Quelques jours avant leur passage à la Japan Expo, les Suns Owl nous parlent de leur travail, leurs concerts à l'étranger, la scène metal au Japon et leur rapport à la musique.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, s'il vous plaît ?
GO : Je suis GO, à la batterie.
MZM : MZM, au chant.
SAB : Je suis le guitariste, SAB.
No-Re : (en anglais) No-Re, à la basse et à la programmation électronique.
Comment définiriez-vous votre musique ? Pensez-vous qu'elle puisse s'inscrire dans une catégorie particulière du metal ?
GO : Le metal est bien entendu l'une des bases de notre musique. Mais nous ne voulons pas nous arrêter à ça et nous essayons d'y inclure de multiples autres sonorités.
Over Drive vient tout juste de sortir. Parlez-nous un peu de cet album.
GO : Je pense que c'est un bon album. Ce serait bien si nous pouvions toucher un large public avec.
Le public parisien ne bougeait pas beaucoup lors de votre showcase à la Fnac l'autre jour. Qu'en avez-vous pensé ? Et de manière plus générale, que pensez-vous du public occidental ?
GO : Vous avez trouvé aussi ? (rires) Pourquoi le public ne semblait pas trop réceptif, je ne sais pas trop. Mais je pense que nous-mêmes n'avons pas trop réussi à communiquer avec lui. Par exemple je voulais lever les bras, mais... les conditions n'étaient peut-être pas bonnes. Pourtant, à voir les personnes présentes, elles avaient l'air d'avoir envie de s'amuser.
Aviez-vous une sorte d'appréhension pour votre première fois à Paris, devant un nouveau public ?
SAB : Nous avons déjà joué dans plusieurs pays étrangers, et je pense que le public est finalement le même partout. Mais le fait que nous ne partageons pas la même langue a peut-être été l'un de ces facteurs quant aux problèmes de communication. Puis le contexte dans lequel nous avons joué n'était pas non plus des plus propices à se lâcher.
Qu'attendez-vous exactement d'un événement tel que la Japan Expo, où différents genres musicaux, mainstream comme plus underground, se croisent ?
GO : Avant tout, je suis heureux que les personnes qui aiment la culture japonaise aient trouvé un lieu où se rassembler et partager leur passion. Ensuite, c'est une très bonne chose que des groupes japonais puissent venir se produire ici, et faire écouter leur musique, dans l'espoir qu'ils puissent se faire apprécier en Europe également.
Concernant vos débuts, qu'est-ce qui vous a poussé à faire de la musique et plus particulièrement du metal ? Y a-t-il eu un élément déterminant à ce choix ?
SAB : Lorsque le punk a commencé à s'affaiblir il y a eu un espèce de boom du heavy metal au Japon. Pour moi la violence et l'énergie de cette musique étaient assez impressionnantes à l'époque, et je m'y suis beaucoup intéressé.
Avez-vous des sources d'inspiration musicales ou thématiques particulières ?
MZM : En ce qui concerne l'écriture des paroles, je tire mon inspiration des événements de la vie quotidienne comme des expériences plus singulières, que j'accumule.
Que signifie par exemple l'expression "4735 jours" que vous évoquez à plusieurs reprises dans certaines de vos paroles ?
GO : Moi aussi je veux savoir. (rires)
MZM : C'est le nombre de jours écoulés depuis que j'avais commencé à écrire, jusqu'à ce que je termine les paroles de 4735 Days Like Hell.
La libération de l'individu est également un thème assez récurrent dans vos paroles. Pensez-vous que les sociétés contemporaines soient quelque peu bloquées dans un carcan ?
MZM : Même si nous disons que nous sommes libres de nos actes, il y a tout un tas de règles qui régissent nos vies. A priori nous pouvons penser que c'est paradoxal. Mais si nous y réfléchissons bien, ce sont ces mêmes règles qui permettent d'apprécier la liberté dont nous pouvons jouir. Tout compte fait, qu'est-ce que la liberté ? La notre est-elle importante, faible, bafouée ? Combien y a-t-il de libertés et comment pouvons-nous parvenir à trouver les nôtres, au-delà des règles ? C'est à ce propos que j'aimerais faire réfléchir les gens.
La musique représente-t-elle votre liberté ?
GO : Plus qu'un mode de vie ou qu'une passion, la musique est pour moi l'une de mes raisons d'être. C'est quelque chose que je continuerai jusqu'au bout.
MZM : La musique est comme de l'eau. Nécessaire à la vie.
SAB : C'est l'un des outils qui me permet d'exprimer ce que je ressens au quotidien. Mes expériences, mes voyages, mon environnement, se traduisent à travers la musique.
No-Re : C'est une manière de vivre, quelque chose à laquelle je ne pense même pas, qui m'habite tout simplement du lever jusqu'au coucher.
Venons-en à la situation de la scène metal japonaise. Selon vous, comment se porte-t-elle actuellement ?
GO : Je ne m'y intéresse plus vraiment. La scène n'a plus grand chose à offrir et je m'en suis lassé.
Comment votre avis a-t-il pu évoluer de cette manière ?
GO : Ce n'est pas que je me fiche complètement du metal japonais, mais je pense qu'il n'y a plus de groupes intéressants. Les formations actuelles font la même chose que leurs aînés, rien n'est vraiment original ou ne donne l'envie de tendre l'oreille.
Seul un petit nombre de groupes parvient finalement à s'exporter avec succès. Est-ce parce que la plupart n'ont justement rien de nouveau à proposer sur un marché mondial saturé ?
GO : En fait un grand nombre de groupes s'exportent et se produisent dans de nombreux pays. Mais personne ne le sait et personne ne relaie l'information. Personne ne tente de les aider et sans une relative reconnaissance déjà assise au Japon, tout le monde s'en fiche. Il y a énormément de groupes qui se forment sur la base d'une simple envie, honnête, de faire de la musique, et qui ont, pour en revenir à ce que disait MZM tout à l'heure, la volonté mais pas forcément la liberté de se produire à l'étranger. Inversement, les groupes étrangers qui viennent au Japon sont très bien accueillis. Mais le contraire n'est pas si évident. Si nous n'avons pas l'opportunité de bénéficier de l'aval d'une convention ou d'un festival, il y peu de chances que nous réussissions à nous faire remarquer.
Pour finir, pouvez-vous nous citer chacun un groupe ou un album, toutes nationalités ou époques confondues, qui vous tiennent particulièrement à coeur ?
SAB : Jimi Hendrix.
MZM : Je dirais Down.
GO : J'adore les disques de Led Zeppelin.
No-Re : Je ne sais pas. (réfléchit) BT.
Un dernier message pour nos lecteurs ?
GO : Merci à vous tous d'avoir lu cette interview. Et venez nous voir en concert dimanche, le dernier jour de la Japan Expo.
Vous savez, l'article ne sera pas si rapidement mis en ligne...
GO : Ah ! Non ! (rires) Je vois. Nous sommes Suns Owl, venus de l'est. Ecoutez notre musique. Merci ! (en français)
JaME remercie Soundlicious et la Japan Expo pour avoir rendu possible cette interview, ainsi que le groupe Suns Owl.