Après un A dead Sinking Story acclamé par la critique et le public, exceptés quelques anciens fans criant à la trahison de leurs origines, envy revient avec Insomniac Doze, ô combien attendu, et un screamo sublimé par des oripeaux d'autres genres.
Quen est-il de cet album ?
Ny allons pas par quatre chemins, dans sa cour, envy est roi, et regarde ses prétendants avec la bienveillance dun groupe dont le trône est imprenable
Envie Cristalline
Voluptueuses mélodies, enveloppant dans un brouillard à la fois doux et froid dont lauditeur ne veut se défaire, se dissipant au fil des murmures de Fukagawa, laissant apparaître un paysage dévasté et triste, un spectacle terrible, dont les féroces cris du chanteur ne seraient que justice
envy, ou la faculté d'un groupe à marcher sur une corde raide entre atmosphère et violence...
Difficile de faire une critique, une tentative dexplication sur la musique dEnvy, tant celle-ci sinsinue à lintérieur de vous, cette musique ne sécoute pas
Elle se vit !
En calmant le ton brutal et énervé des premiers albums, le groupe sest découvert une faculté à pousser dans ses derniers retranchements lémotivité que peut faire passer toutes musiques extrêmes
En empruntant au Post-Rock ses envolées violentes, sur lesquelles sont placées la voix unique, à la fois violente et terriblement dépressive de Fukagawa, le groupe a donné naissance à une mixture unique ne laissant pas indifférent
envy est un joyau incandescent dont les faces seraient taillées différemment et pourtant complémentaires pour accoucher dune pierre sublimée
Dun coté, il y a la faculté du groupe, par le biais de ces notes où tous les instruments simbriquent pour fabriquer un fond sonore plus quune musique, où la basse résonne à en faire frémir les fondations, les guitares pénétrent dans vos veines telle une piqure de tristesse et où la batterie métronomique propulse violemment le reste, à former un tout unique, que ce soit dans les parties où le calme est de mise, ou quand celui-ci disparaît pour laisser place à un torrent de notes apocalyptiques, non pas par le biais de la vitesse mais par la puissance redoublée des efforts des musiciens, le tonnerre sabat alors sur les ampli, la pluie laisse place à la grêle, les frappes des baguettes en lieu et place des gouttes deau, les guitares jouent de plus en plus fort, la distorsion se fait de plus en plus présente et sur ce fond se place alors une voix sortie tout droit de l'apocalypse...
De l'autre côté du groupe se trouve donc lunique Tetsuya Fukagawa dont les murmures quasi religieux sont alliés à une faculté rare de nos jours, celle de faire vivre par ses beuglements... En effet, combien peuvent se targuer de réussir à rendre émotif un cri ? Ici tout est déferlement démotions, la tristesse véhiculée est rare et à la fois touchante, celle-ci s'insinuant à l'intérieur des auditeurs avec une puissance dévastatrice. Aucun ne pourra penser que cette voix en fait trop, qu'elle s'avère être répétitive, trop dure trop criée... Laissons ceux-là sur le côté, quand aux autres ils entreront de plein pied dans un road trip dont ils ne sortiront pas indemnes...
La construction de lalbum se fait ainsi telle une escalade
Grimpant dans lémotion petit à petit pour ne plus en redescendre, modulant son effort et repartant de plus belle mais augmentant en intensité au fil des paliers
Le tout articulé autour du doublet Cristallize / The Unknown Glow, caractérisant au cours de la demi heure qui les assemble, la quintessence du groupe
Avant de redescendre et de terminer sur les sublimes Night In Winter et A Warm Room, sûrement la piste la plus violente de lalbum, où la foudre sabat une dernière fois
Et pourtant aussitôt terminé, lenvie se fait de remettre cet album dans la platine, tant il est cohérent et bien construit, ne laissant pas la place au hasard...
Si vous naviez pas encore compris, ce disque est excellent... Non seulement il s'avère être une porte dentrée on ne peut plus commode vers les musiques extrêmes mais il se révèle en plus être, dans la continuité des derniers travaux du groupe, un chef duvre démotions...
A ne pas rater en live pour leur date parisienne...