Chronique du dernier album de Sambomaster. 9/10
Groupe électrique existant depuis l’an 2000, Sambomaster est une réussite totalement à part dans le cercle musical nippon. Passé chez Sony music en 2003 après un passage remarqué à un tremplin d’un festival, la formation connaît dès lors un succès fulgurant, aidé par sa participation aux génériques et endings des séries Densha Otoko et Naruto.
Là où la surprise est grande c’est dans les sonorités de ce groupe qui pour l’instant ne s’est jamais renié dans ses compositions. Peu orthodoxe dans un monde où le passage en major calme les ardeurs de nombres de groupe. La meilleure preuve en est ce quatrième album, Ongaku no Kodomo wa Mina Utau, sorti le 23 janvier 2008.
Eclectique et délirante, la musique de Sambomaster est totalement hallucinée. Partant sur une base rock des plus classiques, dans le sens noble du terme, le groupe se distingue par des vocalises uniques, propre à ce seul et unique groupe. En effet derrière la bouille ronde d’otaku de Takashi Yamaguchi se cache un intense front man, à la fois chanteur et guitariste du trio.
Son chant est en effet tout sauf classique ; ainsi, le leader jongle entre une voix claire presque basique, d’un timbre très cassé parfois très juste dans ses aigües... Et un chant plus criard d’un autre monde. Ces passages, très présent tout au long de l’album, procurent un effet hautement schizophrénique à la musique du groupe. La folie emprunte alors les compositions, le groupe, et son chanteur, se dédouble dans une agressivité quasi-punk, pour un résultat psychédélique.
De plus, les transitions se font naturellement, les interventions étant disséminés tout aux longs des chansons. Les variations de voix étant très présente, on évolue crescendo au fur et à mesure des chansons vers ce moment de tension, ce climax, où Takashi semble se délester d’un trop plein d’énergie. Comme sur Shonen Electric, pur moment de rock déjanté, où la démente voix se marie à merveille avec une tempête musicale, où le batteur martèle à tout rompre son instrument, où la basse se déplace au gré de ses envies sur la partition tandis que le riff imparable de guitare place la mélodie parmi les meilleurs de ce groupe.
Car il faut souligner que ces musiciens sont loin d’être des manchots. Dotés du don dit de la composition qui tue, ceux-ci tirent du minimalisme musical de leur rock de grands avantages. En effet pas besoin d’une basse, douze guitares et trois chanteurs pour faire de la bonne musique, ici le trio en fait peu mais le fait mieux que quiconque. Les trois musiciens se complètent parfaitement, alliant une base rythmique de grande qualité, avec la basse virevoltante et puissante de Yoichi Kondo, se détachant souvent d’une batterie qui elle, variée au possible, met en avant l’impressionnante technicité de Yasufumi Kiuchi. Le tout étant bien sur complété par les riffs efficaces du leader, qui n’hésite pas à jouer des saturations et distorsions avec aisance et réussite. Quant aux solos, ils sont toujours de grandes qualités, peu présent, et loin de la virtuosité d’un Hizaki ou d’un Ohmura, ils sont purement rock et s’avèrent d’une redoutable efficacité.
En plus du hard rock puissant qui parsème près de la moitié de l’album - avec des tubes tels que Ai suru koto subete, Hikari Hito Shizuku, et leurs refrains enlevés qui squattent de grées ou de force votre tête pour une journée, on goute aux joies de la variété (au sens propre du terme) avec des titres lents et d’autres au groove imparable et aux fortes consonances funk, notamment dans la basse. Pour les premiers cités, ils ne sont pas inoubliables, mais ont le mérite de faire varier les tons et d’éviter une trop grande répétition, comme pour Good morning sentimental woman, possédant tout de même la patte reconnaissable du groupe. Pour le reste, c’est un peu la cerise sur le gâteau de cet album, tant des titres comme very special !! et surtout Haru nan desu, donne le moral pour la journée et se place parmi le meilleur de cet album.
Car en plus d’être extrêmement rythmée, la musique du groupe s’avère être aussi un remède contre la morosité, aux notes enjouées et à la voix inimitable (c’est au cas où vous n’auriez pas encore compris). Même lors des chansons les plus calme, on ressent un vague sentiment de bonheur nous envahir, comme sur les deux titres qui clôturent, parfaitement, l’album que sont Atarashii Asa et I Love You. On ressort alors le sourire aux lèvres de cette écoute.
Qu’on se le dise, Sambomaster ne s’est pas assagi et s’avère une bouffée d’air frais dans le monde du J-rock. Porté par la voix hors du commun de Takashi Yamaguchi aux frontières de la folie pure, le groupe livre avec Ongaku no Kodomo wa Mina Utau un excellent album de pure rock comme on aimerait en voir plus souvent. Rythmé, varié, bourré d’énergie, ce disque est tout simplement un des indispensables de ce début d’année 2008.
Note : 9/10