Chronique

envy - Insomniac Doze

11/08/2007 2007-08-11 12:00:00 JaME Auteur : FoX

envy - Insomniac Doze

Chronique d'Insomniac Doze, le dernier album du groupe de screamo : envy

Album CD

Insomniac doze

envy

Après un A dead Sinking Story acclamé par la critique et le public, exceptés quelques anciens fans criant à la trahison de leurs origines, envy revient avec Insomniac Doze, ô combien attendu, et un screamo sublimé par des oripeaux d'autres genres.
Qu’en est-il de cet album ?
N’y allons pas par quatre chemins, dans sa cour, envy est roi, et regarde ses prétendants avec la bienveillance d’un groupe dont le trône est imprenable…


Envie Cristalline


Voluptueuses mélodies, enveloppant dans un brouillard à la fois doux et froid dont l’auditeur ne veut se défaire, se dissipant au fil des murmures de Fukagawa, laissant apparaître un paysage dévasté et triste, un spectacle terrible, dont les féroces cris du chanteur ne seraient que justice… envy, ou la faculté d'un groupe à marcher sur une corde raide entre atmosphère et violence...

Difficile de faire une critique, une tentative d’explication sur la musique d’Envy, tant celle-ci s’insinue à l’intérieur de vous, cette musique ne s’écoute pas… Elle se vit !

En calmant le ton brutal et énervé des premiers albums, le groupe s’est découvert une faculté à pousser dans ses derniers retranchements l’émotivité que peut faire passer toutes musiques extrêmes… En empruntant au Post-Rock ses envolées violentes, sur lesquelles sont placées la voix unique, à la fois violente et terriblement dépressive de Fukagawa, le groupe a donné naissance à une mixture unique ne laissant pas indifférent…

envy est un joyau incandescent dont les faces seraient taillées différemment et pourtant complémentaires pour accoucher d’une pierre sublimée… D’un coté, il y a la faculté du groupe, par le biais de ces notes où tous les instruments s’imbriquent pour fabriquer un fond sonore plus qu’une musique, où la basse résonne à en faire frémir les fondations, les guitares pénétrent dans vos veines telle une piqure de tristesse et où la batterie métronomique propulse violemment le reste, à former un tout unique, que ce soit dans les parties où le calme est de mise, ou quand celui-ci disparaît pour laisser place à un torrent de notes apocalyptiques, non pas par le biais de la vitesse mais par la puissance redoublée des efforts des musiciens, le tonnerre s’abat alors sur les ampli, la pluie laisse place à la grêle, les frappes des baguettes en lieu et place des gouttes d’eau, les guitares jouent de plus en plus fort, la distorsion se fait de plus en plus présente et sur ce fond se place alors une voix sortie tout droit de l'apocalypse...

De l'autre côté du groupe se trouve donc l’unique Tetsuya Fukagawa dont les murmures quasi religieux sont alliés à une faculté rare de nos jours, celle de faire vivre par ses beuglements... En effet, combien peuvent se targuer de réussir à rendre émotif un cri ? Ici tout est déferlement d’émotions, la tristesse véhiculée est rare et à la fois touchante, celle-ci s'insinuant à l'intérieur des auditeurs avec une puissance dévastatrice. Aucun ne pourra penser que cette voix en fait trop, qu'elle s'avère être répétitive, trop dure trop criée... Laissons ceux-là sur le côté, quand aux autres ils entreront de plein pied dans un road trip dont ils ne sortiront pas indemnes...

La construction de l’album se fait ainsi telle une escalade… Grimpant dans l’émotion petit à petit pour ne plus en redescendre, modulant son effort et repartant de plus belle mais augmentant en intensité au fil des paliers… Le tout articulé autour du doublet Cristallize / The Unknown Glow, caractérisant au cours de la demi heure qui les assemble, la quintessence du groupe… Avant de redescendre et de terminer sur les sublimes Night In Winter et A Warm Room, sûrement la piste la plus violente de l’album, où la foudre s’abat une dernière fois… Et pourtant aussitôt terminé, l’envie se fait de remettre cet album dans la platine, tant il est cohérent et bien construit, ne laissant pas la place au hasard...

Si vous n’aviez pas encore compris, ce disque est excellent... Non seulement il s'avère être une porte d’entrée on ne peut plus commode vers les musiques extrêmes mais il se révèle en plus être, dans la continuité des derniers travaux du groupe, un chef d’œuvre d’émotions...
A ne pas rater en live pour leur date parisienne...
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