Auteur d’un premier album, Landsmark -après une participation à la musique du film All About Lily Chou-Chou dans lequel elle jouait le rôle titre- passé relativement inaperçu malgré une qualité de composition et une voix au-dessus du lot des chanteuses de Jpop habituel auquel nous sommes malheureusement que trop habitués, la belle Salyu sort en février 2007 l’album Terminal, petite pépite de pop-rock immersive comme on aimerait en écouter plus souvent.
Salyu, ça va bien ?
L’album démarre sur les chapeaux de roues avec Tobira, où guitares, batterie et piano joué par la chanteuse s’entrecroisent et mettent en avant la voix de Salyu.
Pour les auditeurs du précédent album, le choc sera rude, car en effet, les immersives ballades au piano qui composaient essentiellement le premier album de la demoiselle (du moins l’auditorat masculin l’espère) ont laissé place à une musique plus punchy, aux subtiles touches électro, et au feeling jazz de cabaret extrêmement réussi !
Les mélodies sont ainsi beaucoup plus accessibles que par le passé, là où le piano seul peut rapidement rebuter, Salyu a fait le choix, peut-être plus commercial (encore que les chansons tournent toutes autour des 5 min), d’inclure d’autres instruments dans sa musique, mais ici, nous n’y perdons aucunement en qualité, les ambiances distillées dans l’album sont immersives à souhait.
Les guitares sont claires, un son cristallin et reposant sort des cordes des instruments, le tout couplé avec une basse au son puissant, grave et chaleureux à la fois.
Quant au piano, celui-ci est mis en avant par rapport aux autres instruments, mais l'ensemble forme un tout extrêmement homogène ; ainsi, ce qui est de plus en plus rare apparaît à nos oreilles : une alchimie réelle entre tous les instruments se forme, et ce n’est plus tant des instruments qui jouent qu’un fond sonore, une ambiance qui se forme, au service de la voix de la chanteuse.
Jpop isn’t dead!
Car, plus encore que dans les autres styles, la pop se doit d’avoir une chanteuse au top pour que la mayonnaise prenne.
Et en l’occurrence, comparer Salyu avec ce qui se fait actuellement, c’est un peu comparer du caviar à des oeufs de lympe, ça y ressemble, mais ça n’a définitivement pas la même saveur (Et quand je dis chanteuse, je ne dis pas Leah Dizon, on ne mélange pas les torchons et les serviettes *).
Puissante, voilée, douce, sachant se faire grave quand il le faut, mais dans tous les cas, vraiment touchante, on ne se remet pas facilement d’une telle voix, à classer dans le haut du panier des chanteuses de pop japonaises.
De plus, son répertoire est extrêmement varié, Salyu chantant avec facilité les genres les plus divers, du doux rock de Kaze Ni Noru Fune, où le final nous laisse pantois devant une telle puissance vocale, l’émotion, la tristesse suintant vigoureusement des paroles de la chanson, à la ballade touchante comme sur I BELIEVE, au titre évocateur sur les sentiments de la chanson, et où les notes montent crescendo en même temps que la voix pour exploser dans un refrain mémorable dont on se rappelle assez longtemps pour peu que l’on soit un amateur de ce style de musique.
On ne ressent même plus que la chanteuse vit la musique, on a l’impression qu’elle EST la musique, habitée par les notes, et transformant en moments trop courts des chansons longues dépassant constamment les 5 minutes.
Malheureusement, certaines pistes sont de trop, sonnant comme des endings d’anime, mais celles-ci sont heureusement ausculté par la beauté des autres chansons, la dernière piste, TO U, nous faisant chanceler devant une telle mélodie, la plus belle de l’album, où, tout au long des 8 minutes 14 du titre, Salyu impose une douce mélancolie, triste réussite où le piano, instrument extrêmement émotif, impressionne par sa facilité à donner du chagrin, et qui prouve, à tout ceux qui en doute, que la musique est un art ...
Conclusion :
Bien que la musique de la chanteuse se soit assagi pour devenir plus accessible qu’auparavant, TERMINAL est un grand album, aux forts relents de jazz calme et posé, qui aurait pu être parfait si il avait été amputé de deux trois chansons qui sont définitivement de trop sur cet album.
Il est à espérer que cette sublime voix connaîtra le succès qu’elle mérite, tant le talent de Salyuest immense
Les + :
- La voix, puissante et émotive, de Salyu
- L’alchimie qui ressort entre les instruments et le chant.
- Le coté Jazz Lounge qui émane des chansons.
Les - :
- Certaines pistes sonnent trop facilement comme des endings d’anime.
- L’orientation, plus accessible de la musique, pouvant rebuter les aficionados du premier opus de la belle.
Note :
8.5/10
*Non, cette phrase n’est pas emprunte de médisance envers la talentueuse et belle (surtout déshabillée) Leah Dizon