Chronique

Demon Kogure - GIRL'S ROCK√HAKURAI

14/02/2008 2008-02-14 12:00:00 JaME Auteur : FoX

Demon Kogure - GIRL'S ROCK√HAKURAI

Album de reprise du cultissime chanteur de SEIKIMA II- 8.5/10

Chanteur à l’aura culte au Japon, Demon Kogure est par chez nous ignoré par la plupart des auditeurs de musiques japonaises (préférant peut être le visual kei de bas étages au classieux hard rock du sieur). Il faut dire que celui-ci est une figure de prou du heavy metal japonais, ayant déchainé les enfers et régné d’une poigne de fer vingt années durant avec son ancien groupe Seikima II jusqu’à sa disparition la veille du XXIeme siècle. Outre sa voix, magnifique, c’est surtout un charisme puissant et une extravagance sans limite qui ont élevés ce chanteur au rang d’icône de la musique nipponne...
Auteur l’an dernier d’un GIRL’S ROCK qui reprenait à sa sauce des standards féminins de la pop japonaise, celui-ci revient avec un album dans la droite lignée du précédent, GIRL’S ROCK√HAKURAI, qui suit la même lignée sur la pop mondiale... Au programme donc aujourd’hui, des reprises encore et toujours, mais cette fois mondialement connues. Le tout étant repris à la sauce de cet esprit maléfique qui a encore décidé de nous jouer pour le coup de bien mauvais (33) tours...


REPRISE DE (HAUTE) VOLÉE


L’album démarre fort avec une reprise de Holding Out For A Hero. Tube phare des années 80, chantés par une Bonnie Tyler alors au top de sa gloire, cette reprise donne bien le ton de ce que nous sommes en droit d’attendre de l’album... Du hard rock énergiques, certes peu original, -si ce n’est dans un traitement des guitares et des claviers plus japonais qu’occidental- mais au combien efficace.

Guitares puissantes, claviers omniprésents, et basses bien graves, on peut dire que cette chanson est dépoussiérée... L'antiquité originale laisse ainsi place à une mélodie forte et mémorisable, perdant la rugosité des vocalises de la chanteuse ce qu’elle gagne en émotion. Ce n’est pas pour rien que Seikima II fut durant toute sa carrière un groupe incontournable. Son chanteur ayant cette faculté de transcender les chansons, quelque soit le style, de la pop au heavy metal, ce que peu de musiciens peuvent se targuer de faire.

C’est ainsi que la reprise de Turn Into A Love de Kylie Minogue se fait plus pop que le titre introductif, misant avant tout sur les basses et où les vocalises de Demon Kogure sont mises en avant durant toute la chanson, pour la même réussite.

L'album alterne ainsi plages calmes et tons plus heavy. Eat You Up, reprise d'Angie Gold repart de plus belles, enchainant solos virtuoses et excellents riffs... Du tout bon, tout comme Mr. Summertime, reprise de la chanson Une Belle Histoire, qui fut il y a une vingtaine d'année un grand tube de la Jpop, la chanson de Fugain ayant été reprise par le groupe The Circus. Cette chanson est la plus émouvante de l’album, la voix de Demon Kogure se mariant à merveille avec le clavier qui reprend exactement la mélodie originale tandis que les guitares apportent à la chanson une touche de mélancolie que n’avait la première reprise.

Tonigh Is What Means To Be Young, la chanson qui suit rappellera des souvenirs à bien des cinéphiles. Final culte du film de Walter Hill, Street Of Fire, cette musique, tout comme le film, valait pour la prestation d’une Diane Lane ici rayonnante de beauté (pour ne pas dire plus...). Un pur moment de rock&roll cinématographique comme ce film en livre tant. La reprise du hit de Fire Inc est une réussite, recopiant à la lettre l’original en y ajoutant simplement des cuivres lors du refrain, et bien sur une voix masculine.

La vidéo est encore à l'honneur sur une autre chanson, NEVER, reprise d'une chanson de MIE des Pink Lady, groupe qui eut son heure de gloire au début des années 80. A noter que celle-ci tournera, plus tard, dans un film réalisé par le maitre du Pink Eiga au Japon (cinéma érotique nippon..), avant de finir comme chanteuse du groupe Animetal Lady
Mais trêve de jérémiade et revenons à notre chanson, magnifique concentré d’émotion où la voix puissante de Demon Kogure se permet de magnifiques montées, complété par une réappropriation musicale très réussi.


Demon et merveilles


On pourrait presque parler de travestissement musical, que dis-je, d'androgynie vocale tant il paraît simple pour lui de reprendre des artistes féminines... Ici la voix de Demon sublime la chanson parvenant toujours à faire oublier l’originale. Est-ce timbre profond, peu féminin pourtant, ou sa faculté à jouer si facilement avec les tons et les aigües ? Dans tous les cas, c'est un bonheur d'entendre une voix si unique à une heure où l’on assiste à une uniformisation vocale des plus déprimantes, encore plus au pays du soleil levant.

Dire du bien de la version première de ce I Like Chopin relèverait presque du suicide auditif. Même une chanson des Modern Talking passe pour un chef d’oeuvre musical au coté de ce sommet des années eighties, cumulant les pires défauts de l’époque. On imagine que le pauvre Frederic dût se retourner dans sa tombe à la sortie de ce morceau. Même si cela était à la mode en son temps, ce mid tempo en fait une reprise supérieure à l’originale, chose qui n’était que peu difficile.

Mais la surprise de ce disque est sans conteste la folle reprise, représentant magnifiquement la personnalité extravagante de l’artiste, qu'est cette reprise de La Lambada de Kaoma... Alors certes le coté dansant du morceau disparaît, au profit d'un slow parfait pour les bals de fin d’années, gagnant au passage un solo génial et une basse virevoltante... Du très grand art donnant parfaitement le sens du mot reprise.

Car les musiciens de session sont ici tous excellents, certes ce sont des musiciens de sessions et non des rocks stars, il n’empêche que ceux-ci livrent des solos géniaux et des mélodies originales... et cela permettra encore mieux à Demon Kogure en live de faire son show man. Complétant parfaitement leur chanteur et donnant encore plus d’émotions à ses vocalises, ceux-ci se démènent comme des beaux diables durant le disque sans jamais en faire trop.

Cherry Bomb en est la preuve parfaite, là où les mélodies des musiciens s'imbriquent parfaitement avec la voix puissante du chanteur sans jamais la déranger... Le refrain ultra accrocheur met ce morceau dans le haut du panier de l'album, tout comme ce riff de guitare saccadé, peu original mais au combien efficace. Le titre Show Me, reprise du groupe The Cover Girls (qui elles même reprenaient la formation de Heavy Metal Asia, bref on se perd légèrement dans tout ça) possède les mêmes caractéristiques.

L'album se finit avec le magnifique slow Don't Cry, achevant l'auditeur via la virtuosité vocale de Demon Kogure... Le seul bémol que l'on pourra signaler est qu'il faudra vivre au Japon pour vivre ce genre d'émotions en live... Un chanteur de cette trempe ayant finalement bien peu de chances de passer par le vieux continent.


Conclusion


Kerry King de Slayer a dit un jour que l’on peut faire une reprise de deux façons, soit en la changeant complètement soit en la faisant à l’identique. On pouvait donc se poser des questions vu l’exercice casse gueule qu’est la réalisation d’un cover album. Or le talent de l’artiste est immense et ce GIRL’S ROCK√HAKURAI est un disque plein de surprise dont l’écoute est recommandée à tout amateur de Hard Rock FM.
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