Evasion éthérée. Note: 8,5/10
Cela faisait plus d'un an et demi que la douce OLIVIA n'avait rien sorti, plus exactement depuis OLIVIA inspi'REIRA (TRAPNEST), rôle dans lequel on a tôt fait de l'enfermer en occident, rattachant depuis son nom à sa participation à NANA. Cependant la chanteuse vaut bien plus que ça, et depuis bientôt dix ans qu'elle mène sa barque, son style a considérablement évolué, mais reste toujours reconnaissable et Ô combien talentueux. Il ne faut pas oublier que l'artiste cultive une singularité que l'on ne retrouve pas dans ce milieu. Que ce soit par ses débuts trip-hop (et sa collaboration avortée avec Közi) à sa pop aérienne d'aujourd'hui, peu de choses sont à jeter. Et ce nouveau mini-album Trinka Trinka, ne déroge encore une fois pas à la règle.
Les restes du passé sont tout de même peu visibles dans la musique de la dame Lufkin en 2008. Bien loin sont les morceaux planants, presque mystiques, qui marquaient les débuts de l'artiste il y a bien des années de cela. Mais heureusement pour nous, la pop niaise et sans saveur des chansons pour NANA (je vous épargnerai les blagues saignantes) est elle aussi mise de coté. Autant en terme de popularité, cette participation musicale lui aura apporté un nouveau public (et encore, OLIVIA n'est pas Kumi Koda) , autant en terme musical, une chanson de THE LOST LOLLI vaut bien plus qu'un TRAPNEST tout entier (et le constat est le même pour Cut me free ou If you only Knew de l'album THE CLOUDY DREAMER).
On est donc sur cet album, vous l'aurez deviné, plus proche d'un des albums sous son nom que ceux qui se cachaient derrière l'animé culte d'AI YAZAWA. Trinka Trinka lance l'album sous les chapeaux de roues, magnifique tube rétro avec ses sonorités electro-pop semblant tout droit sortir du début des années 90 avant de laisser place à un refrain dansant au possible. Il n'est pas à douter que la chanson fera un succès en live, les montées d'OLIVIA au cour d'un refrain entêtant, les sonorités aériennes des claviers et de la guitare de son frère JEFF suffisent à garder la chanson en tête de longues minutes durant.
Le nouvel envol de la chanteuse se fait avec succès. Il est effectivement loin le temps de ses débuts il y a 10 ans, mais l'artiste conserve quelques réminiscences du passé au détour de ses chansons. Les notes aériennes, le clavier éthéré, la sensation d'évasion, tant de choses qui restent présentes dans ses compositions, tout en étant beaucoup moins noires qu'auparavant. La pop d'OLIVIA est maintenant bien loin de la noirceur, de la dépression qui faisait pleurer les jeunes filles au détour d'un épisode de NANA, au détour d'une ballade de THE CLOUDY DREAMER. Trinka Trinka symbolise l'espoir, parfois en mélancolie certes, mais où le sourire passe plus de temps sur un visage qu'une marque de tristesse. La voix met ainsi bien en valeur ces sentiments, que ce soit sur les magnifiques Collecting Sparkles ou Miss you, ou sur les plus rythmées Rain ou Your Smile. Les progrès sont vraiment audibles et la chanteuse se place sans aucun problème parmi les plus talentueuses sachant se faire tour à tour triste, enjouée ou aérienne sans qu'aucune fausse note ne soit à souligner.
Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas, changeant d'univers et d'ambiance, tout en gardant les claviers aériens comme ligne directrice. Aucune chanson n'est à jeter dans ce mini album. Il faut dire qu'OLIVIA après un an et demi sans nouvelle n'avait pas le droit à l'erreur, encore plus avec un mini album de seulement six chansons. Mais il est bon de voir que tous les artistes de pop japonaise ne privilégient pas la quantité à la qualité. Le disque contient d'ailleurs encore une pépite, MISS YOU, certainement une des plus belles chansons écrites par la chanteuse, véritable petite perle mélancolique où les montées de la belle dans les refrains magnifiquement amenés donne une seule envie, celle de s'évader pendant quelques minutes avec cette voix sublime. Les arrangements, minimalistes, permettent cette évasion Ô combien réussie, qui devrait faire le triste bonheur de bon nombre de monde durant les concerts de la chanteuse.
Il y a des fois où les mots ne veulent rien dire. Où il suffit simplement de fermer les yeux et de se laisser transporter par la beauté de la musique. Trinka Trinka est de ces albums qui gagnent en valeur d'écoute en écoute, pure poésie éthérée dans laquelle on aime se laisser transporter au gré des changements vocaux d'OLIVIA. Une très belle surprise, d'une artiste qui prouve qu'il y a une vie après NANA et ceci de très belle façon. Après, il est certain que ce style ne va pas plaire à tout le monde, et en grande partie aux fans ayant découvert cette artiste avec la populaire série animée. Beaucoup plus recherché et à contre-pied de la production actuelle, OLIVIA surprend et suspend en seulement six chansons. A la fois rock et aérien, il ne reste plus qu'à espérer un véritable album, pour pouvoir plus longuement profiter de l'univers Ô combien intéressant de cette chanteuse unique dans le moribond et plat paysage de la pop japonaise... Et pourquoi pas, la revoir rapidement sur le sol français.