Bonjour. Pouvez-vous s'il vous plaît vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Nao : Bonjour, nous sommes de Tôkyô et nous formons à quatre le groupe
CHIMIDORO. Nous faisons du rap et jouons de la basse sur de la musique électronique, ce qui nous rapproche ainsi des styles techno et hip-hop, avec un son plutôt cheap et funky. Nos paroles sont volontairement simples pour que tout le monde puisse chanter et se faire plaisir tout en dansant sur une musique joyeuse.
Les autres : C'est tout à fait ça (rires).
Nao, à l'université vous découvrez la scène techno de Detroit et le ghetto house. Cette rencontre a-t-elle été déterminante à votre envie de faire de la musique ?
Nao : Oui, vraiment. La musique de Detroit et particulièrement la house de Chicago ont eu beaucoup d'influences sur moi. Il y avait ces rythmes simples, sur lesquels des samples de voix étaient répétés à de nombreuses reprises. Ça avait l'air d'être simple mais on trouvait ça cool, bien funky et punchy. On s'est dit alors qu'on pouvait essayer d'en faire nous aussi.
Comment est ensuite né le groupe CHIMIDORO ?
Kentaro : Nous nous sommes connus au collège.
Nao : Oui, on jouait ensemble aux jeux vidéo ou on traînait dehors avec nos vélos. Puis on a acheté un synthétiseur et un sampler et on s'est amusé à chanter, à faire des trucs bizarres avec nos voix.
Hiroaki : Comme ça (lance d'une voix forcée) : "o-ho !" (rires)
(NDLR : Hiroaki chante toujours de cette façon complètement fausse mais assumée. L'un de leurs morceaux abuse d'ailleurs de ce "o-ho" hilarant).
Nao : Oui, ce genre de choses. De fil en aiguille nous nous sommes retrouvés à faire de la musique (rires). Et même à venir jouer en France (rires).
Dans quelles conditions avez-vous effectué vos premiers concerts ? Comment était alors la réception du public ?
Nao : Avant que
Kazuhiro ne nous rejoigne à la basse, nous jouions à trois devant des amis qui nous encourageaient, dans de petites salles, pour des fêtes ou des soirées.
Kentaro et
Hiroaki étaient particulièrement stressés. Ils n'avaient pas envie de le faire. C'était un peu comme un gage pour eux.
Kentaro : Une punition, oui (rires).
Nao : Mais j'ai vraiment insisté et ils l'ont finalement fait pour moi.
Kentaro : En ce qui me concerne je faisais DJ à l'époque, et je ne savais vraiment pas ce que c'était que de jouer dans un groupe. De plus on ne faisait qu'une seule répétition avant d'y aller (rires).
Nao : Après notre premier concert, j'ai vraiment pensé que nous n'en referions pas d'autres (rires).
Kazuhiro : Pour ma part j'étais spectateur lors de leur première soirée. Je regardais les
CHIMIDORO, et je pensais que c'était une formation vraiment intéressante. Ils transpiraient le stress, un peu comme un premier concert de collégiens. Ils avaient les mains qui tremblaient, ils n'osaient pas chanter, c'était quelque chose de frais et authentique. Un groupe vraiment extraordinaire (rires) !
Votre premier concert était-il pratiquement improvisé ?
Nao : Les paroles, le chant, tout était préparé à l'avance. Mais rien ne s'était passé comme prévu (rires). Hier tout était improvisé par contre (rires).
Vraiment ? Ça faisait très professionnel (rires). Kazuhiro, en quelle année avez-vous rejoint CHIMIDORO et dans quelles conditions cela s'est-il passé ?
Kazuhiro : Nous avions eu d'autres occasions de nous voir durant les mêmes soirées. Il se trouve qu'un jour
Kicell était également programmé.
Nao est un grand fan du groupe et il était vraiment tendu. Nous avons discuté à ce propos et c'est alors qu'il m'a demandé de jouer avec eux, pour avoir quelque chose d'un peu plus instrumental. C'était quand déjà ?
Nao : En 2006. C'était il y a trois ans.
Kazuhiro, est-ce que la musique de CHIMIDORO a évolué depuis votre arrivée ?
Kazuhiro : Ah non rien n'a changé (rires). Ce serait embarrassant si quelque chose évoluait. Il ne faut pas casser cette impression de musique amateur. Je ne voulais absolument pas toucher à ça.
Depuis vos débuts, il faut attendre une dizaine d'années, jusqu'en 2007, pour que vous sortiez vos premiers single et album sous le tout jeune label Tokyo Fun Party. Comment s'est passée votre rencontre avec son président SoccerBoy ?
Nao :
SoccerBoy est une connaissance de longue date. Il faisait partie du public lors de nos premiers concerts et il nous a dit qu'il voulait monter un label pour nous signer.
A-t-il été le premier à vous proposer un contrat ?
Nao : Nous n'avions pas du tout l'intention de sortir des CD au début. C'est
SoccerBoy qui nous a proposé d'en faire. Il nous disait "allez ! allez !" (rires). Et puis ça s'est réalisé.
Tout va ensuite très vite et vous êtes également distribué par le label français Sonore. Dans quelles conditions cela s'est-il passé ?
Nao : À part nous,
SoccerBoy a également signé un musicien français,
Digiki, dont l'album est d'ailleurs sorti le même jour que le nôtre. Nous sommes devenus amis. Il connaissait
Franck Stofer et nous a présenté.
Pouvez-vous nous parler de votre récent vidéo-clip de Tokyo Tokkyo Kyoka Kyoku ? Que signifient par exemple les masques que vous portez sur la tête ?
Kazuhiro : Le directeur artistique voulait faire quelque chose autour de notre concept du jeu entre amis. Nous portons le masque en fin de soirée, lorsque nous rentrons du travail à vélo, et que nous nous rejoignons pour aller faire la fête. Puis le matin nous retournons travailler, après avoir enlevé le masque. Il marque une espèce de frontière entre la réalité et le jeu.
Aujourd'hui, vous êtes en France pour le Lex 2009 aux côtés de nombreux autres artistes japonais, quels sont vos sentiments à ce propos ?
Nao : Il y a beaucoup d'artistes que j'apprécie énormément qui sont programmés au festival. Par exemple
De De Mouse ou
Kicell. Ça me fait vraiment drôle de penser qu'on y participe également et qu'on soit placé au même rang que les autres musiciens.
Quelles ont été vos impressions sur le concert d'hier ? Le public français est-il différent de votre public habituel ?
Hiroaki : Ça n'a absolument rien à voir (rires).
Nao : J'aimerais jouer tout le temps en France (rires).
Kazuhiro : Les français sont vraiment très extravertis, ils font ressentir leurs émotions.
Nao : Oui, vraiment ouverts.
Kazuhiro : Au Japon, même ceux qui aiment bien ce que l'on fait ne le manifestent pas vraiment. Parfois c'est à se demander si l'on ne nous trouve pas ennuyeux.
Nao : J'en parlais justement avec
Kentaro!! : au Japon si quelqu'un ne commence pas à montrer qu'il s'éclate, personne ne va le faire, pensant que c'est ridicule.
Kazuhiro : Mais on a été très heureux de se trouver face à un public qui montrait qu'il s'amusait beaucoup.
Se produire à l'étranger était-il l'un de vos rêves ? Qu'auriez-vous pensé dix ans plus tôt si un diseur de bonne aventure vous avait prédit que cela arriverait ?
Kentaro : Je ne l'aurais pas cru (rires).
Nao : J'aurais pensé qu'il est vraiment mauvais (rires). Ça aurait été impensable.
Kazuhiro : Quand on nous a proposé d'aller en France, c'était vraiment quelque chose d'incroyable. Je me suis dit qu'on avait bien de la chance de pouvoir voyager gratuitement et de donner un concert à l'étranger. Mais plus tard quand nous avons reçu la liste des musiciens présents, j'ai pris vraiment peur (rires) !
Que pensez-vous de la scène électronique japonaise actuelle ? À votre avis, qu'a-t-elle de singulier à offrir ?
Kazuhiro : La scène électronique est vraiment large je pense.
Nao : Dans la même soirée il est possible d'entendre du hip-hop, de la techno, du breakcore. Ces différents groupes s'influencent mutuellement, et de là peut naître quelque chose de vraiment original. L'électronique est aussi influencée par le rock, et par d'autres choses très variées.
Avez-vous d'autres projets pour le futur ?
Nao : Plus rien de mieux ne peut nous arriver maintenant (rires). Mais nous voulons faire un deuxième album. Nous avons aussi un autre projet qui est d'enregistrer un disque avec un groupe de filles. Elles chantent, jouent de la guitare, des claviers, font beaucoup de choses. En fait, ce sont des vendeuses de vêtements à Kôenji, elles n'ont jamais vraiment fait de musique, alors ça peut être quelque chose de très intéressant de jouer avec elles.
Vous prévoyez de sortir un single ? Un album ?
Nao : Rien n'a encore été décidé mais un album ça pourrait être pas mal.
JaME remercie chaleureusement
Franck Stofer, le directeur du label
Sonore et directeur artistique du Lex,
Antoine Chosson, l'attaché de presse du Théâtre de Nîmes,
Satoko Fujimoto, notre interprète, et bien sûr
CHIMIDORO.
Pour plus d'informations concernant les artistes du Lex, n'hésitez pas à consulter le site de Sonore ici.