Le voile avait été levé, il y a de cela, quelques mois : la surprise tant attendue pour 2009, annoncée et relayée par les médias spécialisés, était le retour de la chanteuse à la voix d'or Akino Arai, pour deux dates parisiennes.
Première soirée : surprises et redécouverte acoustique
Akino Arai fait partie de ces artistes qui ne peuvent laisser insensibles, justement et aussi bien appréciés au Japon qu'en Occident, notamment pour ses participations aux génériques d'animes populaires. Please save my Earth, Macross Plus, Noir, sont des noms que connaissent tous les amateurs d'animation japonaise de ces quinze dernières années, lesquels ne seront forcément pas passés à côté de sublimes chansons telles que VOICES. Il serait toutefois malvenu de limiter le travail de la chanteuse à ces quelques titres, tant son univers est riche. Cela faisait trois ans qu'elle n'était pas venue en France, depuis son premier concert à Paris. Les fans allaient donc logiquement se bousculer au portillon. Pas si sûr, car c'est dans une salle bien en-deça de sa capacité d'accueil que nous entrons.
Le groupe Yaneka, maintenant bien habitué des planches parisiennes, ouvre le bal et nous gratifie comme toujours d'une prestation impeccable, où guitare folk et voix démultipliée entraînent l'auditeur dans les méandres vaporeux d'un monde onirique. Pour l'occasion, le duo se fait trio, et accueille un percussionniste, Wilfried. La présence de ce troisième musicien est un atout considérable, qui vient renforcer la dimension tribale de la musique du groupe. On espère que la collaboration ne soit pas que ponctuelle.
Akino Arai fait son entrée. Contrairement au concert donné en 2006, celui de ce soir est acoustique. Sur scène, Hisaaki Hogari, guitariste et ingénieur du son de la chanteuse, et Masahiko Tohdo, violoniste, se chargent de l'accompagnement sonore. La set-list est principalement composée de titres de l'album à venir, Sora no Sphere, que l'artiste présente donc en avant-première à son public parisien. La pop-folk soyeuse et minimaliste de ce dernier disque se marie à merveille avec les morceaux un peu plus enjoués des autres albums qu'elle explore.
De l'autre côté du piano sur lequel elle vient interpréter quelques ballades, un écran - pas si géant et pas si bien mis en évidence - diffuse les dessins animés qu'Akino Arai a elle-même conçu. L'univers sucré et empreint de poésie surréaliste de l'artiste se déployant devant nos yeux intensifie l'émotion. C'est avec bonheur que nous redécouvrons ainsi quelques-unes de ses plus grandes chansons, telles que WANNA BE AN ANGEL, VOICES ou Utsukushii Hoshi en rappel. Parmi les titres du prochain album, nous retiendrons surtout le touchant Mizu, chanté en français. Akino Arai s'applique d'ailleurs beaucoup à communiquer dans notre langue avec l'assemblée.
Elle est manifestement ravie d'être ici ce soir après trois années, laps de temps qu'elle aurait préféré plus court selon ses dires. Malgré son évidente sincérité, nous ne pouvons manquer d'être légèrement déçus pour elle, si peu de monde ayant fait le déplacement. Comment, dans ces cas-là, ne pas penser, que le développement futur de la musique pop japonaise en France soit un peu compromis ?
Seconde soirée : vers la conquête du public
A notre entrée dans la salle, cela ne fait aucun doute. La salle est déjà bien plus remplie que la veille - sans toutefois être SOLD OUT -, ce qui est très encouragent aux vus des évènements passés. Le concert débute une fois de plus par le duo folk YANEKA. Un peu plus à l’aise que la journée précédente, le petit groupe, accompagné une nouvelle fois par Wilfried, nous offre une prestation éthérée et variée.
Cependant, le choix de ce duo pour débuter les festivités était-il judicieux ? En effet, après leur excellente prestation, très rythmée et vivante, le concert d’Akino Arai sonne un peu comme une berceuse. Peut-être aurait-il donc fallu un groupe un peu moins énergique pour honorer cette première partie. Mais qu’importe, Akino et ses musiciens sont bien là et après une petite vidéo de présentation ils entrent sur scène pour nous interpréter le même titre que la veille : Kagami no Kuni. La set list restera inchangée tout le long du show, sauf peut être lors de l’improvisation pendant le premier rappel d’un grand classique français : Aux Champs Elysées.
La chanteuse semble moins énergique que la veille mais son enthousiasme et son sourire restent inchangés. Elle est ravie d’être avec nous ce soir et elle s’empressera d’ailleurs de nous le dire dans un français tout à fait honorable ! Nous pourrons remarquer quelques changements sur scène comparé au spectacle du 10 avril, notamment au niveau de l’éclairage et des vidéos. Cependant, nous pouvions lire une sensation de déjà-vu sur le visage des fans présents les deux soirs et nous aurions apprécié un peu plus de variation particulièrement au niveau de la set list.
Après un spectacle acoustique alternant piano-voix et fond de samples electro, Akino et ses deux musiciens quittent la scène pour revenir quelques minutes plus tard pour la fameuse interprétation inattendue de Aux Champs Elysées. Bien qu’un peu méli mélo, ce qui peut se comprendre, ce moment du spectacle est une réelle aubaine que saisit le public afin de se rapprocher de l’artiste en chantant avec elle. Il faut bien le dire, la barrière de la langue n’a aucune importance pour certaines personnes mais une salle de concert chantant en cœur avec une artiste provenant de l’autre bout du monde est une scène réellement magique et émouvante. C’est donc après ce grand moment fusionnel que le trio quitte une fois de plus la scène pour revenir quelques secondes plus tard, sous les acclamations nourries du public, pour l’ultime chanson du spectacle, Utsukushii Hoshi, aux sonorités très japonaises contrastant avec la chanson précédente. Ultime voyage de la soirée ? Et bien non, une nouvelle surprise attend les fans…
En effet, avant de partir Akino nous annonce qu’une petite séance de dédicaces sera effectuée dans le hall en compagnie de YANEKA, une réelle bonne nouvelle. C’est donc dans une ambiance enjouée qu’a lieu la petite séance improvisée. Enjouée car il ne faut pas oublier la petite dégustation de saké gratuite que certains membres de notre équipe n’auraient raté pour rien au monde. Les douces vapeurs de l’alcool nous auront presque fait oublier l’absence totale d’album en vente ce soir-là, ce qui est un peu regrettable au vu de la séance de dédicaces.
C’est donc le sourire aux lèvres que s’achève cette soirée, bien plus conviviale et chaleureuse que celle du 10 avril. Akino Arai est une artiste aux multiples facettes et les fans auront vite fait de lui pardonner les petits désagréments de son concert.
