Les membres du groupe de ska pop rock, LONG SHOT PARTY, nous accordent de leur temps pendant la Japan Expo, pour une interview détendue et sans langue de bois.
C'est peu après la prestation de LONG SHOT PARTY sur la scène de la JE LIVE HOUSE que nous retrouvons les six membres du groupe pour une interview au ton assez libre, où nous évoquons entre autres l'histoire du groupe, sa musique, ses impressions lors de cette première venue en Europe et de son passage major.
Pourriez-vous vous présenter chacun votre tour et nous dire quelle est la place que vous occupez au sein du groupe ?
Shuichi : Je suis Shuichi, le guitariste.
PxOxN : Je suis PxOxN, à la batterie.
SAITARO : Je suis SAITARO, le bassiste.
Sasaji : Je suis le chanteur, Sasaji.
Kj : Je suis Kj, au saxophone.
Ken Iikawa : Je suis Ken Iikawa, à la trompette.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Sasaji : Ken et moi nous sommes rencontrés à l'université, où le groupe a été formé. Il ne reste que nous deux de la formation d'origine. Les autres membres de l'époque ont quitté le groupe lorsqu'ils ont commencé à chercher du travail.
Qu'est-ce qui vous a donné l'envie de faire de la musique?
Sasaji : Je pense que c'est différent pour chacun d'entre nous. Certains d'entre nous ont intégré le groupe pendant qu'ils suivaient une formation musicale, d'autres alors qu'ils étaient à l'université ou encore au lycée... Comment faire ? On va parler chacun notre tour (rires).
Shuichi : Je pensais plutôt me diriger vers une activité sportive, car j'ai fait beaucoup de sport, et en particulier du football, pendant toute mon enfance. Au collège, le club dans lequel j'étais entré n'était pas très bon. Du coup j'ai été fortement déçu et j'ai tout arrêté. Par la suite, je suis allé chez un ami qui avait une guitare et j'ai commencé à en jouer pour essayer. J'ai trouvé ça plutôt amusant et j'ai continué.
PxOxN : Pour ma part, je me suis mis à faire de la musique pour devenir populaire auprès des filles (rire général). Je ne sais pas pourquoi j'ai choisi la batterie, mais maintenant je regrette de ne pas être devenu chanteur, ça a plus de succès.
SAITARO : Un ami jouait de la guitare et cela m'a donné l'envie de pratiquer moi aussi un instrument. Je me suis dit, la basse ça pourrait être pas mal, c'est comme une guitare mais en plus simple, avec seulement quatre cordes. Jusqu'à récemment, j'ai fait de la musique simplement par passion, sans penser à en faire ma principale activité professionnelle. J'ai simplement continué à jouer, jusqu'à ce que, sans trop m'en rendre compte, je fasse partie d'un groupe qui commercialise sa musique. Maintenant je me dis qu'hormis la basse, je ne sais plus rien faire (rires).
Sasaji : Quand j'étais au collège, j'étais fou de punk. J'écoutais par exemple The Clash ou les Sex Pistols. Je voulais vraiment faire ce genre de choses mais je ne savais pas trop comment m'y prendre. Je n'étais pas spécialement bon en classe, mais j'ai continué l'université pour pouvoir jouer de la musique et monter un groupe. Puis un peu comme pour SAITARO, les choses ont évolué sans que je m'en rende bien compte, jusqu'à aujourd'hui.
Kj : En ce qui me concerne, je n'ai jamais vraiment réfléchi à l'avenir ou au métier que je voulais exercer. Je suis plutôt d'humeur à abandonner facilement ce que je n'arrive pas à entreprendre. Pourtant je continue à faire de la musique, c'est que je dois bien aimer ça. C'en est devenu mon activité principale, et je ne m'en plains pas (rires).
Ken Iikawa : J'ai commencé la trompette vers l'âge de 10 ans, en suivant une formation classique. Je ne connaissais rien du rock à l'époque. Puis je suis arrivé à un âge où je me suis un peu lassé, où je voulais m'essayer à d'autres sonorités. En première année d'université j'ai ainsi commencé à jouer au sein d'un groupe. Quand les choses sont devenues vraiment intéressantes pour nous, j'ai arrêté les cours pour me consacrer plus sérieusement à notre musique.
Il y a eu différents changements au sein de votre formation. Vous n'avez notamment plus de tromboniste aujourd'hui. Avez-vous réarrangé vos anciennes compositions pour les jouer en concert sans cet instrument ? N'avez-vous jamais songé à intégrer un nouveau tromboniste ?
Sasaji : Pour le moment nous n'avons pas prévu de recruter un nouveau tromboniste. Nos compositions actuelles ne nécessitent plus cet instrument.
Ken Iikawa : Ce qui a été difficile pour nous c'est d'adapter, pour le saxophone et la trompette, les passages des anciens morceaux joués par le trombone.
SAITARO, vous êtes l'un des derniers arrivés au sein de la formation, c'est bien cela ? Parlez-nous de votre intégration.
SAITARO : On ne peut pas vraiment parler d'intégration musicale, mais plutôt d'intégration humaine, au sein d'un groupe déjà existant. Les autres m'ont vraiment bien accueilli, et c'est ce qui a été le plus important pour moi.
Sasaji : Quand SAITARO est arrivé pour la première fois en studio, il avait apporté une basse à cinq cordes, et il avait joué quelque chose de vraiment heavy, hardcore. Avant qu'il fasse partie du groupe, notre musique était plus pop, plus légère, et SAITARO nous a apporté quelque chose de plus violent.
Votre musique est très festive, imprégnée d'esprit "party rock". Pouvez-vous nous parler de la manière dont vous écrivez ?
Sasaji : Nous essayons d'encourager les gens à travers nos paroles, et par là, de nous sentir nous-même encouragés. Nous essayons de faire en sorte que chacun puisse se sentir bien, et ait la force de mener à bien ses projets.
Et en ce qui concerne votre manière de composer ?
Sasaji : Chacun d'entre nous apporte sa contribution aux morceaux, ses idées. Nous faisons ensuite les arrangements tous ensemble, et gardons de côté ce que nous estimons être assez bon. Nous jetons ce qui l'est moins, ou le laissons dormir un peu de côté (rires).
On peut dire que le groupe a vraiment un côté uni, malgré les différents milieux musicaux desquels vous venez. Vous arrivez tout de même à vous entendre à chaque fois ?
Sasaji : Ce n'est pas si simple (rires). Mais faire partie d'un groupe, c'est aussi faire des concessions. C'est également ce qui permet d'apporter une certaine richesse à notre musique.
On vous présente souvent comme un groupe ayant acquis une grande expérience sur scène. Quelles ont été vos meilleures et vos pires expériences ?
(Chacun réfléchit à haute voix)
Sasaji : Cela fait 10 ans que nous jouons c'est donc difficile de répondre. Mais le concert de tout à l'heure a certainement été le meilleur (rires). En ce qui concerne les expériences un peu moins heureuses, il y a bien cette fois où nous avons joué en première partie de SUM 41. La scène était immense, c'était quelque chose dont nous n'avions pas l'habitude et nous nous sommes tous retrouvés à jouer au milieu, les uns à côté des autres. On était pris dans les câbles, et on trébuchait dedans à chaque fois qu'on bougeait un peu. Tout s'est emmêlé et s'est arraché (rires). C'était fou d'arriver à un tel résultat sur une scène aussi grande.
Vous avez longtemps joué en indie. Que vous a apporté le passage en major ?
Sasaji : (Il réfléchit) Ce que nous a apporté le passage major, c'est d'être reconnu par un plus large public. Et peut-être que sans ça nous n'aurions pas été invités ici à la Japan Expo.
Vous avez bien entendu acquis plus de liberté. Mais peut-on aussi parler de certaines contraintes ?
Sasaji : (pensif) Des contraintes, oui aussi bien sûr (rires)... Pour parler d'un exemple concret, après les concerts on avait l'habitude d'aller boire un coup avec le personnel et les fans. Lorsque nous sommes passés major, ces petites fêtes n'ont pas été très bien vues par notre nouveau staff (rires).
Kj : On peut aussi parler de Distance, notre premier morceau major, qui avait à la base un rythme vraiment rapide. On nous a alors demandé de l'adapter à un plus grand public, d'en faire quelque chose de plus soft.
Il y a deux ans vous avez été choisis pour enregistrer le générique du film Naruto Shipudden ? Quelle genre d'expérience cela a été ?
Sasaji : A la base nous sommes nous-mêmes un peu fans de Naruto. Par simple jeu et sans prétention, nous avons composé un morceau en imaginant un thème pour Naruto et Sasuke. L'équipe du film est venue nous voir en disant avoir entendu cette chanson, et qu'elle serait parfaite pour le générique. C'est comme ça que nous nous sommes retrouvés impliqués dans le projet. Cette opportunité nous a ouvert de nouvelles portes, et nous a permis d'être reconnus par un plus large public.
Ainsi qu'à l'international. A ce propos vous êtes aujourd'hui invités à vous produire à la Japan Expo, l'une des plus grosses conventions européennes sur la culture japonaise. Quel est votre ressenti à ce propos?
Sasaji : C'est un événement qui me plaît beaucoup, que ce soit en tant que musicien ou que simple visiteur (rires). Il y a des salons du même genre au Japon, comme le Jump Festival, qui s'adressent aux passionnés d'anime ou de manga. Je ressens ce même genre d'énergie ici en France.
(Sasaji voulait ajouter autre chose après l'intervention de la traductrice, mais ayant oublié quoi dire, il reste la bouche ouverte, ce qui déclenche le rire général)
Vous êtes dans le milieu musical depuis maintenant une dizaine d'années. Que pensez-vous de l'évolution du monde de la musique aujourd'hui, et notamment de sa diffusion, par exemple sur Internet ?
Sasaji : Je vais prendre exemple sur notre expérience et ce que nous avons pu observer autour de nous, au Japon. Lorsqu'on a formé le groupe il y a 10 ans, les formations ska étaient très à la mode, il y avait un véritable engouement autour de cette musique. Puis tout cela a disparu d'un coup. Pour nous le challenge c'était de continuer ce groupe, il fallait le faire, même si ça s'annonçait difficile (rires).
Kj : Concernant l'évolution du milieu musical, il y a dix ans, ça marchait par tendances. Il y avait une musique à la mode et tout le monde l'écoutait. Aujourd'hui il y a plus de diversité, et n'importe qui peut trouver son bonheur via Internet. Il y a moyen d'avoir accès à tout ce que l'on veut très facilement.
On peut voir que vous êtes tous utilisateurs d'Internet. Vous avez chacun un blog, vous tenez un journal vidéo sur YouTube. Pensez-vous qu'Internet soit un outil indispensable même si la chute des ventes de disques est inévitable ?
Sasaji : Je pense que c'est un changement tout à fait normal, comme le passage du vinyle au CD. C'est la même chose. Les temps évoluent, les supports changent.
Kj : En tant que musiciens, nous avons la possibilité de faire partager nos compositions, de créer un lien avec l'auditeur et d'obtenir rapidement un feedback. Maintenant nous n'avons plus la possibilité d'utiliser de tels procédés, étant donné que nous sommes signés sur une major, mais je trouve important ce lien de proximité.
Sasaji : Par contre je suis toujours attaché au support physique en lui-même, au CD avec sa pochette, son livret. Il ne faudrait pas non plus que ça disparaisse complètement.
Pour revenir à votre actualité, pouvez-vous nous parler de votre prochain album prévu pour la fin du mois ?
Sasaji : Cet album est un véritable témoignage de ces deux dernières années passées en major, qui contient ce que l'on a composé pour les singles, pour les concerts. Beaucoup de titres ont été écrits, et nous en avons sélectionné les meilleurs.
Vous avez dit sur scène que vous souhaiteriez revenir jouer en France. Avez-vous des projets concrets pour l'international ?
Sasaji : Nous n'avons encore rien de précis...
Kj : Mais on va essayer d'organiser tout ça lors de notre retour au Japon (rires).
Sasaji : Maintenant que j'ai un passeport valable 10 ans, il faudra bien que j'en profite (rires).
Que pensez-vous de la France ?
Sasaji : L'architecture et les paysages sont magnifiques. Nous sommes allés sur les Champs-Élysées pour le showcase à la FNAC, c'était vraiment impressionnant.
Avez-vous un dernier message pour nos lecteurs ?
Sasaji : Nous avons vraiment apprécié le concert d'aujourd'hui. Continuez de nous encourager pour que nous puissions revenir !
Merci beaucoup !
Tous ensemble : (en français) Merci !
JaME tient à remercier Japan Expo, LONG SHOT PARTY et son management, ainsi que la tranductrice pour avoir rendu cette interview possible.