de télévision japonaise) et elle avait été un vrai tube à l’époque. On m’y retrouvait donc avec cette chanson et d’autres sur toutes les années.
Bien qu’un nombre illimité de chansons arrivaient sur la chaîne, j’ai pu voir que plusieurs de mes chansons apparaissaient dans le top années après années dans tous les genres.
Le directeur d’Utaemon m’a dit que j’étais donc toujours présent et que peut-être j’avais dépassé les 1000 chansons différentes depuis le temps. Je lui ai alors répondu que oui, peut-être
J’ai commencé à y réfléchir et à étudier cela. Et toujours dans Utaemon, on a annoncé que j’allais faire en live 1000 chansons, je ne pouvais plus dire non ! [rires]
Suite à cela il y a eu deux contrats : le premier était si je réussissais et le second si cela ratait. Et dans le dernier cas, mes amis chanteurs de génériques d’animes (Hironobu Kageyama, Horie Mitsuko, etc.) devaient me remplacer dans le cas où j’oublierai les paroles ou si je n’avais plus de voix. Ainsi, ils devaient prendre ma place tous ensemble sur la scène, puisque c’était en direct ! Tout était préparé au besoin. Cependant j’ai réussi. Mitsuko Horie m’a alors dit « Oh, c’est dommage parce que j’avais appris toutes tes chansons par cur » [grande crise de rire].
Seriez-vous prêt à refaire ce concours et battre votre propre record ?
Ichirô Mizuki : Aujourd’hui je n’ai chanté que cinq chansons. J’ai vraiment bien aimé cela et je m’y suis senti bien. Je pourrai refaire le concert en France !
Vous avez donc beaucoup aimé le public d’aujourd’hui !
Ichirô Mizuki : Je n’ai pas senti de frontières lors de ce showcase. Il n’y a pas de différence entre les japonais et les français. A la base je suis japonais bien sûr, mais j’ai appris de nombreuses chansons étrangères espagnoles, américaines, etc. J’aimais et écoutais beaucoup de ces chansons auparavant. Et maintenant, ce sont les étrangers qui écoutent mes chansons, cela me rend très heureux et me fait plaisir !
Comment avez-vous découvert Adamo par exemple que vous avez un peu chanté tout à l’heure? [pendant le concert Ichirô Mizuki a interprété quelques paroles d’Adamo et Aznavour]
Ichirô Mizuki : J’ai oublié un peu les noms sur scène mais j’aime bien aussi Enrico Macias. J’écoute souvent des chansons françaises et je possède de nombreux 45 tours d’eux. J’ai donc appris ainsi.
Comment choisissez-vous les génériques d’animes pour lesquels vous allez chanter ?
Ichirô Mizuki : En général il y a le directeur du dessin animé qui vient me voir avec le label. Parfois, il y a des chansons que je rêvais de chanter. Par exemple au Japon il y a les séries qu’on appelle sentai [NDLR : séries du genre Bioman, Spielvan, etc.]. Ils avaient fait trente sentai différents et au trente-et-unième, ils se sont dit que cela devenait important que je chante sur ce type de génériques et m’ont demandé de participer à cela.
Il s’agissait alors du sentai Juken Sentai Geki Ranger pour le générique de fin TAO.
Nous savons que vous jouez de la guitare, mais faites-vous d’un autre instrument ?
Ichirô Mizuki : En fait je n’ai jamais pris de cours de musique. Mais cela ne m’empêche pas non plus de jouer du piano. Grâce au thème de Captain Harlock [NDLR : Albator en France], j’apprends à jouer de l’ocarina [Ichirô Mizuki mime le son de l’instrument]. Je voulais en jouer vraiment aujourd’hui mais je l’ai oublié chez moi [rires].
Comment pourriez-vous expliquer ce qu’est JAM Project ?
Ichirô Mizuki : JAM project est une abbreviation pour Japan Animation Song Makers’, qui est un groupe de chanteurs créé par des chanteurs de génériques comme moi-même et Hironobu Kageyama. Comme tous les chanteurs de ce groupe ont leurs propres chansons, c’était une occasion rare pour que ces membres soient ensembles.
Les fans japonais ont faim de ce genre de show où nous sommes présents avec nos chansons.
Comme il y a des nouveaux membres dans le groupe, maintenant je n’y chante qu’occasionnellement.
Comment s’est passé votre collaboration avec le DJ Dimitri Von Paris ?
Ichirô Mizuki : En fait Dimitri avait demandé il y a quelques années à des responsables de mon label de faire quelque chose ensemble. Mais cela n’arrivait jamais jusqu’à moi. Je savais juste que quelqu’un demandait à me voir, pas plus.
En fait, Dimitri avait prévu depuis longtemps de faire un remix de la chanson Bokura no Mazinger Z, où je pourrais y chanter d’une nouvelle manière. Ce projet a été offert initialement à Tom Jones, mais Dimitri voulait que cela soit le chanteur original, soit moi, qui joigne ce projet, et c’est ainsi que l’on m’a offert cette opportunité.
Pour la chanson des Aristochats (seconde collaboration avec Dimitri), Tout le monde veut devenir un cat [Ichirô Mizuki le dit en français], c’est moi qui lui ai dit 'tu dois chanter les parties des paroles en français avec moi'. Dimitri n’était pas d’accord mais après avoir insisté, il l’a fait et donc j’ai aidé la carrière de chanteur de Dimitri. Et il chante bien, vraiment ! [Ichirô Mizuki chantonne la chanson]
Pour la petite anecdote, qu’avez-vous fait de vos nombreux disques d’or reçus ?
Ichirô Mizuki : Je ne jette rien, mais ils doivent être quelque part chez moi ! [rires]
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui désire devenir chanteur de génériques d’animes ?
Ichirô Mizuki : Quelqu’un qui désire devenir chanteur de génériques d’animes c’est quelque chose de très valorisant. Mais pour le devenir, le courage est important mais ne suffit pas. Il faut connaître tous les styles de chanson : jazz, rock, pop, etc. Il faut d’abord travailler sa voix sur ces différents genres. Beaucoup de nouveaux genres naissent mais pour apprendre ces choses-là, on doit partir de la base avec la théorie.
Avec qui aimeriez-vous travailler maintenant ?
Ichirô Mizuki : Mitsuko Horie ! J’ai déjà enregistré plusieurs duos avec elle mais c’est passé seulement une fois à la télévision japonaise. Dernièrement, nous avons sorti ensemble un nouveau duo, qui n’est autre qu’une parodie de la chanson Gakeen.
Manager de Ichirô Mizuki : A la base cette chanson était déjà interprétée par Mitsuko Horie et Ichirô Mizuki. En fait ils se parodient eux-mêmes.
Ichirô Mizuki : Chaque année nous faisons cette chanson en duo en concert, ça s’appelle Futari no anison. J’aimerai faire un concert en France avec Mitsuko Horie, JAM Project, etc. ainsi que le concert des 1000 chansons ! [rires]
De vos débuts à aujourd’hui, quel est votre meilleur souvenir dans votre longue carrière ?
Ichirô Mizuki : C’est aujourd’hui !
Envisagez-vous de faire une tournée dans toute l’Europe et en Amérique ?
Ichirô Mizuki : J’ai eu dans le passé plusieurs demandes de l’étranger comme l’Espagne ou l’Allemagne mais cela n’a jamais pu se faire. Après cette journée, je me sens prêt à faire une tournée maintenant grâce à cette première fois en France. Mais j’aimerai aussi aller en Asie dont le Vietnam entre autre, car mon concert à Hong Kong s’est très bien passé par exemple !
La question habituelle mais quelle chanson préférez-vous ?
Ichirô Mizuki : Ah oui
Cette question est vraiment difficile ! Toutes ces chansons sont mes enfants vous savez. Je ne peux pas dire celle que j’aime le plus mais bien sûr Mazinger Z a une place particulière dans mon cur car elle me donne beaucoup de force. Mazinger Z est comme un grand frère et Captain Harlock le petit frère ! [rires]
Que pensez-vous des personnes qui disent que les génériques d’animes ne sont pas de la vraie musique ?
Ichirô Mizuki : Je n’y prête pas attention. De nos jours il y a de nombreuses chaînes de télévision donc on peut choisir. C’est normal que tout le monde n’aime pas les mêmes choses et je l’accepte. Je pense que c’est triste d’entendre certaines personnes dire « je n’aime pas les manga et animes et je les interdis à mes enfants ». Il serait préférable pour eux de considérer qu’il y a plusieurs opinions et goûts. J’ai rencontré des personnes aujourd’hui qui m’ont dit qu’ils regardent tous en famille les dessins animes et ça, ça me touche. Les génériques d’animes ne sont pas seulement les premières chansons entendues par beaucoup d’enfants, ce sont aussi des chansons qui contiennent des thèmes et valeurs morales importantes pour les jeunes. Ce message reste le même après que ces enfants aient grandi, cela résonne en eux lors de leur passage au monde adulte. Il y avait des personnes qui chantaient avec moi et ont même pleuré lors de Japan Expo. C’est ma croyance que quelque chose avec une bonne intention va atteindre le cur du public et restera ancré en eux.
Ce sera la dernière question
Ichirô Mizuki : Oh déjà ? [rires]
Un dernier message à nos lecteurs ?
Ichirô Mizuki : Je rêve d’un générique de dessin animé qui donne du courage aux enfants pauvres, malades, pour tout le monde et dans le monde entier ! Je pense que seuls les génériques de dessins animés permettent cela.
Merci à vous
Ichirô Mizuki : Merci !
JaME souhaite remercier Ichirô Mizuki pour sa gentillesse ainsi que son management, mais aussi Suzuka de Nolife pour sa grande aide pour la traduction et Japan Expo.
Merci aussi à Matthew et Rieko Twigg pour leur aide supplémentaire dans la traduction.
Photographies par Ayou et par l'équipe d'Ichirô Mizuki.