Mardi 24 mars
Première journée à Nîmes et première journée de la seconde édition du festival L'Expérience Japonaise, organisé par le label
Sonore en partenariat avec le Théâtre de Nîmes. Pour cette nouvelle édition, les organisateurs ont voulu frapper fort et de façon nette et précise au niveau des artistes invités, plus d'une quinzaine de projets, groupes et artistes solo (ce qui fait un peu plus de 50 artistes !) et une programmation éclectique étalée sur 5 jours. De quoi régaler les amateurs de musique japonaise les plus gourmands ou n'importe quel non-initié. Du bonheur.
Picopico
Cette première journée (ou soirée) débute donc dans la joie et la bonne humeur avec un drôle de défilé dans les rues de Nîmes.
Picopico et sa parade de monstres, réalisée en collaboration avec les étudiants de l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes et du BTS Design de Mode du lycée Hemingway. Une initiative intéressante et un défilé qui ravit petits et grands, tous ébahis devant les monstres baroudant dans les rues de la ville. Des monstres de tailles et de formes variées rappelant tantôt notre enfance, avec des monstres gentils mais informes, tantôt les monstres sortis tout droit des livres de
Lovecraft.
Des "kaiju" fabriqués dans un espèce de polystyrène/plastique que les plus curieux n'hésiteront pas à toucher et à prendre en photo/vidéo. Un monstrueux défilé sans aucune méchanceté, des monstres gentils qui ne détruiront pas la ville à coups de queue comme certains.
Picopico qui se cachait dans une main au milieu du cortège, près d'un chariot muni d'une chaîne audio, se jettera sur un enfant pour l'engloutir juste avant de sortir de son costume, en slip, sous un tonnerre d'applaudissements de la part des Nîmois qui ont accueilli avec plaisir cette parade. C'est un bien sympathique moment et une bien bonne mise en bouche que nous partageons ensemble.
Kentaro!!
Une fois la parade achevée, il est 20h, direction le Théâtre de Nîmes (à deux pas) pour la suite des évènements. L'on prend place dans le gigantesque amphithéâtre avant de voir apparaître sur fond de
Yesterday des
Beatles,
Kentaro!!, danseur urbain aux nombreuses facettes. Dès son entrée sur scène, le public est étonné par cet artiste à la discipline rare, son spectacle mêlant plusieurs danses contemporaines et urbaines, comme le breakdance, ou des danses plus traditionnelles. Son jeu de scène épatant est soutenu par des musiques vraiment variées. Car
Kentaro!! ne se limite pas comme la plupart des danseurs de ce genre à un accompagnement sonore unique. Pop, rock, electro et bien sûr hip-hop, tout y passe. Ses chorégraphies sont animées par un jeu de lumière savamment orchestré. Un spectacle à déconseiller cependant aux épileptiques.
Kentaro!! mêle habilement humour, douceur et naïveté dans une discipline qui ne s'y prête pas si facilement. Il n'aura de cesse de jouer avec le public sur un jeu d'ombres, de lumières et de sons, faisant sourire et rire à bien des reprises. Une belle entrée en matière pour ce festival, le genre d'artiste que l'on voit avec un certain à priori quant au genre qu'il aborde mais qui nous offre un spectacle vraiment délicieux et incroyablement riche.
Kentaro!! se déhanchant comme un fou sur scène, tout en restant parfaitement synchrone avec la musique restera une image forte dans la tête des spectateurs, enfants ou adultes, qui applaudiront à tout rompre sa performance.
YMCK
Kentaro!! maintenant parti, on met en place le matériel de
YMCK, groupe que l'on a pu avoir le plaisir de voir à la télévision française, grâce à l'un de leur clip diffusé sur la chaîne Nolife.
YMCK est un trio et même plus. C'est un concept, trois membres complémentaires qui essayent d'éveiller (avec succès) des souvenirs enfouis de leur jeunesse aux fans de jeux vidéos que nous sommes. Souvenez-vous de ces sons 8 bit et de ces bandes sons qui tournaient en boucle sur nos vieilles consoles.
YMCK reprend ce concept-là, graphisme et son.
Derrière leurs écrans,
Yokemura et
Nakamura font preuve d'une grande dextérité dans le maniement des sons ;
Midori, toujours très classe avec sa robe type hôtesse de l'air de l'espace, nous enchante de sa voix pleine de douceur, chaude et éclairée. L'ensemble est bien sûr en harmonie parfaite, les vagues de sons successives jouées au synthétiseur par
Yokemura accompagnent comme il se doit les vidéo créées par
Nakamura, dont les textes ont été traduits en français à l'occasion du LEX. Les
YMCK jouent une musique pleine de couleurs avec de bien jolies envolées lyriques. Pourtant simple, cette musique montre tout de même que n'importe qui ne peut pas prétendre jouer correctement du "8 bit". Influencée par le jazz et les musiques de jeux vidéos, la touche
YMCK est omniprésente et revisitera même un classique de
Claude François,
Cette Année-là, avec textes traduits en japonais et vidéo à l'appui.
Une expérience visuelle et auditive riche qui comblera tous les fans dans l'amphithéâtre. Le groupe nous fera même en direct un petit arrangement à la Game Boy pour le plus grand bonheur de tous. Un moment de plaisir intense qui sera malheureusement éphémère, car bientôt arrive l'heure des adieux, malgré un rappel qui présentera plus en profondeur le groupe et la signification de leur concept ainsi que de leur nom. Pour ceux qui ne le sauraient pas,
YMCK signifie tout simplement Yellow, Magenta, Cyan et Black, traduit en français par CMJN (Cyan, Magenta, Jaune et Noir). Il s'agit-là tout simplement des 4 couleurs primaires utilisées en imprimerie et que l'on croise chaque jour.
Chimidoro
Vient maintenant l'heure de quitter le Théâtre pour l'Odéon, qui est à une dizaine de minutes de là. L'odéon de Nîmes est une salle avec une ambiance bien plus intimiste que la précédente, chose parfaitement calculée pour le groupe à suivre qui s'adresse à un public légèrement différent... Pour terminer la journée comme elle a commencé, dans la joie et la bonne humeur, c'est
Chimidoro qui s'y colle ! Groupe dance/electro bien groovy au son amateur totalement assumé,
Chimidoro nous invite à nous déhancher sur la piste de danse, en compagnie de
Kentaro!! pour plus d'une heure et demie de folie. Composé de deux MC (dont un chanteur et un rappeur) bien joyeux ce soir, un DJ concentré et imperturbable ainsi qu'un bassiste aux doigts électriques,
Chimidoro en fait également voir de toutes les couleurs au petit comité présent au concert : les irréductibles fous s'acharneront sur la piste pendant des dizaines de minutes.
À des centaines de kilomètres de ce que l'on connaît déjà, la musique de
Chimidoro est décontractée et drolatique ; à la fois simple et entêtante, elle nous fait bouger la tête, nous qui ne sommes pas bien habitués à ce genre de performance. Avec des paroles simples mais efficaces que l'on retient avec aisance, ils enchaîneront les tubes tels que
Chips Ahoy,
Royal Milktea, ou encore
Sexy Dynamite (à prononcer avec l'accent). Et n'oublions bien sûr pas
Kentaro (le chanteur) qui mettra ses lunettes fantaisistes pour un morceau plein d'intelligence sur le thème des... lunettes rigolotes. Son acolyte lui soufflera que ce n'est pas vraiment drôle, mais
Kentaro soutiendra que si. Un concert en total freestyle puisqu'aucune setlist n'a été établie au préalable, mais un concert fichtrement bien foutu, entraînant et plein de vie. On en revoudrait presque ! Un groupe avec lequel on se prend vite au jeu en hurlant à qui mieux mieux "Oh, Sexy Dynamite!!" (d'une voix gauche assumée). Du bon son pour se défouler après une journée assez chargée.
En résumé, cette première journée de l'Expérience Japonaise était sous le signe de la bonne humeur avec des artistes enjoués et vraiment heureux de participer à cette seconde édition d'un festival qui promet de bien belles choses avec la programmation à venir.
Pour plus d'informations concernant les artistes du Lex, n'hésitez pas à consulter le site de Sonore ici.
