Live Report du concert du jeudi 18 juillet au Mean Fiddler.
Il est souvent bon d'assister à un concert sans connaître l'artiste en question, ainsi vierge de tout à-priori ou d'idées préconçues : l'opinion que l'on s'en fait est alors généralement plus nuancée, débarrassée de la possible vision idéalisée d'un auditeur qui trouverait le chanteur "mignon".
Toute peur ou inquiétude quant à assister à ce concert particulier s'envolent dès l'entrée dans les lieux. Le Mean Fiddler, oppressant, est bondé de monde, des personnes qui ne tarderont pas à finir trempées de sueur. Alors qu'arrive sur scène le Tokyo Ska Paradise Orchestra, ou SkaPara pour les fans, ses membres plutôt classes vêtus de costumes blancs, l'engouement que le groupe provoque déjà à Londres se ressent de suite. Le public, un mélange de Japonais, de skaters et d'hommes d'affaires, répond énergiquement lorsque le groupe débute le premier morceau, Taiyô ni Onegai.
Ce qui suivra pendant l'heure et demie suivante sera un des moments les plus funs et un des groupes les plus intéressants que Londres ait vus depuis un moment. Le SkaPara offre un excellent mélange de styles musicaux, avec toujours une sorte de fonds de ska. Il n'est pas si fréquent de voir un public répondre de façon si positive à la musique d'un groupe, et ceci inclut les fangirls fanatiques des concerts de visual en Europe !
Le son du groupe se rapproche parfois de celui de Reel Big Fish, d'autres fois d'un jazz latin assez lisse. L'absence de chants ou du moins d'un leader assumé peut parfois perdre un groupe dans des directions diverses, mais au sein du Tokyo SkaPara, cela donne à chaque membre l'occasion d'être mis en valeur.
Après trois chansons, clôturées de façon appropriée par A Quick Drunkard (soit "Un ivrogne rapide", au moment même où plusieurs personnes du public se hâtent de terminer leur verre pour rejoindre l'agitation de la fosse !), l'un des saxophonistes s'avance pour prendre rapidement la parole. A l'aise, gardant ses lunettes, il réussit à exciter encore une foule déjà trempée de sueur. Même si l'instant est bref, il crée tout de même un vrai sentiment de rapprochement entre le groupe et le public.
Le clou du concert arrive vers le milieu de la soirée, avant que ne soit joué le populaire Lupin. Se concentrant sur un beau solo du "piano à vent melodica", un étrange instrument hybride entre trompette et piano, Skarude Dub apporte une quiétude bienvenue ainsi qu'une touche de grâce à cette soirée par un doux son mélancolique. Suit un bref solo du saxophoniste qui s'adressait plus tôt au public pour une partie intitulée Latin Bit. Les deux performances associées se révèlent véritablement captivantes, et préparent habilement le public pour les premières tensions provoquées par Lupin.
Après Lupin, le rythme ne faiblit pas, avec encore du ska jazz-samba accrocheur. A cause d'une fosse déchaînée, plusieurs groupes d'amis se retrouvent séparés, mais personne ne semble se plaindre de danser près d'un étranger plutôt que d'un ami. Les remerciements finaux sont suivis d'applaudissements explosifs et de demandes pour un "encore", qui a lieu presque immédiatement. Ce n'est que rendre justice au groupe que de dire que le Tokyo Ska Paradise Orchestra a apporté un quelque chose de vraiment spécial ce soir-là au Mean Fiddler, réussissant à illuminer une salle un peu minable et à réchauffer une nuit londonienne froide et humide par un mélange exotique de ska.
Setlist :
Taiyô ni Onegai
Tequila
A Quick Drunkard
-MC-
Call from Rio
Skull Collector
Walk between the Rainbows
Natty Parade
Ska Me Crazy
Skarude Dub
Latin Bit
Lupin
Anya kôro
Lilac
White Light
Godfather
Tongues of Fire