Quelques temps avant le premier album du groupe, Kyosuke, le batteur, accepte une petite interview par mail.
Bonjour ! Nous vous remercions d'avoir accepté cette interview. C'est un honneur pour nous.
Kyosuke : Bonjour, je suis Kyosuke le batteur. C'est moi qui suis très heureux de pouvoir être interviewé.
Pouvez-vous présenter le groupe et ses membres à nos lecteurs ?
Kyosuke : Très bien, nous sommes Abort Mastication, une formation death/grind. Je suis Kyosuke, le batteur, les autres membres sont Kazuho au chant, Tatsurou à la guitare et Takanori à la basse. Nous formons un groupe au son particulièrement unique et personnel.
Que signifie le nom du groupe, Abort Mastication ?
Kyosuke : Comme le mot avortement peut le révéler, le nom du groupe désigne quelque chose comme un individu venu au monde après avoir été brisé par des instruments chirurgicaux. Si le foetus apparaît d'une manière non naturelle, il sera jeté comme un vulgaire détritus. Notre nom symbolise cette abominable réalité.
Dites-nous en plus sur votre premier projet solo.
Kyosuke : On ne peut pas vraiment aller jusqu'à dire que c'était un projet solo. A cette époque, j'étais dans un groupe qui faisait quelque chose comme du hardcore chaotique, et je recherchais en même temps des personnes aptes à former un groupe de death metal. Seulement comme je ne trouvais personne, j'étais face à un certain dilemme. J'ai alors pensé que je pouvais très bien commencer tout seul, et j'ai commencé à composer pour ce qui allait être l'entité mère de Abort Mastication.
Quand était votre première expérience du grindcore.
Kyosuke : Comme les membres du groupe ont tous leur propre individualité, chacun a sa propre histoire. Mais en ce qui me concerne, ma première expérience du grindcore serait l'écoute de Napalm Death ou de Brutal Truth, ou des premiers groupes de chez Relapse.
Comment avez-vous décidé d'engendrer une musique si "directe" ?
Kyosuke : Je pense que c'est quelque chose de difficile à dire, mais j'ai formé ce groupe parce que j'avais envie de le faire. Alors plutôt que de se demander si j'y arriverais ou pas, la question était plutôt de savoir si je le ferais ou non.
Quand vous composez, d'où puisez-vous vos inspirations ?
Kyosuke : En fait, quand je suis excité ou bien ressens des choses vraiment désagréables, une phrase ou un riff peuvent devenir inspiration.
Vous avez participé au Ludwigshafen Death Fest 2007 en Allemagne, pouvez-vous nous en dire plus à ce propos ? Comment avez-vous été mené à y prendre part ?
Kyosuke : Le sponsor du Ludwigshafen Death Fest 2007 était Revenge Production, or il y une japonaise au sein de leur staff avec qui j'ai des contacts depuis bien longtemps. A la fin de l'année 2006 cette personne est venue me voir à un concert au Japon et nous avons discuté. De choses insignifiantes, il a vite été question du fait que je puisse être invité au festival. J'ai été chaleureusement encouragé par toute l'équipe de Revenge Pro et nous avons passé de très bons moments ensemble. Bien sûr j'ai également été fortement impressionné par les shows de tous les groupes présents. J'ai particulièrement beaucoup de respect pour Abysmal Torment avec qui je suis en contact depuis longtemps, ou pour Human Rejection avec qui j'ai agréablement discuté à l'hôtel.
Allez-vous venir participer à d'autres festivals en Europe ?
Kyosuke : Je pense que pour un groupe japonais les chances d'être invité à faire un concert ou un festival sont bien minces. C'est pour cette raison que je pense que mon expérience du Ludwigshafen Death Fest est vraiment précieuse. Si dorénavant j'en ai encore l'occasion, je serais vraiment heureux de poser à nouveau les pieds en Europe.
Vous avez participé au Tokyo Deathfest 2008. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? Y prendre part était-il quelque chose de spécial pour vous ?
Kyosuke : L'occasion qui m'a été offerte de participer au Tokyo Deathfest 2008 est comparable à celle que j'ai déjà mentionnée. Les sponsors que sont le faible nombre de labels brutal death et grind japonais, tels que Amputated Vein Rec et Macabre Mementos, et qui nous avaient aidé à nos débuts en s'occupant de nos demos, nous ont contacté et offert la possibilité de jouer pour l'édition 2008 du festival.
Comme le TDF est un festival qui comporte énormément de groupes internationaux importants de brutal death, très appréciés des fans, et peu de groupes japonais, le fait d'y avoir pris part est quelque chose qui a beaucoup de valeur pour nous. De plus comme le public qui y assiste n'est pas seulement japonais, mais aussi américain ou européen, je pense que ce festival est vraiment important.
Parlez-nous de votre premier album.
Kyosuke : Le premier album sera édité au Japon par le label Bloodbath Record le 16 août. Il s'intitule Orgs, nom qui a plusieurs significations mêlées de manière complexe et qu'il est difficile d'expliquer en quelques mots. Les liens qu'il entretient avec les morceaux ou le concept général sont nombreux. Je n'aime pas trop m'étendre sur le sujet, mais ne se limitant pas à l'expression ordinaire de la brutalité des individus, il laisse apparaître leur âme, leurs émotions, de manière parfois abstraite ou parfois plus réelle. Comme ça risquait d'être long, j'ai volontairement raccourci (pardon).
Vous avez repris le titre Scid du groupe mexicain Disgorge. Que représente ce morceau pour vous ?
Kyosuke : En faisant une reprise de Disgorge, j'avais juste l'intention de témoigner de mon respect le plus pur. Ce sont des artistes pour qui nous avons une grande estime et qui ont eu une influence considérable sur nous.
Vous avez fait un split album avec le populaire groupe japonais Patisserie. Comment vous-êtes vous rencontrés ? Qui a eu l'idée de ce split ?
Kyosuke : J'entretiens depuis longtemps de bons rapports amicaux avec Patisserie, et nous avons d'ailleurs déjà joué ensemble. J'avais appris que Patisserie avait fait des splits avec des groupes comme Disco Al Pacino ou Zillion et je leur ai donc proposé de faire de même avec nous. Ils ont gentiment pris notre suggestion en compte et nous avons enregistré ensemble.
A propos du split album, je pense que les directions à suivre dans ce large univers qu'est le metal underground sont nombreuses, et à ce moment-là je voulais sortir un simple mini-album. Mais c'est en discutant avec Patisserie que nous avons eu l'idée de finalement faire un split. Je pense que c'est une bonne manière d'attirer de plus nombreux fans en contentant nos deux publics.
Quelle est la situation du metal/grindcore au Japon ?
Kyosuke : Je pense qu'il y a de très bons artistes au Japon. Notre activité se situe surtout autour de Tokyo, mais je sais qu'il y a beaucoup de bons groupes dans tout le pays. En fait il y a encore peu de formations, mais je pense que la scène va vraiment se développer d'ici peu. Ces groupes ont peu d'envergure en terme d'impact mondial, mais je pense qu'ils ont quelque chose de typiquement japonais, une originalité qui devrait se développer plus largement dans le monde.
Il y a beaucoup de groupes talentueux au Japon, pourtant seule une petite minorité vend en Occident. Quelle en est selon vous la raison ?
Kyosuke : Comme je l'ai abordé dans la question précédente, les groupes japonais ne s'exportent pas complètement à l'étranger. J'ai l'impression qu'il est difficile pour ces musiciens de dépasser l'état actuel des choses, c'est à dire de se rendre au travail, de subvenir aux besoins de leur famille, de répéter ou de donner des concerts le week-end. Le Japon étant une île, on ne peut se rendre nulle part sans prendre l'avion. L'attrait pour les pays étrangers qui nous coûteraient du temps et de l'argent pour les atteindre, trouve finalement ses voies par Internet. Je pense ainsi qu'il est bien plus facile de garder une certaine distance avec l'Occident plutôt que de pouvoir s'y rendre. Je pense que de la même façon, les étrangers peuvent avoir la même perception du Japon.
Pourquoi avez-vous choisi ce genre qu'est le grindcore ? Est-ce un moyen d'expression de vos sentiments ? De s'affirmer soi-même ?
Kyosuke : Notre son comporte des bases grindcore, mais on ne peut pas dire qu'il s'arrête absolument à ça. D'abord parce que nous avions commencé par faire du death metal. Puis comme nous essayons d'exprimer l'évacuation des sentiments de plusieurs manières, on peut dire qu'on est grindcore et death metal.
Avez-vous des anecdotes à propos de vos groupes précédents ou d'anciens live ?
Kyosuke : J'ai personnellement pu abordé différents genres de groupes en jouant avec différentes personnes. Et ainsi j'ai pu expérimenter des musiques extrêmement différentes.
J'ai maintenant des questions plus personnelles à vous poser. Quels groupes ont eu beaucoup d'influences sur vous ?
Kyosuke : Honnêtement, je ne peux pas donner de noms. Comme depuis longtemps j'essaie d'exprimer naturellement ce que je ressens, j'en suis venu à éviter de "faire comme les autres groupes". Si bien que je ne peux citer personne.
Aujourd'hui, quel est votre groupe préféré ?
Kyosuke : Je n'ai pas de groupe number one. Tous ceux que je respecte font partie de mes groupes préférés.
Quel est le dernier CD que vous ayez acheté ?
Kyosuke : Je n'en achète pas beaucoup dernièrement, mais je me suis procuré le nouvel album de Hate Eternal.
Quels sont vos loisirs et votre plat préféré ?
Kyosuke : Comme j'aime beaucoup les percussions, je dirais les instruments ethniques. Autrement j'aime aussi écouter de l'avant-garde et du free jazz. Concernant la nourriture, je suis typiquement Japonais, j'aime la nourriture japonaise.
Quel est votre plus gros défaut ?
Kyosuke : Mon défaut... La même médiocrité que tout le monde.
Quels groupes japonais conseilleriez-vous à quelqu'un qui commence tout juste à s'intéresser au genre ?
Kyosuke : Je serais satisfait si quelqu'un s'intéressait à la musique japonaise après avoir lu cette interview. Comme les groupes que je recommanderais sont aussi nombreux que le nombre d'étoiles qu'il y a dans le ciel, je proposerais juste de jeter un oeil à notre page Myspace, et de là, d'obtenir les informations nécessaires en visitant les différents accès possibles.
Avec quels groupes désireriez-vous jouer, en live ou en studio.
Kyosuke : Si cela était possible, je voudrais jouer en live avec de nombreux bons groupes sans distinctions. Je voudrais rendre importantes ces collaborations.
De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui ?
Kyosuke : Du fait qu'il y ait des gens qui nous soutiennent dans le monde entier.
Pour finir, avez-vous un message pour vos fans ?
Kyosuke : Merci d'avoir lu cette interview jusqu'au bout. Je ne sais pas si j'ai des fans partout dans le monde, mais si vous nous témoignez votre soutien, nous allons faire tout notre possible pour continuer. Rencontrons-nous un de ces jours lors de l'un de nos concerts. Merci !
Encore merci pour l'interview.