Live Report

Live Report Emi Oshima - Junko Onishi

08/08/2009 2009-08-08 22:00:00 JaME Auteur : Murezor

Live Report Emi Oshima - Junko Onishi

Live Report des concerts d'Emi Oshima et Junko Onishi au Duc des Lombards


© JaME - Emi Oshima - Patrick Balsano
Aujourd’hui j’aimerais brièvement évoquer un genre musical dont nous ne parlons pas si souvent sur JaME, il s’agit de Jazz. Une musique souvent considérée, à tort je pense, comme « élitiste », voir « intello ». Pourtant c’est loin d’être le cas, mais elle réclame une écoute particulière, une ouverture à des émotions que transmet l’artiste, car le jazz est essentiellement une musique improvisée. Chaque son sera unique, chaque chanson également, et elle ne sera jamais réentendue à l’identique. Expérience unique, donc, mais également toute personnelle, chaque auditeur, au gré de ses humeurs, pouvant ressentir les choses différemment. C’est peut-être cette multiplicité des émotions qui rend le jazz si « impressionnant » ; que nous avons peur de nous y perdre. Souvent il nous semble que nous avons besoin d’un guide pour découvrir cette musique. Et pourtant l’exploration est un des éléments même du jazz.
Pour essayer de vous donner un petit aperçu des émotions que peut véhiculer le jazz, je vais vous parler de deux concerts ayant eu lieu récemment au Duc des Lombards.

La programmation du Duc étant très diverse, choisir un concert aurait pu être une tâche difficile, mais j’ai finalement décidé de revenir plus particulièrement sur deux concerts qui nous concernent directement, puisqu’il s’agissait d'artistes d’origine japonaise.

Petite précision, pour ceux qui ne le savent pas, et ils seront peut-être nombreux parmi ceux qui ne connaissent pas l’univers du jazz, le Duc des Lombards est l’un des clubs de jazz les plus connus de Paris. Créé en 1984, il a été rénové en 2008, notamment au niveau de l’acoustique. La salle est vraiment superbe et surtout assez petite, les spectateurs sont disposés autour de la scène et sont à proximité des artistes. L’ambiance est donc très intime et on trouve facilement une petite table au premier rang. En exagérant un peu, je dirais que c’est comme écouter un bon disque dans son salon. Et manger un petit morceau ou siroter un cocktail tout en admirant des musiciens interpréter de bons morceaux de jazz, il n’y a pas à dire, c’est bien agréable.

La première artiste dont j’aimerais parler est Emi Oshima, une chanteuse japonaise, née au Cambodge et parlant, voire même chantant, également en français. Elle a donné deux concerts au Duc des Lombards dans la soirée du 21 mai 2009. Je vous renvoie vers sa page myspace pour en apprendre plus sur elle.
http://www.myspace.com/emioshima

A 20h débute le premier concert et les artistes arrivent pour s’installer sur scène. Emi Oshima au chant donc, accompagnée par Olivier Zanot au saxophone, Guillaume Naud au piano, Raphaël Dever à la contrebasse et Antoine Paganotti à la batterie.
Emi nous offre un concert de reprises pour nous raconter une histoire qui nous parle de l’amour, de celui qui rend heureux tout autant que celui qui nous fait mal, en partant de Sting pour ensuite faire revivre Nat King Cole, George Gershwin ou Randy Weston.
Elle donne rapidement le ton avec un Nat King Cole plein d’entrain, pourtant au sujet d’une séparation, I’m gonna laugh you right out of my life, que l’on peut traduire par « je vais te sortir de ma vie en riant ». Rire pour oublier une histoire d’amour qui se termine, rire pour ne pas montrer un cœur brisé, rire jusqu’à en pleurer.
Mais la mélancolie succède au rire, Emi nous parle de nos amours de jeunesse, de la recherche de l’amour au printemps de notre vie avec ballad of sad young men, la ballade des jeunes hommes tristes.
Heureusement, Emi sait comment nous remonter le moral, elle nous montre comment profiter de la vie, du moment présent quand elle interprète la chanson de George Gershwin I’ve got plenty of nothing, j’ai tout plein de rien. Le rythme s’accélère et devient plus léger, il nous fait sentir le plaisir de ces petits riens qui n’ont pas de prix, comme les étoiles. Ici même, nous n’avons rien, excepté une bonne chanson et c’est bien suffisant. Et il ne sert à rien de se plaindre, Emi continue sur cette idée et nous conseille de vivre notre vie comme elle vient, avec la chanson de Francis Lai, Vivre pour vivre, tirée du film de Claude Lelouch.
Tout cela peut-être pour nous aider à supporter la chanson suivante, And it’s supposed to be love d’Abbey Lincoln. Ici l’amour, ou ce qui devrait être l’amour comme le dit le titre, est au contraire plein de violence.
Mais l’amour est toujours là et Emi ne nous laisserait pas partir sur un mauvais souvenir. Avec la Valse des Lilas de Michel Legrand, elle nous montre que malgré tous les aléas de la vie, malgré les souvenirs et les regrets, il y aura toujours des amoureux qui auront toujours vingt ans pour faire vivre l’amour.
Le concert se termine par un morceau de Randy Weston, sur lequel les artistes nous montrent le plaisir qu’ils ont eu à être là avec nous, notamment avec un solo du batteur, qui donne tout ce qu’il a.

Beau concert donc, avec la magnifique voix d’Emi Oshima qui nous fait passer par toutes les émotions dans ces histoires d’amour, du rire à la joie, en passant par les larmes et la nostalgie. C’est un peu ça également le plaisir du jazz, ressentir les sentiments tout personnels que peuvent transmettre les interprètes.


Je souhaiterais également vous parler de Junko Onishi, une pianiste de jazz japonaise au talent reconnu, qui a déjà enregistré plusieurs albums pour le label Blue Note. Elle fut élue, entre autre, « musicienne jazz de l'année » et « pianiste de l’année » par les lecteurs de la revue japonaise "Swing Journal" en 1994-95.
Elle a également donné deux concerts au Duc des Lombards le 26 mai, en tant qu’invitée du Nicolas Folmer Quarter, un trompettiste français. Pour les accompagner, nous avions Mauro Gargano à la contrebasse et Benjamin Henocq à la batterie. Pour cause de petit souci de grève SNCF, Nicolas Folmer fût remplacé au pied levé pour le premier concert par un de ses amis.
Point de chant ici, pour un concert de jazz beaucoup plus classique. Et on se laisse bercer tout du long par les compositions de Junko. Par moments on ferme les yeux pour mieux se laisser porter par sa musique, avant de les rouvrir et admirer la danse de ses doigts sur le clavier de son piano.
Un très bon moment de jazz ici aussi donc, renforcé par l’ambiance toute particulière que nous offre le Duc des Lombards ainsi que par la proximité avec les artistes.

A noter que Junko Onishi vient de sortir un nouvel album, après de longues années d’absence.


Je vous invite à vous rendre sur le site internet du Duc des Lombards pour le programme des concerts. Pas d’artistes asiatiques prévus pour les prochains mois, il me semble, mais ce n’est pas une raison pour ne pas y aller.

Et si vous souhaitez en savoir plus sur l’actualité du jazz en lien avec le Japon, je vous invite à consulter le site suivant : http://jfjzen.free.fr/
Vous y trouverez de nombreuses informations sur les artistes, les concerts, les salles, etc.
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