Chronique

Dragon Ash - LILY OF DA VALLEY

16/08/2008 2008-08-16 12:00:00 JaME Auteur : Jerriel

Dragon Ash - LILY OF DA VALLEY

La bad boy attitude selon Dragon Ash - 6/10

Album CD

LILY OF DA VALLEY

Dragon Ash

A l'aube de l’an 2000, Dragon Ash est atteint du syndrome que j'appellerais du roi Midas. Tout ce qu'il touche se transforme en or. Viva la revolution a été ce déclic qui a permis au groupe d'atteindre des sommets de popularité. Bien trop rapidement étiqueté hip-hop - et d'ailleurs personne ne s'en plaindra car c'est grâce à cette musique que Dragon Ash connaît enfin le succès tant attendu, le groupe s'engouffre dans la brèche qu'il vient d'ouvrir une année plus tôt et enchaîne les singles et featurings, avec notamment Yamadaman et Q, les MC énervés de Rappagariya sur Deep Impact, ou avec SHUN et SHIGEO du groupe Shebo King.
C'est aussi durant cette période que Kenji Furuya et DJ Bots se lancent dans la production en créant le side-project Steady & Co, avec ILMARI de Rip Slyme et le même SHIGEO précédemment cité. Quant au titre Shizukana hibi no kaidan wo, disponible sur le maxi-single Lily's EP, il se retrouve même au générique de fin du film événement Battle Royale du vieux baroudeur Kinji Fukasaku, dont ce sera la dernière réalisation. C'est d'ailleurs grâce à ce film - et à cette chanson - que Dragon Ash sera remarqué à l'étranger et bénéficiera dorénavant d'une renommée internationale.

Dragon Ash multiplient les projets hip-hop, ils aiment le hip-hop, cultivent l'image hip-hop, et le font savoir. Et c'est justement là que le bât blesse. Comment prendre au sérieux un groupe qui, jusqu'à présent, faisait une mixture rock-funk-rap en tournant des vidéoclips dans des garages ou des bâtiments désaffectés, habillé de vieux pulls déformés, et qui, d'un coup, se pavane en accoutrement hip-hop "bling bling" au bord de piscines entourées de "biatch" dans la vidéo de Summer Tribe? Alors, bien sûr, on peut penser qu'ils ne se départissent pas d'un certain sens de l'humour et de l'auto-dérision, mais les clips et les sessions photos se succèdent, et Dragon Ash ne cesse d'exhiber cette image de faux bad boy MTV, car dans l'air du temps. C'est en plein milieu de cette "mascarade" que sort leur quatrième album, LILY OF DA VALLEY, en mars 2001. Alors niveau musique, où en est maintenant Dragon Ash ?

L'album s'ouvre sur ce qui est devenu maintenant l'habituelle Intro de Bots avec ses scratches et ses samples. Le son se fait ici plus électronique que sur les précédents albums, mais aussi plus dur, et c'est dès le titre suivant, 21st Century Riot que nous comprenons réellement que le groupe est énervé. Les rythmes se font tribaux, les guitares sont heavy comme jamais elles ne l'ont été, et Kenji déblatère sa verve comme s'il crachait du venin. Nous pouvions nous attendre à pire au vu des dernières productions du groupe, car ils n'ont finalement pas tout à fait abandonné le son rock des débuts. Mais' malheureusement, les titres s'enchaînent et se ressemblent: toujours les mêmes rythmes, les mêmes riffs bien trop acérés, les mêmes scratches épileptiques, le même flow typé rap hardcore. Tout ceci est bien trop violent pour que ce soit crédible. Où sont passées les mélodies magnifiques qu'enregistrait le groupe il n'y a encore pas si longtemps de ça?

Finalement, l'album se termine au bout de ses 15 titres, et on a bien du mal à en retenir quelque chose. Allez si, ne soyons pas trop sévères, il y a quand même bien quelques pistes qui tirent leur épingle du jeu, comme les calmes Sunset Beach et Shizukana hibi no kaidan wo, la très inspirée Yuri no saku basho de et ses violentissimes fulgurances punk qui trouveront d'ailleurs un intérêt maximal en live, la mélodique Lily of da valley qui renoue quelque peu avec ce que le groupe nous avait fait de meilleur dans Buzz Songs, ou encore, Deep Impact, qui, bien que peu originale au milieu de tous ces titres rap à guitares heavy, est tout à fait réussie.

Si nous le prenons tel qu'il est - un album de rap plutôt hardcore - LILY OF DA VALLEY est loin d’être mauvais, et c'est d'ailleurs ordinairement un album apprécié du public, mais les ronchons comme moi qui suivent la carrière de Dragon Ash et qui savent de quoi a été capable le groupe par le passé, ne manqueront pas de bouder. Finalement, toute cette surmédiatisation hip-hop ne profite pas vraiment à la créativité du groupe, et on se surprend à regretter les bonnes vieilles pincées de rap old school avec lesquelles le groupe saupoudrait leur rock.

Note : 6/10
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