A l’aube d’une nouvelle date française pour le groupe, la précédente ayant été un succès pour tous les gens qui étaient présents ce soir là, où Plastic Tree avait livré une prestation mémorable confirmant leur statut de bête de scène, penchons-nous sur le nouvel opus de la bande à Ryutaro, Nega To Posi, contenant 14 titres de rock puissant et mélancolique comme seul le groupe sait si bien le jouer.
Solide comme un Roc(k)
Note vibrante vers le lointain, basse vrombissante, Nemureru Mori débute, titre dans la pure veine des compositions auquel la formation nous a habitués par le passé. Mid-Tempo à la mélodie prenante sur laquelle la voix unique de Ryutaro apporte une touche indescriptible, ce chant presque chuchoté, presque faux, et à la fois tellement juste et touchant est l’un des points forts de cette chanson.
Parfaite introduction à l’album et à la musique de Plastic Tree en général, ce morceau reflète parfaitement l’univers mélancolique du groupe, qui ne laisse pas insensible, effectivement avec ces mélodies, pas de demie-mesure, on aime ou on déteste, en partie « grâce » à la voix peu commune de Ryutaro, mais on n’est pas indifférent au contact des chansons de l’album...
L’enchaînement sur Fujunbutsu, aux relents presque grunges, est plus que réussi, plus que le morceau suivant, Elegy, rock’n’roll à souhait, malgré ce chant particulier assez nasillard qui se révèle assez déconcertant, et à vrai dire pas extrêmement réussi, l’effet de surprise et le chant rendant l’écoute assez difficile...
Mais Pura n’est jamais tant habile et doué que lorsqu’il s’agit de composer des mid-tempos ou des ballades poignantes, aux sentiments exacerbés, et Spica est là pour nous le rappeler, son refrain triste où le chant de Ryutaro prend aux tripes, se jouant de nos pensées d’un sombre plaisir qui ne nous laisse pas indemnes...
Diversité est donc, l’un des maîtres mots de cet album, le groupe jonglant entre les genres musicaux avec une facilité étonnante, se jouant des styles pour parvenir à apposer sa patte, un son immédiatement reconnaissable que ce soit aux accords des guitares, mais aussi, et bien sûr, à la voix du chanteur...
Les 14 chansons de Nega To Posi passent ainsi avec réussite du punk rock Zaza furi, zaza nari. ou Egg, au metal de Sabbath en passant par le rock aux arrières goûts techno d’Orange, sans perdre en qualité quelque soit le style.
Tree Selectif
Ainsi cette variété de genres prend tout son sens dans le processus de composition du groupe ; la musique de Plastic Tree peut se voir comme un reflet de la vie de tous les jours, comme si la formation animait un grand conte musical de cette vie pas toujours joyeuse, rythmée, parfois très dure mais qui contient aussi ces moments de bonheur, de fête et de beauté qu'on peut librement savourer quand ceux-ci se présentent.
La voix de Ryutaro met en exergue cette recherche de sentiments, comme ci celle-ci servait d’exutoire aux pensées de son corps, transmettant à nous, auditeurs, ses peines, ses joies, avec une mélancolie, une tristesse extrêmement puissante, sans en faire des tonnes, ce qui permet une immersion très profonde dans la musique du groupe.
Mais ce chant n’est pas le plus accessible, jouant constamment sur la corde raide entre le juste et le faux, se servant des aigües et des graves sans distinction, celle-ci demande une implication de l’auditeur beaucoup plus profonde que dans d’autres groupes, ce qui peut expliquer que certains n’apprécient pas la musique du groupe...
Pourtant celle-ci est un tout, une osmose se formant entre le chant et les instruments, sans qui celui-ci ne serait que trop vain... Que ce soit par la guitare d’Akira, ou la base rythmique basse/batterie, rien n’est laissé au hasard, tout est savamment pesé dans le but de porter avec plus de succès l’émotion des chansons.
Ainsi la basse de Tadashi se fait souvent puissante, s’écartant quand il le faut du rythme dicté par Hiroshi pour accentuer l’impact des états d’âmes de Ryutaro, quand celui-ci sait peser de son silence pour exploser à son intervention, comme lors d’Andro Metamorphose, morceau envoûtant de plus de 8 minutes dans lesquelles la batterie est utilisée avec parcimonie, jouant aux moments où les guitares s’embrasent, s’envolent et en viennent à suppléer la voix d’écorché vif sortant du frontman du groupe...
L’album se clôt sur deux chansons déjà connus, makka no ito tiré du single éponyme, tandis qu’une nouvelle version du groovy Hate Red, Deep It, tiré de l’album Chandelier, nous est proposée.
Conclusion :
Plastic Tree livre avec cet album une nouvelle pierre à son édifice déjà conséquent avec ce Nega To Posi de haute volée, preuve, si besoin était, que la formation est l’une des plus talentueuses de la scène visual-kei.
De plus, certains titres devraient prendre une tournure nouvelle en live, que ce soit les ballades dans le style de Spica ou des titres plus brut comme Fujunbutsu ou Sabbath.
Pour les quelques sceptiques de leur venue en France, écoutez cet album ; trop rock pour certains, trop pop pour d’autres, Plastic Tree est un hybride musical, certes, mais extrêmement talentueux dans tous les cas, et ce Nega To Posi en est la preuve parfaite, mix magique de divers style accouchant au final d’un son unique et prenant.
Les + :
- La voix de Ryutaro, unique
- La diversité de l’album
- Des chansons taillées pour le live !
Les :
- Une voix pouvant paraître irritante
- Trop de diversité tue la diversité pour certains
Note :
7.5/10