Te' - Sore wa, Narihibiku Sekai kara Genjitsuteki na Oto o 'Uta'ou to suru Shikou

Deuxième album pour les post-rockeurs japonais de Te'. Au nom encore une fois imprononçable : Sore wa, Narihibiku Sekai kara Genjitsuteki na Oto o 'Uta'ou to suru Shikou. Ce groupe est la preuve parfaite, que dans ce genre musical, les frontières sont larges, et les contraintes posées, quasi inexistantes. Evoluant aux confins des genres et des structures, cette musique peut, même schématiquement, différer suivant les artistes.


Et la formation en est la preuve parfaite, tant le rapprochement se fait naturellement avec l'une des plus populaires formations du Japon dans le post-rock, à savoir Mono. Mais bien loin d'insulter leur musique, la structure et la composition des chansons diffèrent, et de très loin des rockeurs de Te'. D'une construction plus atypique pour le genre, à savoir une mise en place très longue ayant tendance à se répéter, d'où la vindicte de certains qui n'hésitent pas à parler de pillage concernant la musique de ce groupe, celle-ci privilégie l'émotion à l'originalité.

Et à l'inverse, le CD, critiqué aujourd'hui, détruit tout ce qui peut se faire dans le genre. Déstructuration, risque et innovation. Trois mots qui, au pluriel, définissent parfaitement la musique de Te'. Ici rien n'est commun, les mélodies du groupe sont violentes, coupées, parfois très courtes, aucune ne dépasse les six minutes, allant à l'essentiel. Et l'on se rend compte que ce n'est pas pour autant que le groupe prend le temps de mettre en place ses ambiances.

La meilleure preuve en est la seconde piste Utsukushiki Senritsu mo, Oto o Kataru Gen o Motazushite wa Kokoro ni mo 'Todo'me ga tashi., véritablement épique, qui a pour fil conducteur la virtuosité de Tachibana à la batterie. Commençant très calmement, les ambiances dégringolent petit à petit dans la vitesse pour finir dans un final apocalyptique. La basse vrombit de fureur, les guitares saturent, les riffs s'insinuent en vous et s'avèrent, malgré la longueur de la piste, terriblement mélancoliques et tristes, en dépit d'une violence époustouflante.

On est bien loin de la musique typique (pour le genre) de Mono, tant et si bien que l'on a du mal à dénoter les influences du groupe. Te' n'est musicalement que le reflet de sa propre entité, ayant su digérer ses influences pour ne pas qu'elles apparaissent. Qu'on se le dise, la formation a une sonorité unique, s'amusant avec les codes pour ne pas tomber dans la facilité, animée par une rage et une spontanéité qui fait véritablement plaisir à entendre.

Une invitation au voyage. Emplie de fureur et de tristesse. Telle est la mélodie de ce Sore wa, Narihibiku Sekai kara Genjitsuteki na Oto o 'Uta'ou to suru Shikou. Les ambiances se changent, la claque reste présente, de plus en plus violente à mesure que continue le disque. L'album s'écoute malgré tout d'une traite, pas comme unique piste, mais tel dix morceaux qui se suivent, animés d'une même envie, d'un même but.

La recherche de l'émotion, l'exaltation des sentiments, implosent, dans leurs puissantes mélodies. Choc auditif suspendu dans le temps par des notes sorties de styles différents, d'années antérieures, que l'on n'aurait pu imaginer ici. Et qui pourtant, toutes mélangées, finissent par donner une entité unique. La formation habile, joue alors avec les genres pour donner corps et âme à sa musique, sublimant ainsi son post rock.

Que l'on ne s'étonne alors pas de noter des réminiscences jazz ou pop dans certaines parties des morceaux, voir se risquant même à des intonations presque emo. Il faut dire que vu le niveau des musiciens, ceux-ci peuvent aisément se permettre de prendre de tel risques. Surtout lorsqu'ils sont gagnants comme sur cet album. Ainsi n'entend on pas la basse slappée, les guitares oser tout genres de riffs tandis qu'un lointain cri annonce un changement de tempo, se traduisant par un vif enchaînement dicté par la vitesse d'exécution du batteur.


Grandiose et virtuose. Emotions poussées à leurs paroxysmes. Ce second album de Te' surpasse de loin son prédécesseur. Prenant des risques, le quatuor n'hésite pas à sortir des balisés sentiers du post rock tel qu'on a l'habitude de le voir. Pistes plus courtes mais tout autant remplies en émotions, la musique du groupe fait voyager loin, très loin. Avec ce disque, la formation devient bien plus qu'un simple espoir de la scène, mais se métamorphose désormais en l'un de ses meilleurs représentants, bien que malheureusement trop méconnu. Pour vous en convaincre, jetez donc un oeil à leur DVD live, juste monumental.


Note : 9,5/10