Le sept mai dernier, le groupe
9GOATS BLACK OUT se mettait en pause après son live au Club Quattro (Shibuya, Tokyo).
JaME était présent pour cette date intitulée
the Orphee.
9GOATS BLACK OUT est un groupe qui a énormément gagné en popularité depuis leur premier mini album,
devils in bedside, sorti en 2008. Porté par un
Ryo métamorphosé depuis son passage dans
GULLET, ce trio réussit à distiller des compositions plutôt complexes empreintes de romantisme et de démence (voir notre chronique
ici). Il n'était donc pas étonnant de voir une salle comble en ce début du mois de mai. Plongée dans la pénombre, l'audience assiste à l'entrée des membres sur la piste
Reminisce qui sert ici d'introduction. De doux violons accompagnent l'arrivée des protagonistes dont on ne distingue que les silhouettes à cause des projecteurs placés en arrière scène. La mélodie est douce et
Ryo (chant) s'installe les bras en croix devant son pied de micro, puis salue le public tandis que de la fumée est propulsée dans le dos des musiciens. Cependant, les prestations qui suivent ne sont pas vraiment à l'image de cette paisible entrée en scène.
En effet, la set list du concert propose en première partie des pistes plus rageuses. Ainsi le live s'ouvre véritablement avec
HARMS, au background électronique, sur laquelle
Ryo exécute des growls proches d'un
Hazuki de
Lynch. C'est sur
BABEL, puis surtout sur
SALOME et
red shoes que le groupe frappera fort en cette première partie.
Ryo se retrouve transcendé par la névrose de ses compositions. Ce prince sombre, cet aristocrate étant dévoré peu à peu par la folie, semble fuir de vieux fantômes et parle dans le vide à un être aimé que l'on imagine disparu. Les mouvements du chanteur se font erratiques avant de convulser sur
red shoes. Alors que
hati (basse) est plutôt discret, c'est
utA (guitare), très métal gothique dans son apparence, qui se montre particulièrement charismatique. Son visage est sombre, comme absorbé par son propre jeu, et ses yeux sont perçants et malsains. Le trio s'avère ainsi être assez présent sur scène, accompagné de deux membres de session :
akaya (clavier) qui assure également la plupart des voix en back, et
aki (batterie). Entre ces deux compositions triomphantes,
belzébuth aura aussi marqué son coup par ses slides guitare et cette intelligence que possède
Ryo d'appuyer sur certains mots pour les faire résonner en vous.
Malheureusement, la triplette qui suit, composée de
sink,
TANATOS et
raw, manquera de punch et se présentera comme le premier ventre mou du concert. Les instruments paraissent étrangement moins en place que précédemment (la faute à la balance son ?) et les prestations scéniques plus statiques. Mais
Lestat arrive enfin pour booster le set. Cette piste monte en puissance et se démarque par sa guitare aux sonorités métalliques, rejointe par une basse alternant slap et jeu aux doigts sur les passages les plus bordéliques. Le break aérien conserve toute sa saveur, mais c'est sur la fin que
Ryo nous délivre une explosion de colère finale particulièrement prenante. Vient alors le temps de l'entracte où ne restent qu'
akaya et
utA pour une instru' vaporeuse ; mélange de beats, de guitare électrique et d'acoustique. En vérité,
Lestat n'était qu'un court réveil avant d'entrer dans le second passage à vide du concert composé de
Lithium, piste instrumentale arrivant naturellement après l'entracte, puis
Yasashisa no imi, qui conserve son côté électronique mais peine à convaincre. Bien que le groupe ait pris le soin de soigner les transitions, ces deux passages entrecoupés de
Lestat sont un peu le point négatif du concert.
Ce n'est pas non plus
Atena no nai tegami qui réveillera ce public absorbé par cet enchaînement de morceaux (trop) calmes. Il faudra attendre
float, valeur sûre du groupe, pour sortir de cette phase, mais surtout
690min ; déchaînement de growls sur une scène épileptique éclairée au stroboscope. On reste dans la même ambiance avec
Who's the MAD et ses riffs rapides et tranchants.
Minus est également dans le même registre, mais avec une ligne de composition moins inspirée, bien que l'on appréciera la fin où les musiciens ne cessent d'accélérer le tempo avant de stopper brutalement le morceau. En live on préfèrera alors
headache, composition qui termine ce passage plus brutal. Même
akaya au clavier lâchera un temps son instrument pour venir se défouler sur le devant de la scène avec son style bien à lui, sorte de Brigitte Fontaine électro-goth.
La fin du concert se fait sentir avec tout d'abord
Heaven, ballade calme à la basse toute en rondeur et une voix plus douce, parfois presque atmosphérique. Puis vient
Negai qui possède presque des airs de comptine. Mais c'est le rappel qui donnera les plus belles images, avec un
in the rain qui est l'un des plus beaux morceaux du groupe. Sa basse voluptueuse, ses notes de guitare répétitives telles une mélodie enivrante, la voix de
Ryo sachant se faire profonde puis déchirant cette trame d'une poussée contemplative : ce morceau est aussi bon en live qu'en studio. Le final se fait sur
Tenshi où une boule à facette éclaire le public pour cette valse langoureuse et mélancolique à souhait, sur laquelle l'on imagine aisément que quelques larmes furent lâchées.
Malgré quelques passages à vide qui auraient pu être évités par une meilleure gestion de la set list, le concert a rempli ses promesses. Les prestations de
Ryo sont à la hauteur des espérances que l'on peut tirer des différentes sorties CD même s'il manque encore un petit quelque chose au groupe dans la prestation scénique. Espérons maintenant qu'ils nous reviendront encore plus fort après cette pause assez surprenante.
Set list :
Reminisce
1. HARMS
2. BABEL
3.SALOME
4. belzébuth
5. red shoes
6. ROMEO
7. sink
8. TANATOS
9. raw
10. Lestat
11. Lithium
12. Yasashisa no imi
13. Atena no nai tegami
14. float
15. 690min
16. Who's the MAD
17. minus
18. headache
19. Heaven
20. Negai
ENCORE
21. in the rain
22. Tenshi
