Samedi 28 mars
Voici donc la dernière et plus chargée journée du festival l'Expérience Japonaise. Les artistes annoncés pour aujourd'hui nous enivreront jusqu'à la fin de la soirée, et c'est en peine que nous nous avançons vers la première salle.
Kan Mikami
Il est 15h. Le coeur lourd, nous nous dirigeons vers la Cour d'Appel de Nîmes, non pas pour assister à un quelconque procès, mais pour voir se produire en ces lieux le grand, le très grand
Kan Mikami, que nous avions déjà eu le plaisir de voir il y a quelques mois à Paris et un peu partout en Europe. Ambiance bien plus intimiste que le Théâtre de Nîmes ou l'Odéon, le lieu était tout indiqué pour cet artiste extraordinaire. Les premières notes de guitares résonnent déjà dans la salle et mettent en branle notre âme, on frémit lorsque la voix si reconnaissable, puissante et emplie de douleurs de
Kan Mikami, se met à retentir pour la première fois.
Des hurlements déchirant alors nos coeurs viennent nous percuter, et l'on ne sait plus quoi ressentir devant une telle déferlante de sentiments.
Kan Mikami chante et hurle la douleur et la tristesse, universelles. Ses cordes crient ses sentiments et nous font nous sentir lamentables. Des idées noires viennent alors envahir notre esprit, et l'on ne cesse de fixer cet homme, qui, de sa seule voix nous fait frissonner. Une force qui résonne dans nos coeurs et qui les emplit subitement d'une profonde et déchirante mélancolie. Ses chansons ne sont plus que des plaintes, plus besoin de comprendre la langue de l'artiste pour ressentir ce qu'il souhaite partager avec le public.
Un formidable concert qui, du début à la fin, fera vibrer chaque parcelle des murs de la Cour d'Appel. Une vision maussade de la vie, en noir et blanc, que
Kan Mikami nous transmet et nous arrache d'un coup de hurlement aspiré comme il sait si bien le faire. Son ombre est projetée par un spot placé à sa droite, ajoutant ainsi au spectacle une certaine touche dramatique de convenance. Après avoir salué la foule, c'est sous un tonnerre d'applaudissements que le monsieur se retire, avant de revenir une dernière fois sur scène. Une fois après avoir quitté la salle, on se rend compte qu'il pleut de fortes gouttes dehors, comme si le ciel s'était mis à pleurer après avoir entendu ses lamentations. Un concert que l'on souhaiterait revoir dans l'instant, après avoir été totalement ému par le blues brut et puissant de ce grand monsieur.
ASA-CHANG & Junray
À 20h, c'est un tout autre genre de spectacle qui nous attend au Théâtre de Nîmes avec
ASA-CHANG & Junray. Sur scène, la lumière bleutée laisse apparaître deux personnes vêtues de vêtements blancs assortis, une bien drôle de grosse machine entre eux. C'est une musique assez minimaliste que les deux compères nous servent ce soir, alternant trompette, percussions et chant pour
ASA-CHANG, puis tabla, trombone et guitare pour
U-Zhaan. Les deux acolytes nous servent sur un plateau doré des notes sorties d'on ne sait où, surplombées de chants débités par le troisième membre du groupe, le Junraytronics, une espèce d'énorme machine servant à la fois de sampler, de boîte à rythmes et de plein d'autres choses.
Le public est agréablement surpris lorsque le groupe entame son second titre, se servant du Junraytronics comme d'une vieille radio déglinguée, où chaque coup de trompette et de trombone changera la fréquence, alternant ainsi samples d'émissions de télé japonaise et d'autres de chansons dont celles des...
Inconnus ! Rire étouffé de l'assemblée toute entière lorsque celle-ci s'en rend compte. Le duo aura donc pensé à nous. C'est une savoureuse et agréable heure que nous passons avec eux, quoique le public semble un peu moins respectueux pour cette dernière soirée... Le Junraytronics tient un rôle prépondérant dans la formation, accompagnant chaque coup de percussion ou chaque accord joué à la guitare, le tout de manière parfaitement synchrone. Cela nous change des playbacks terriblement ennuyeux. On termine le concert dans le calme sous leur musique hypnotique et ambient.
DODDODO
Direction maintenant, comme chaque soir, l'Odéon pour la suite des événements. La première artiste invitée à se défouler n'est autre que
DODDODO... Et au vu du personnage lors des deux soirées précédentes (ainsi que de l'interview), nous nous attendons à du lourd, du très lourd. Armée de deux samplers et d'un micro, elle nous fera bien baver ce soir (dans tous les sens du terme). Les lumières commencent à s'agiter et un spot est dirigé vers l'une des sorties, nous nous attendons à voir la belle débarquer en ces lieux à tout instant. Les yeux grimés de noir charbon, elle fera son entrée en scène affublée d'une feuille griffée de son nom. Elle fend ensuite la foule à l'instar de
Johnny, tout en récitant les vers d'une chanson qu'elle adore. Sa voix transperce nos oreilles, même sans micro. On la regarde, comme abrutis par son aura qui luit tout autour d'elle lorsqu'elle traverse la salle pour rejoindre la scène, une chaise dans les mains.
Elle enchaîne directement avec un hip-hop explosif comme il se doit, durement travaillé et vraiment décapant. Tous les sons passent dans sa moulinette, elle ne laisse rien au hasard et se permet quelques excès, en sautant par exemple à plusieurs reprises sur la table, et enchaînant des acrobaties en tout genre. Petite grenouille sur ressort, elle nous ébahit de ses rythmes ravageurs, jouant avec la plus petite parcelle de son, comme pour hurler sa passion. Là encore, toute la salle s'amassera devant de la scène pour bouger son corps en cadence. Une vision orgiaque file alors sous nos yeux à la vitesse de l'éclair et on est bouche bée devant les élucubrations de la jeune femme.
Elle nous interprètera une large partie de son répertoire, et fera ainsi connaître au public des morceaux totalement samplés où elle glisse (ou crache, au choix) de sa voix cassée, quelques paroles croustillantes et pleines d'intelligence. Un set explosif et plein de surprises,
Picopico s'invitera même à la fin, en tenue de monstre, pour accompagner la belle en dansant et en sautant dans tous les sens, aussi bien sur scène que dans la fosse. Les deux zozos surexcités nous offriront un petit spectacle de danse improvisée, puis se sauteront dans les bras pour un gros câlin, avant que
DODDODO ne quitte la scène.
Tokyo Panorama Mambo Boys
On installe le matériel pour l'ultime groupe du festival, dont le nom laisse présager une soirée mouvementée et dansante en perspective... Les
Tokyo Panorama Mambo Boys arrivent alors tout de frou-frous vêtus pour nous faire transpirer sur la piste de danse. Composé de deux joueurs de percussions (conga et timbales) et d'un DJ, le groupe distille une musique riche, fluide, chaude et dansante, mêlant sonorités électroniques et mambo plus traditionnel. Genre que l'on n'a pas vraiment l'habitude de voir en France de la part d'un groupe japonais, chose d'autant plus appréciable. Et l'on avait bien raison de penser que dès maintenant nous allions transpirer au milieu de tous ces gens déjà bien excités par
DODDODO ! En avant la musique !
Une heure et demie durant, les trois acolytes s'épuiseront à nous offrir des morceaux aux rythmes endiablés. Totalement délirants et pas sérieux une seconde, les musiciens ont une sacrée carrière derrière eux (plus de 20 ans), et savent ainsi marier leurs instruments à la perfection, de manière à ce que les notes jouées nous touchent en plein coeur et fassent remuer nos miches à leur écoute.
Paradise Yamamoto nous initiera même à l'art du "Raah... Uhh !!", le tout dans une ambiance décontractée au possible. Pour cette dernière soirée du festival, c'est ce groupe qui rameutera certainement le plus de monde dans la fosse. Seront invités sur scène deux des membres du
Project Oh!Yama, pour une petite démonstration improvisée. Suivront ensuite
Picopico, sans costume cette fois-ci, son assistant,
DODDODO qui s'amuse comme une folle depuis le début du show, un membre du staff de Nîmes et deux membres de l'assistance, finissant ainsi cette soirée en apogée, avec quelque chose de grand, enflammé et incroyable.
En bref, cette seconde édition du festival L'Expérience Japonaise à Nîmes fut une vraie réussite. Tout le monde y a trouvé son bonheur, public et groupes. Il faut dire, il y en avait vraiment pour tous les goûts. La programmation était éclectique au possible, avec des soirées toujours plus énergiques au fil des jours. Chez JaME, nous avons adoré et nous attendons avec impatience une troisième édition, que nous ne raterons pour rien au monde !
Pour plus d'informations concernant les artistes du Lex, n'hésitez pas à consulter le site de Sonore ici.