Live Report

Live report - Acid Mothers Temple & the Melting Paraiso U.F.O. aux Mains d'Oeuvres de St Ouen, 19 novembre 2008

10/12/2008 2008-12-10 12:00:00 JaME Auteur : Jerriel

Live report - Acid Mothers Temple & the Melting Paraiso U.F.O. aux Mains d'Oeuvres de St Ouen, 19 novembre 2008

Les prêcheurs de la bonne parole psychédélique tiennent à vous dire que les extra-terrestres sont parmi nous


© Acid Mothers Temple - JaME - Philippe Hayot
Acid Mothers Temple & the Melting Paraiso U.F.O., l'une des innombrables formations de la famille Acid Mothers Temple menée par le guitariste illuminé Makoto Kawabata, est de retour en France pour une tournée européenne en novembre 2008 et se produit le 19 aux Mains d'Oeuvres de St Ouen. Le temps d'une soirée, la petite salle va se transformer en observatoire astronomique dynamique, à l'intérieur duquel l'équipe du professeur Makoto devra se charger de cartographier les étendues béantes de l'univers en traçant de grands coups de guitares-laser et de stridulations électroniques à travers l'espace. Une autoroute menant tout droit vers les hauteurs insoupçonnées du cosmos en ouvrant les portes des zones secrètes de la conscience. Un trip intersidéral sous psychotropes sonores.

Le groupe de rock progressif Stearica originaire de Turin, assure un premier défrichage acoustique en interprétant avec beaucoup de talent une musique aux confins du rock et du jazz, aux subtiles variations et ponctuée d'étonnantes déflagrations de saturation et de détonations rythmiques. Le public est conquis et c'est dorénavant solidement attachés à notre véhicule déjà en plein vol que nous accueillons les Acid Mothers Temple & the Melting Paraiso U.F.O. à se produire sur scène.

Les quatre membres de l'équipe, cheveux et barbes en bataille, vêtus de combinaisons hippies tout droit sorties d'une brèche spatio-temporelle avec Woodstock, sitôt leurs instruments accordés, se mettent à observer un point devant eux, au-delà du plafond, au-delà du ciel, très loin au-delà des limites quotidiennement expérimentées de la conscience. Ils pointent le doigt vers cet espace cosmique, essaient d'en appréhender la teneur, la texture, la distance, puis captant un message, ils en retranscrivent le code en laissant résonner les premières notes d'une série de sonorités synthétiques qu'aurait émis R2-D2 s'il était tombé petit dans la soupe aux choux. Puis tous les instruments s'activent et nous livrent un rock exalté à la rythmique effrénée et à une lead guitare en délire constant.

En transe totale, les quatre musiciens deviennent durant deux heures les gourous allumés d'une secte prêchant l'existence des extra-terrestre et nous entraînent dans un tourbillon de couleurs psychédéliques et hypnotiques. Tandis que la section rythmique explose, Makoto Kawabata se laisse transpercer par les ondes d'outre-espace dont il se fait l'hôte et meut son corps dans une espèce de danse rituelle complètement désarticulée. La guitare au bout de ses bras prend vie et émet de longues et stridentes plaintes ininterrompues saturant l'espace sonore. Hiroshi Higashi est quant à lui au beau milieu de la scène, parcouru de mouvements désordonnés et jonglant constamment entre guitare et séquenceur dont il en tire de puissantes et fluctuantes exclamations électroniques.

La musique s'arrête soudain. Les musiciens ont capté un nouveau message et s'en font une nouvelle fois les récepteurs radio. Le bassiste Atsushi Tsuyama se place devant le micro et entonne un lent chant diphonique, mystique et lancinant, bientôt rejoint par ses compagnons et formant une mélopée tribale destinée à favoriser la transe après l'absorption de certaines plantes psychotropes. Puis les ondes s'embrouillent. Atsushi Tsuyama capte différentes stations et débite bientôt plusieurs mélodies s'enchevêtrant les unes dans les autres, parmi lesquelles nous pouvons entre autres reconnaître Nostalgie avec Tout pour ma chérie de Michel Polnareff (!). Le corps tout entier se retrouve une nouvelle fois traversé et la musique reprend de plus belle, redoublant d'ardeur.

Makoto Kawabata brandit son instrument bien haut, comme pour mieux canaliser les messages reçus, puis tendant les bras au maximum, il le met en contact avec la tringle à rideaux en métal au-dessus de la scène. L'onde radio semble décuplée et les vibrations maintiennent le musicien dans un état exalté. Il fait tournoyer la guitare au-dessus de sa tête sans aucune retenue, obligeant Hiroshi Higashi à continuer à jouer en position accroupie pour se protéger, puis il la lance violemment à terre. Il ne garde que le cordon du câble jack à la main qu'il fait tournoyer inlassablement tout en exerçant des pressions sur les pédales wah-wah à ses pieds.

La musique en frénésie constante ne semble jamais s'arrêter et Hiroshi Higashi, éreinté, s'écarte du séquenceur en posant sa guitare et vient s'asseoir contre un mur au bord de la scène. Les autres musiciens commencent à comprendre à leur tour que la communication avec l'au-delà cosmique est coupée et abandonnent un à un leur instrument, avant de nous remercier chaleureusement et de s'éclipser.

La durée initialement prévue pour le show est déjà dépassée de près d'une heure et les cris et encore du public n'y changent rien. Le groupe quitte bel et bien la scène. Cependant, bien que la salle doive fermer (le service au bar est terminé, les lumières commencent à s'éteindre, ce sont des signes qui ne trompent pas), les Acid Mothers Temple s'attablent autour du point de vente des goodies et continuent les transactions, discutant avec leurs fans, sans doute de voyages intersidéraux et des civilisations lointaines dont nous avons perçu la présence ce soir.

Acid Mothers Temple & the Melting Paraiso U.F.O. est, c'est le cas de le dire, un véritable OVNI dans le paysage musical actuel, perpétuant le psychédélisme des années 60 tout en le broyant dans de multiples et larges influences. Mélodies répétitives et pénétrantes continuellement foudroyées de longs soli de guitare épileptique soutenues par une rythmique hypnotique, les compositions du groupe invitent réellement à la transe. C'est avec un énorme plaisir que nous nous laissons guider par ces gourous intemporels au-delà des portes de la conscience et que nous nous abreuvons de ces visions de l'ordre de l'extrasensorialité. Ajoutons à cela que le groupe est extrêmement communicatif avec son public (ce serait un comble qu'il ne le soit pas), toujours en train de plaisanter dans un français approximatif hilarant, et véritablement bon vivant (ils aiment bien le bar...), vous détenez maintenant toutes les informations, terrestres ou non, pour vous laisser convaincre d'aller voir Acid Mothers Temple la prochaine fois qu'ils passent par la France. Ce qui arrive plus souvent que vous ne pourriez le croire.
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