Bonjour. Pouvez-vous, s'il-vous-plaît, vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?
DODDODO : (épluche une mandarine) Bonjour, je suis
DODDODO. Je viens d'Ôsaka. Je suis en ce moment même à Nîmes. Je suis en train de manger une mandarine. Et je saigne un peu du pouce (rires).
Quand avez-vous décidé de vous lancer dans la musique ?
DODDODO : Je fais des concerts depuis à peu près l'année 2000.
Une raison particulière vous a motivé à en faire ?
DODDODO : Même maintenant je ne sais pas pourquoi j'ai commencé à faire de la musique.
D'où vient ce nom, DODDODO ? A-t-il une signification ?
DODDODO : Il n'y a aucun sens. C'est juste cette sonorité,
DODDODO, et la forme des lettres qui m'importent.
Nous pouvons entendre dans vos morceaux un étonnant mélange de différents styles musicaux, a priori difficiles à concilier ordinairement : breakcore, hip-hop, cheap tune, musique ethnique, pop... Comment choisissez-vous vos sons et de quelle manière procédez-vous pour composer ?
DODDODO : Ce n'est pas du tout difficile à faire. Je ne cherche pas à prendre mes sources dans des genres bien définis. Je sélectionne juste ce qui me plaît. Certaines personnes n'écoutent qu'un seul genre de musique. Pour d'autres l'important n'est pas de poser un nom ou une définition sur les différentes choses qu'ils aiment. Je fais partie de ces dernières. Il n'y a vraiment rien de compliqué dans ce que je fais.
Avez-vous dès le début compris ce que vous aimeriez faire ? Ou avez-vous connu plusieurs phases d'expérimentation ?
DODDODO : Récemment, je me suis mise à chanter sur mes compositions. Jusqu'à présent je ne cherchais qu'à produire du son avec mes samplers. C'est la seule chose qui ait changé. Mais la différence est quand même importante.
Comment vous est venue cette envie de chanter ?
DODDODO : Une chanson d'une amie me plaisait vraiment. Je l'avais toujours en tête et je la chantais tout le temps, particulièrement quand je faisais du vélo. Je me suis dit que ça pourrait être quelque chose de génial pour ma musique, des paroles, une mélodie... Des images et des paysages pouvaient naître dans ma tête. Je me souviens avoir été très enthousiaste à cette nouvelle idée.
Avez-vous été influencée par autre chose ?
DODDODO : Je suis influencée par tout un tas de choses. C'est plutôt les rencontres humaines qui m'intéressent, plus que la musique en elle-même.
Pour parler de vos rencontres, votre première sortie est justement un split album avec MARUOSA. Comment vous êtes-vous connus et comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble ?
DODDODO : Je faisais un live près de chez moi, quand
MARUOSA est venu me voir et m'a abordée comme ça : (imite la voix de
MARUOSA, inexpressive) "Excusez-moi, ne voudriez-vous pas que l'on fasse un CD ensemble ?" (rires). Il avait l'air si sombre. Il est arrivé comme ça alors que je ne savais même pas qui c'était. Je me rappelle qu'il avait une drôle de coupe de cheveux à l'époque. Je me suis dit "c'est qui ce champignon ?" (rires). Mais ce fut quand même une très bonne expérience et j'ai été heureuse, parce que c'était la première personne à m'aborder avec une proposition de collaboration. C'était aussi la première fois que j'enregistrais un CD.
D'ailleurs, ce split album est intitulé Bibibibibibin Vol.1 (rires). Cela veut-il dire qu'un jour, il sera suivi d'un volume 2 ?
DODDODO : Je crois que le volume 2 est déjà sorti en fait.
Vraiment? Quand était-ce ?
DODDODO : C'était en 2003 il me semble. Mais je n'y ai pas participé. Il y avait un artiste d'Ôsaka,
aaaaa je crois, et un autre, dont j'ai oublié le nom. Un étranger
(NDLR : Après vérification, le deuxième musicien s'avère être Hardoff).
Vous avez distribué certains de vos albums à titre personnel. Etait-ce par choix ou parce qu'il est difficile de trouver un label ?
DODDODO : Je ne l'ai pas fait par dépit. Distribuer moi même ma musique est la seule chose qui me soit venue à l'esprit. Je n'ai pas essayé de trouver de label, ni de présenter ma musique à des professionnels. Editer des CD-R était la seule chose à laquelle je pensais.
Quand nous vous regardons évoluer, que ce soit vous ou d'autres artistes de l'actuelle scène breakcore, breakbeat, ou psychédélique d'Ôsaka, comme Afrirampo ou DJ Mighty Mars par exemple, nous avons l'impression que votre musique vous ouvre les portes d'un immense terrain de jeux. Quelle est votre manière de voir les choses ?
DODDODO : Je pense que c'est quelque chose de très agréable à vivre. La scène est très vivante et nous nous amusons beaucoup. Pourtant on ne peut pas décrire ce que nous vivons par le simple mot "jeu". Ce n'est pas seulement ça. Chacun d'entre nous apporte sa musique, sa propre expérience, sa personnalité, et nous formons un espèce de bloc souple et flexible. Nous nous amusons c'est vrai, mais cette somme d'individualités permet de nous influencer mutuellement, de façon positive. C'est une expérience vraiment intéressante.
La musique que vous jouez, que ce soit collectivement ou à titre individuel, vous permet-elle justement d'éloigner les soucis du quotidien et de diffuser une certaine joie de vivre ?
DODDODO : On peut dire que oui dans un certain sens. Je ne cherche pas particulièrement à oublier les soucis, et ma musique n'a, à l'origine, pas la prétention de communiquer la joie ou la bonne humeur. Pourtant, c'est exactement l'effet qu'elle procure sur moi. La musique tient une très grande place dans ma vie. On ne peut pas échapper à certains tourments et aux difficultés quotidiennes, mais j'arrive à les écarter.
Pour en venir à votre actualité, vous avez effectué l'hiver dernier une importante tournée européenne. Comment cela s'est-il déroulé et qu'avez-vous pensé du public européen ?
DODDODO : Chaque endroit est différent. Je ne peux pas dire qu'il y ait un archétype du public européen. Bien sûr tout le monde s'est bien amusé et a été réceptif à ce que je faisais, comme au Japon finalement. Ah si, la différence est peut-être que, les Européens aiment bien boire et se saouler (rires). Ils savent aussi très bien siffler avec leurs doigts, contrairement aux Japonais (rires).
Vous participez aujourd'hui au Lex à Nîmes. Comment avez-vous obtenu cette opportunité et quels sont vos sentiments à ce propos ?
DODDODO :
Franck Stofer est venu me voir jouer à Tôkyô. Il a apprécié ce que je faisais et il m'a invité à le rejoindre en France. Avant cela j'avais déjà vu une vidéo à propos de la précédente édition du festival, il y a deux ans, et je pensais déjà que c'était quelque chose de très intéressant. J'étais donc vraiment contente qu'il me propose d'y participer. Mais on ne peut pas dire que je sois très dépaysée d'être ici. A l'hôtel je ne suis qu'avec des Japonais, je ne parle qu'en japonais, on dirait que je suis partie en voyage organisé (rires).
Votre clip vidéo Neko ga nyaa te inu ga wan a récemment été diffusé en France (NDLR : Sur Nolife). Etait-ce la première fois que vous bénéficiiez d'une promotion à l'étranger ?
DODDODO : Oui complètement. J'ai regardé l'émission en question
(NDLR : DODDODO se trouvait en France lors de cette diffusion), et mon clip est passé juste après celui de l'idol
Aya Matsuura, connue au Japon sous le nom d'
Ayaya. Je me suis demandée "qu'est-ce que c'est que ce programme télé où tout est mélangé?" (rires). C'est quelque chose qui n'arriverait jamais au Japon.
Avez-vous encore de nouvelles ambitions ou des rêves ?
DODDODO : J'aimerais trouver quelque chose dans lequel je mettrai autant d'énergie que dans la musique. J'ai essayé de faire de la couture récemment, j'ai finalement arrêté au bout de trois jours. Je voulais aussi me mettre à dessiner des manga, j'ai abandonné en trois jours. Puis je me suis dit que j'allais devenir quelqu'un qui marche beaucoup. J'ai acheté un podomètre et je suis partie sans but. J'en ai eu rapidement assez et je suis rentrée à la maison. J'aimerais m'investir dans quelque chose de nouveau, qui ait pour moi autant d'importance que celle que j'accorde à la musique. Ce serait l'une de mes ambitions. Je suis actuellement en train de chercher.
Pour finir, que conseilleriez-vous à quelqu'un qui désirerait se lancer dans la musique ?
DODDODO : Je lui dirais qu'il vienne me rejoindre à Ôsaka pour que l'on puisse jouer ensemble.
Merci beaucoup !
DODDODO : (en français) Merci !
JaME remercie chaleureusement
Franck Stofer, le directeur du label
Sonore et directeur artistique du Lex,
Antoine Chosson, l'attaché de presse du Théâtre de Nîmes,
Satoko Fujimoto, notre interprète, et bien sûr
DODDODO.
Pour plus d'informations concernant les artistes du Lex, n'hésitez pas à consulter le site de Sonore ici.