Il y a nombre de groupes passant en Europe, et pour le coup plus précisément en France dont un grand nombre de personnes ignorent la portée culte. Isis, Cult of Luna et surtout Neurosis, tant de (grands) noms dont l'essence même de leur post hardcore nait de la création de Kazuyuki Kishino. ZENI GEVA est un groupe à l'aura immense, qui tel Amebix, est bien moins connu que ses nombreux descendants. Presque sans publicité, le concert de la formation était attendu par un lot de fans, qui se s'est regroupé dans une salle des Instants Chavirés remplie à ras bord. Accompagné comme d'habitude par Mitsuru Tabata à la guitare, Kazuyuki Kishino avait fait appel à l'un des tous meilleurs batteurs japonais en la personne de Yoshida Tatsuya, monsieur Ruins. C'est donc 200 personnes, curieux ou amateurs, qui attendaient fébrilement ce qui s'avère être l'une des meilleures prestations live de ce début d'année.
En première partie, débute les mancuniens de STUCKMETER. Pour faire simple, le groupe n'a pas fait l'unanimité, tant le bordel foutraque de leur musique, sans aucun liant ni retenue, était uniquement fait de violence et de changement de tempo. Une expérience très particulière tant la destructuration des instruments était voulue. Une préparation avant l'entrée de ZENI GEVA, qui entraine un public totalement déchainé à voir les membres s'installer.
Dans la salle il y a de tout. Jeunes, moins jeunes, punks, metalleux, on sent le concert attendu par nombre de fans. Une fois les installations finies, Kazuyuki remercie en français le public d'être venu et les cris s'élèvent de part et d'autre de la salle. Le public devient endiablé et la température monte à la violence des guitares. La musique du groupe est extrêmement violente, très hardcore, le chant est hurlé et les guitares saturées. Malgré l'apparente simplicité de la musique, où seules deux guitares et une batterie sont présentes sur scène, les musiciens rendent les morceaux d'une extrême complexité et parviennent à créer une ambiance lourde et pesante. Ici aucune issue, la musique du groupe est simplement noire, sombre et violente.
Les arrangements sont nombreux, les guitares se juxtaposent, alternant parfois toutes deux les solos et mélodies, allant jusqu'à tisser un univers imposant au gré de leurs douze cordes. Et puis, bien sûr il y a Yoshida Tatsuya... Les apports du batteur sont véritablement impressionnants, tant celui-ci explose de sa technique sur les compositions du groupe. C'est simple, s'il y a un batteur qui sied au mieux aux besoins de ZENI GEVA il s'agit bien de celui-ci. En effet, la technique et la vitesse du jeu à la fois puissant, ample et racé de Yoshida Tatsuya correspond on ne peut mieux à l'image de la musique du groupe de Kazuyuki Kishino, à savoir une musique violente mais remplie de subtilités.
Celles-ci se font apparentes dans les samples et bruitages qu'utilisent les deux musiciens suscités, donnant parfois dans une ambiance totalement psychédélique, aidé en cela par le jeu de Mitsuru Tabata. Ainsi, entre cris ultra-aigüs de Tatsuya, batterie endiablée et guitare hallucinée apparaissent des bruitages sonores, entre perceuse et explosions sinusoïdales tandis que KK NULL lance des réminiscences de son autre groupe à l'aide de deux platines de distorsion posée à ses cotés dont il oeuvre pendant que ses acolytes jouent.
Les chansons s'enchainent sans aucun temps mort, avec la même violence et pourtant une variété dont bien des formations devraient s'inspirer. ZENI GEVA incarne la preuve que l'on peut être violent sans toutefois se répéter. Les membres ont l'air contents d'être là, montrant un plaisir de jouer véritablement jouissif, malgré la durée très courte de leur set. Enfin le groupe se donne véritablement à fond, et entre metal, hardcore, musiques psychédéliques et progressives, on n'assiste plus à un concert d'un genre mais simplement à un live de musiques. Le groupe joue ainsi près d'une heure avant de rentrer en loge, puis revient devant l'insistance du public. En effet, les 200 personnes, loin d'être rassasiées en demandent encore et toujours et c'est ainsi que ZENI GEVA reviendra ensuite pour un second rappel non prévu.
Au final, que ce soit au niveau de l'ambiance, de la présence et du charisme des musiciens, mais surtout de la qualité de la musique, ZENI GEVA a fait très forte impression ce soir, livrant tout simplement un des tous meilleurs live de ce premier semestre. Pour les amateurs de musiques extrêmes voulant être secoués par de l'originalité et un souffle de violence, il est conseillé de ne pas rater le prochain passage du groupe en France... Avec certainement un nouvel album à présenter!