Lété dun point de vue musical est souvent dune platitude extrême : réchauffés musicaux destinés à faire vendre, énième best-of duntel ou untel, voire soupe techno trance de boîte de nuit, nos sens auditifs ne sont en général pas épargnés durant cette période.
Au milieu de ce tableau peu reluisant surnage un ovni musical non identifié : Sora Wa Maru De, pop subtile agrémentée de parties rap, lalbum du groupe Monkey Majik - quatuor mi canadien mi japonais responsable ici de son quatrième album est lune de ces bouffées dair frais musicales dont lécoute est indispensable.
Hip-Pop
Toute lhistoire du groupe est affaire de subtils mélanges qui prennent leurs racines dès le début de la formation ; en effet, une des particularités du groupe vient du fait que Maynard Plant, canadien venu au Japon en tant que professeur danglais, forma un groupe avec le batteur Takuya « Tax » Kikuchi auquel se rajouta son petit frère Blaze (puis plus tard le bassiste DICK), créant ainsi une formation cosmopolite, chose qui est rare au Japon, où les étrangers ont souvent du mal à percer.
Cette combinaison, cette force venant des différentes nationalités du groupe, on la ressent aussi dans lalchimie qui règne dans le groupe, notamment au niveau des paroles, délicieux mélange danglais (compréhensible, oui cest assez rare pour être souligné) et de japonais, mais aussi dans la musicalité des membres, ceux-ci se complétant parfaitement.
Assurément, les compositeurs que sont Maynard et Blaze puisent leurs influences dans les sommités de la pop musique mondiale, auxquels sont alliés une parfaite maitrise de lacoustique, et des accords japonisants, mais aussi, et cest ce qui fait la grande force du groupe, des parties hip hop savamment incrustées dans la musique.
L'exemple parfait est la géniale SNOW IN DECEMBER, avec sa basse omniprésente, ses claviers reposants et les guitares en fond sonore, sur lesquelles se greffent une alternance entre le chant et le flow du plus âgé des deux frères, qui donne véritablement vie à la chanson.
Ajoutez à tout ça, la complémentarité vocale avec le cadet et vous comprendrez que le résultat, même si il nest pas novateur, est tout de même foutrement original, accouchant au final dun hybride Hip Pop.
Association(s) gagnante(s)
Même si lon reste pantois devant la faculté du groupe à pondre dexcellentes chansons, quelles soient dansantes ou relaxantes, on ne peut nier quune grande partie de leur succès est due à leurs connaissances, et aussi à pas mal de chance.
Depuis que la formation est chez Avex, Monkey Majik a ainsi eu la chance, en plus de travailler sur un ending (Saiyuki) ou sur une musique de film, phénomène non négligeable pour asseoir ou faire connaître un groupe, ceux-ci ont aussi enregistrés des featurings, avec, excusez du peu, M-Flo et Seamo.
Et cest au nombre de 3 que les participations apparaissent sur lalbum ; passons rapidement sur Picture Perfect en duo avec le premier nommé, chanson passable méritant plus une face B quune piste sur lalbum pour nous attarder sur les deux autres.
Tout dabord Sotsugyou, Soshite Mirai e, génial trio où le phrasé de Maynard sentrecroise avec le flow immédiatement reconnaissable du talentueux rappeur au béret, Seamo, et le chant doux et posé de son petit frère. Voici lune des pistes phares de lalbum qui naura aucunement volé son succès à lOricon.
A peine le temps de reprendre son souffle que lon enchaîne sur le seul sextet de lalbum, à savoir Change en collaboration avec les shamisens heroes que sont les Yoshida Brothers, dans lequel les sonorités japonaises, alliées aux voix des deux chanteurs sassemblent en parfaite harmonie, livrant une des plus belles chansons de lalbum .
Bien sûr, ne se limiter quà ces pistes serait une grande erreur, car vous passeriez à coté de lexcellent Futari, excellente piste où linspiration de Coldplay est très présente, mais aussi le funky PRETTY PEOPLE, et la touchante I MISS YOU, où les voix de Maynard et de Blaze se révèlent, remplies démotions mélancoliques, sans aucun doute la plus belle piste du CD, et une des plus tristes chansons du groupe.
Lalbum se finit sur la très seventies Around The World, où Blaze nhésite pas à monter dans des aiguës digne des Bee-Gees, et la belle Gandhara, chanson pop-rock, nous emportant jusquen Inde.
Monkey Majik est donc un groupe étonnant, savant mélange de lAsie et de lOccident, de la pop et du rap, au son unique, à la fois dansant, reposant, capable dallier avec succès des éléments à-priori antinomiques.
Conclusion :
Ny allons pas par quatre chemins : la célébrité obtenue par le groupe actuellement est amplement méritée, le quatuor ayant accouché dun excellent album - rectifiant brillamment le tir un peu manqué du premier album major - à la saveur terriblement originale et malgré quelques pistes de remplissage, Sora Wa Maru De, est une parfaite porte dentrée à la musique japonaise.