L'année 2009 nous avait réservé quelques surprises parmi les « newcomers » et
Coldrain en fait certainement partie. Ce quintette a connu un succès fulgurant après avoir arpenté les livehouses depuis 2007. Ils auraient ainsi écoulé 2000 exemplaires de leur première DEMO lors de leurs concerts ; un chiffre digne d'un groupe signé indies. Ce sera chose faite quelques temps plus tard chez
GIL SOUNDWORKS (qui signe également
Abnormal Voltage), ce qui nous permettait, en octobre dernier, de découvrir
Final Destination, leur premier album composé de 12 titres.
Pour comprendre ce succès, il suffit de tendre un peu l'oreille.
Coldrain est une formation évoluant dans un style metal alternatif/emo rock à l'américaine. Ce terme « à l'américaine » prend tout son sens dans les lyrics du groupe, écrites et chantées dans un anglais parfait ; chose peut étonnante puisque
Masato (chant) possède les deux nationalités, japonaise et américaine. Les japonais sont friands de sons américains, à l'image du succès de groupes tels que
My Chemical Romance ou plus récemment
Dead by Sunrise, et il semblerait que cette fois-ci ce public nippon ait enfin trouvé son digne représentant national. Certes il existait déjà quelques groupes peu connus, tels qu'
Embark, mais ceux-ci restaient très loin du niveau de leurs homologues américains. On ne peut pas en dire autant pour cette nouvelle formation qui, avec une production léchée, reprend tous les bons ingrédients de ces styles musicaux : un chant clair qui parfois n'est pas sans rappeler la voix de
Gerard Way (
My Chemical Romance) à ses débuts, soutenu tantôt par des backvocals, tantôt par des screams de qualité (exécutés alternativement par le chanteur et le bassiste), une batterie plutôt punk rock, et des guitares mélodiques dans un registre proche du heavy.
Le titre éponyme de l'album nous met tout de suite dans le bain en reprenant tous ces éléments à la perfection. Le morceau débute sur des larsens pourfendus par une caisse claire rapide avant que ne retentisse le premier scream de l'album, tandis que la guitare rythmique se fait lourde, suivie de près par la basse. La lead joue quelques notes accrocheuses et cette caractéristique est d'ailleurs le propre de la formation qui distille, sous une guitare rythmique lourde, des gimmicks mélodiques, preuve d'une technicité certaine. Cette marque de fabrique crée alors une complémentarité exemplaire entre les deux guitaristes. Ainsi, dès ce premier morceau, vous comprendrez surement à qui vous avez affaire. Le reste de l'album vaut également son pesant d'or avec
Counterfeits & Lies qui commence avec une guitare façon
FCPremix de
The Fall of Troy et nous offre un solo en twins,
Someday qui sent bon le métal alternatif ou encore
24-7 qui a un petit quelque chose de Nagoya Kei (oui les membres du groupes sont originaires de Nagoya, preuve une fois de plus que cette ville est un foyer incroyable pour le métal). On peut noter également la ballade
Deja Vu qui démontre l'excellente voix de
Masato et
Survive qui laisse place à une guitare acoustique dont le solo aurait pu être joué par un groupe comme
DEPAPEPE.
En résumé, cet album est un peu le Saint Graal tant attendu dans ce registre emo/alternatif nippon.
Coldrain semble avoir les armes pour s'imposer sur la durée, et pourquoi pas à l'international comme l'a tenté récemment le groupe
FACT sur le marché américain. Donc si vous cherchez du bon son, peu importe s'il sonne japonais ou non,
Coldrain est surement fait pour vous.