Chronique

Buck Tick - Tenshi no revolver

01/10/2007 2007-10-01 12:00:00 JaME Auteur : Niok-

Buck Tick - Tenshi no revolver

Retour rock'n'roll pour les pionniers Buck Tick !

Album CD

Tenshi no Revolver

BUCK-TICK

Quelle maladie étrange frappe l'archipel nipponne cette année ? Clones de X-Japan aussi peu inspirés que surmédiatisés, reformations fleurants bon l'opportunisme et nouveautés qui n'arrivent à convaincre que les amateurs en manque de pop de qualité douteuse, entre deux Star Ac'... le Japon serait-il frappé par ce mal que l'on nomme le "manque d'inspiration" ? Cette nation du renouvellement, de la transfiguration musicale aurait elle perdu de sa superbe ? L'interrogation reste en suspend mais nul doute que beaucoup seront partagés sur ce sujet tant la nouvelle garde mainstream et les coups médiatiques millimétrés au yen prêt divise le public français. Pourtant, loin de ces champs de bataille, il reste les dinosaures, les vieux d'la vieille, ceux qui n'en n'ont toujours fait qu'à leur tête malgré les années passantes et dont la force de l'âge impose le respect : ces Loudness, ces B'z, et puis Buck-Tick, l'intemporel Buck-Tick, qui appuie toujours un peu plus sa suprématie sur la geste visual-kei sans même y prêter attention ; l'apanage des grands pionniers...

Déjà vu ?

Après le grandiloquant et nihiliste Juusankai wa Gekkou, deux choix s'offraient au groupe d'Imai : plonger encore plus profond dans cette noirceur prenante, ce sentiment de détresse, ce malaise oppressant confinant parfois même à la claustrophobie (qui atteignait son point d'orgue dans un magistral Muma~The Nightmare), au point de jouer sur le fil du rasoir, toujours au bord du point de rupture comme ce fut le cas pour le groupe de Robert Smith et son presque fatal Pornography, ou simplement relâcher la pression dans un effort simili-rock'n'roll salvateur. Même si le choix fut rapidement fait, nul doute que la majorité des adeptes du précédent opus des cinq hommes en noir auraient préféré voir en ce Tenshi no Revolver un pas de plus vers ce romantisme gothique et torturé qu'offraient des titres comme Passion ou Kourin, plutôt que ce saut en arrière pour éviter l'abysse dont Beast ou RendezVous se font les plus éminents émissaires.
Alors bien sûr, on pourrait jouer la carte de la facilité, torcher le topo en balançant un "cet album est la parfaite génèse de la carrière du groupe" magnanime. Que nenni ! En des temps de disette aussi prononcée, ce serait une insulte que de résumer cet album à un simple agglomérat de chansons poussivement rétrospectives. Certes le début en trompe l'oeil de RendezVous fait irrésistiblement penser à Juusankai wa Gekkou, évidemment Spider aurait autant sa place sur Six Nine que Love Letter et oui, définitivement oui, Lily n'aurait pas dépareillé sur un Hurry Up Mode ou un Sexual xxxxx. Et puis quoi ? Quand on a plus de 20 ans à son compteur, ce genre de détail est bien souvent inévitable. N'est ce pas là ce que l'on appelle la patte, le 'son' du groupe ? Seules les mauvaises langues y trouveront à redire, et en attendant, chez les Buck-Tick, ce genre de détail passe aussi rapidement à la trappe qu'un Shinkansen en vitesse de pointe.

Lets have fun... LETS ROCK !

Buck-Tick, disais-je donc, plutôt que de tenter le diable pour finir par sortir un clo(w)nesque dérivé de Juusankai wa Gekkou et de se brûler les ailes en plein envol, s'accorde donc une pause en forme de cours de récréation, ou plutôt une crise d'adolescence après l'heure (chacun verra midi à sa porte). On avait eu droit à de grandes poses ténébreuses ou délicieusement nostalgiques sur les précédents albums, mais c'est avec un groupe toutes guitares dehors et rebel-attitude (celle des Stones, pas celle du Steve Estatof premier de la classe) en exergue que nous avons rendez-vous sur Tenshi no Revolver. Echos de Personal Jesus dès le début de Mr Darkness & Mrs Monnlight, riff urgent et acéré, tissé par le chanteur du groupe sur Spider, rock'n'roll basiquement jouissif sur un Beast en forme de coup de rein bien placé et tiens, The Cure, encore The Cure, qui pourrait trouver en Zekkai un certain lien de parenté avec leur The Blood qui s'aventurait déjà il y a longtemps en terrain hispanique...
Du rock et de la sueur donc. Et un album qui annonce d'emblée des lives fièvreux tant chacune des cartouches de ce revolver angélique semble avoir été façonnée pour percuter le public de plein fouet pour les unes ou lui offrir une mort excessivement douce pour les autres. Car même si le canon de l'arme fume encore après cet ovni tout à fait made in Buck-Tick qu'est Cream Soda, c'est pour révéler au final le magnifique cadavre Rain. Et si Zekkai se fait si 'caliente', c'est pour préparer la température très vite redescendue au contact de Snow White.
Mais dans tout ça, la simplicité se fait mot d'ordre. Le but ? Toujours viser au plus efficace, au plus facilement mémorisable, directement à la tête pour un headshot rock'n'roll sans fioriture, du moins, c'eût été l'idéal. Eût été ? D'abord ce RendezVous, trainant la patte sur 4min47 qui aurait gagné à adopter un format 3:30. Et ce Montage qui ne réussit pas à convaincre au final tant il se révèle commun (pour du Buck-Tick, entendons nous bien !). Sans parler de Rain et autre Snow White, certes magnifiques, mais qui auraient sans doûte mieux fait de faire un tour ailleurs durant l'enregistrement de l'album pour ne laisser place qu'à d'authentiques bastos mortelles du rang de Beast ou Spider. Discours de raleur régressiste ? Si on veut... C'est au final toutes ces imperfections qui rendent cet album plus intéressant au final, et pour finir même dangereusement irrésistible.

Avis

Qu'importe ? Les fans savent déjà que le groupe ne les décevra pas, et comme d'habitude, cet album leur donnera raison... Quant aux autres, je laisse à mon silence seul le soin de leur faire comprendre tout ce que l'absence d'un tel groupe dans leur culture musicale m'inspire.
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