Prélude : J'ai longuement réfléchi avant de mettre en ligne ce live report concernant le concert d'Art Cube au Glaz'Art, d'où sa publication seulement maintenant. La seule raison m'ayant poussé à poster cet article est mon respect pour l'artiste qui s'est démené pour le show. Pour connaitre les raisons de cette colère, et le concert dans sa globalité, je vous invite à lire le live report ci-dessous.
Au début fut Brain Hacker. Groupe créé sur les cendres d'Amadeus, ayant porté le visual kei de ce début de siècle vers une folie inventive et créative que l'on ne revit que peu jusqu'à maintenant. Pour beaucoup, ce groupe n'est pas connu et s'est séparé à une époque où le mouvement n'était encore que trop peu présent en France. C'est pour cela que la reformation du line up au quasi identique dans Art Cube fit plus discuter par son chanteur Z que par le reste de la troupe. Et pourtant, ce n'est pas grâce au chanteur, mais grâce à la qualité de sa musique qu'Art Cube est arrivé en France et cela est bien assez rare pour le souligner. Premier concert organisé par Jackpot Entertainment, la formation prenait place au Glaz'Art ce soir-là.
Première désillusion à l'entrée de la salle où une cinquantaine de personnes attendent, fébriles, sous la pluie, l'ouverture des portes. Il faut dire qu'organiser aussi rapidement un live entre ceux de MUCC et Miyavi relevait du suicide commercial, là où les tourneurs préparent le terrain plusieurs mois à l'avance dans l'espoir de ramener le plus de monde possible via internet et quelques magazines spécialisés. Ici le bouche à oreille n'a pas eu le temps de se faire et le groupe jouera donc devant un public réduit, mais néanmoins présent.
En première partie, le groupe français Gaidjinn. Trio extrêmement récent, formé au début de l'année 2009, ceux-ci jouaient sans batteur, ce qui sera le principal défaut de leur set. En effet, que ce soit par le look ou les compositions, les trois musiciens proposent un mariage extrêmement réussi de ce qu'est un bon groupe de visual kei. Il n'est pas choquant pour une fois de voir des Français se livrer à l'exercice difficile de jouer dans la cour gardée des japonais. Il faut dire que le guitariste Kasumi et le bassiste Ikari sont d'excellents musiciens et le montrent avec classe au sein d'une écriture de morceau dont les influences sont encore présentes. On ressent ainsi une forte touche de Moi Dix Mois, de Malice Mizer ou de MUCC sur leurs morceaux, que ce soit au niveau musical ou au niveau vocal, ou encore de Hizaki sur le jeu de guitare. Le chanteur lui, est encore un peu trop statique sur scène, mais compense par une variété de vocalises assez impressionnante. Growls, voix plaintive ou envolée lyrique, tout y passe avec talent, comme par exemple sur l'impressionnante valse qui m'aura scotché avec son harmonique basse/guitare à tomber par terre ! Mais l'absence d'un véritable batteur sur scène crée un certain vide et déshumanise une musique qui, avec ce musicien-là, prendrait une bien belle ampleur. Espérons donc que nous pourrons rapidement les voir avec un frappeur derrière eux.
Vient donc ensuite la tête d'affiche, à savoir Art Cube. Les membres arrivent les uns après les autres et entament avec Kogekyõ, énergique chanson servant à mettre dans le bain avec brio.
Le son, loin d'être désagréable met bien en valeur la richesse des nombreux instruments présents sur scène. De plus, pour une fois en France, un groupe de visual kei fait honneur à son rang en proposant de magnifiques costumes, dont celui, impressionnant, de Z, véritablement envoutant en princesse rococo toute de rouge vêtue. De plus, nous pouvons tranquillement, sans aucune crainte de bousculade, prendre le temps de regarder le concert.
La présence des membres est véritablement imposante, avec une certaine grâce et une classe montrant combien les mecs ont trainé leur bosse dans le milieu depuis de nombreuses années. Les chansons s'enchainent sans répit, avec malgré tout cette impression que les mecs ne font pas ça pour finir le concert au plus vite. Les compositions, qui en CD étaient déjà fortes, prennent en live une ampleur plus grande encore. En effet il faut voir, par exemple, Z chanter sur la sublime Suna No Hana pour avoir plus de frissons encore que sur CD. Puis après une dizaine de chansons jouées, M, le claviériste victorien, revient effectuer un solo horrifique du plus bel effet, pendant que S s'installe pour livrer un violent solo de batterie, tout en puissance!
Y et N arrivent alors pour jouer avec les deux membres présents plusieurs chansons de Brain Hacker, dont la sublime Approach The Sky! On pourra regretter que la justesse du chant de Z laisse la place à une approche beaucoup moins juste, mais l'ambiance est ici à la limite du punk-rock !
Une fois cette interlude finie, Z revient dans une forme plus grande encore pour nous livrer une Pain~Wing du plus bel effet. Le mariage entre la violence et la mélodie prend en live une intensité beaucoup plus grande que sur CD. Ainsi le mélange de chansons calmes et de chansons à la limite du metalcore passe ici comme une lettre à la poste, magnifié par le chant et la justesse de l'interprétation. Les musiciens ne sont d'ailleurs pas en reste, faisant dans le mélange des genres une force pour le groupe. D'un coté, le guitariste Y et le bassiste N apportent un coté très heavy metal là où S, le batteur, amène ses influences death metal à la musique, le tout adouci par les notes de clavier de M et le chant de Z.
Cette synergie est la force d'Art Cube et la question était de savoir si le live ne ressemblerait pas trop à un vulgaire brouillon. Mille fois non ! Et le résultat est d'ailleurs un des meilleurs concerts ayant eu lieu en 2009 à Paris.
Pour conclure, on ne peut faire l'impasse sur le comportement de la magnifique et géniale organisation de Jackpot Entertainment. Que l'on se foute des journalistes venus pour promouvoir et faire parler d'un groupe, cela peut encore passer, c'est simplement le groupe qui pâtira d'un manque de promotion qui lui aurait été dans tous les cas bénéfique. Mais il faudrait que certaines personnes comprennent une bonne fois pour toute qu'organiser un concert, ce n'est pas baver de plus près en backstage devant des japonais maquillés. Ce n'est pas un simple délire, un fantasme de groupie mais c'est surtout respecter un artiste en lui proposant les conditions adéquates pour réaliser le meilleur concert possible. Et en rien celles-ci n'ont été réunies pour des artistes si talentueux, avec une personne se regardant le nombril d'avoir organisé un événement, mais n'assurant aucunement derrière au niveau professionnel. Aucune promotion, pas de vente sur les réseaux que sont Digitick ou France Billet, des places à un prix exorbitant pour un concert organisé à la va vite, où les gens obtiennent leurs billets le jour du concert, mais surtout un foutage de gueule royal envers l'artiste qui me fait penser que même un concert de black metal dans une cave aurait été mieux organisé. Et c'est tout à l'honneur d'Art Cube d'avoir livré un si bon set, car tout était fait pour ne pas donner au groupe l'envie de jouer. Et pourtant, de tous les lives de visual kei qui ont eu cette année, la bande de Z a livré une des meilleurs prestations possibles, dans le haut du panier de 2009 avec le concert de L.MC. Et rien que pour ça, nous espérons sincèrement que le groupe passera avec une véritable promotion la prochaine fois et dans des conditions plus digne d'un artiste de ce talent.
