Root Thumm nous a accordé une interview avant son dernier concert en France, le dimanche 4 juillet à la Bastille.
La Japan Expo n'est pas finie que nous avons rendez-vous à la scène Bastille pour un entretien avec le trio Root Thumm. lio quitte sa partie de jeu d'arcade, sur laquelle elle était concentrée, et rejoint ses deux compères pour nous parler du groupe en détail, avec quelques anecdotes à la clef.
Bonjour, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
lio : Bonjour, je suis lio, à la voix et au clavier.
sujin : Je suis sujin le guitariste.
Shimaaru : Je suis Shimaaru à la batterie.
Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous formé le groupe ?
lio : En fait sujin et Shimaaru formaient déjà un groupe il y a douze ans et faisaient des concerts. Je me suis jointe à eux en tant que pianiste de soutien.
Vous avez donc formé le groupe après vous être rencontrés ?
sujin : Nous nous connaissions déjà à l'origine. En fait, nous étions cinq dans le groupe puis trois personnes sont parties. C'est à ce moment là que nous avons demandé à lio de rejoindre le groupe.
Il y a douze ans, s'agissait-il déjà de Root Thumm ? Ou était-ce un tout autre groupe ?
sujin : Il s'agissait déjà de Root thumm.
Que signifie le nom de votre groupe et pourquoi l'avez-vous choisi ?
sujin : C'est, entre autre, les initiales des cinq membres du groupe (T.H.U.M.M.) et comme chacun aimait des styles de musique différents, nous avons choisit ce nom avec cette signification à l'origine.
Vous venez de la ville de Nara. Était-ce plus difficile pour vous de vous faire une place sur la scène musicale en n'étant pas à Tokyo ? (lio et sujin réfléchissent un instant)
lio : Grâce à Internet et des sites comme MySpace où l'on peut écouter et s'échanger beaucoup d'informations, c'est vrai que nous avons réussi à nous faire assez bien connaître par ce biais là. Puis, au moins une fois par mois nous nous produisons en concert à Tokyo.
sujin : De toute façon, le loyer est cher à Tokyo.
Vous écrivez sur votre MySpace, et l'on peut l'entendre dans votre musique, être influencés par des groupes comme Capsule, The Yellow Magic Orchestra, etc... Qu'est-ce qui vous a donné l'envie de faire ce genre de musique ?
sujin : À l'origine, lio ne chantait pas du tout, elle ne faisait que du piano. Lorsque nous étions à cinq il s'agissait d'une personne différente qui s'occupait du chant. Comme elle ne peut pas chanter énormément nous avons pris parti d'utiliser un vocoder.
La scène électro japonaise est assez réputée en occident. Selon vous, quelle en est la raison ?
sujin : Les Japonais sont plus méticuleux. Quant on prend un groupe comme Daft punk, par exemple, c'est assez brut, contrairement à la musique électro japonaise qui est plus minutieuse, c'est donc une manière différente de faire.
Justement la scène électro française est aussi appréciée au Japon. Y a-t-il un artiste français que vous connaissez ou écoutez ?
sujin : Daft Punk, Phœnix...
Jappy est une création d'un groupe d'artistes appelé Antenna et que l'on peut voir souvent dans vos clips, photos promotionnelles, pochettes de CD, etc. Est-ce que, par ce biais, le groupe est une partie de ce projet artistique ?
lio : En fait Antenna est un collectif d'artistes contemporains, et c'est dans ce cadre-là que nous avons fait une collaboration.
sujin : Jappy n'est pas un vraiment un membre, c'est plutôt qu'Antenna recherche ce côté traditionnel que nous recherchons aussi. Nous avons donc le même objectif et c'est pour cela que Jappy est venu nous encourager. En fait nous voyons Jappy comme un bon élève, gentil. (Rire général)
Sur votre MySpace, vous expliquez que Jappy vient de la contraction des mots "Japon" et "happy". Pouvez vous nous dire quel est son secret pour rendre les gens heureux ?
sujin : Il a une drôle de tête !
lio : Sa tête est un soleil, son nez est une umeboshi (prune séchée), et le mont Fuji est représenté sur son ventre. Et comme cela représente en quelque sorte les divinités, il rend forcément heureux ceux qui le regardent.
Vous avez sorti un premier album complet, coton, en décembre dernier. Qu'avez vous ressenti après avoir franchi cette étape ?
lio : Nous souhaitions qu'il aille s'envoler dans le monde.
Votre nouvel album, YAMATOPIA, sort fin juillet. Pouvez-vous nous parler de son processus de création ?
lio : Dans l'album coton, nous avions un côté très oriental dans les chansons. Dernièrement, nous pensions vraiment avoir trouvé le bon côté du groupe dans cet aspet oriental et, dans ce nouvel album YAMATOPIA, nous avons donc essayé d'accentuer ce point-là. Où nous habitons, à Nara, il y a énormément de temples et nous nous y rendons pour penser aux paroles et réfléchir aux mélodies. Nous avons mis énormément de ces éléments culturels dans l'album et nous espérons qu'il touchera le monde entier.
Par rapport à ce côté traditionnel dont vous parlez, votre musique sonne pourtant très moderne, très électro. Comment arrivez vous à faire le mélange des deux ?
lio : Cela vient principalement du rythme et de la mélodie. Nous venons de Nara, où il y a beaucoup de monuments historiques qui nous inspirent. D'un autre côté, récemment avec des PC, on peut faire de la musique facilement. Nous préférons ne pas utiliser d'ordinateur, mais plutôt des pianos et de vieux synthétiseurs pour donner ce côté plus chaud à la musique.
sujin : Nous nous inspirons des paysages pour insuffler quelque chose de vraiment chaud et d'intime dans notre musique.
C'est la première fois que vous venez à l'étranger, avez-vous ou aviez-vous des attentes particulières ?
sujin : Là où nous avions beaucoup d'attentes, c'était plus au niveau de la scène musicale et du genre de personnes nous pourrions rencontrer. Donc nous avons recherché ce lien entre la musique et les gens.
Est-ce que, jusqu'ici, vos attentes rejoignent vos espérances ? (sujin réfléchit longuement)
lio : Oui, en quelque sorte. Mais nous avons remarqué, notamment à la Japan Expo, qu'il y avait beaucoup de visual kei et, c'est vrai qu'au Japon c'est assez prisé... Nous l'avons également remarqué dans l'ambiance. Mais d'un autre côté, nous avons été très heureux d'avoir été accepté par le public.
Avez-vous déjà joué dans ce genre de conventions, et que pensez-vous de ce concept ?
sujin : Au Japon, nous avons des évènements qui s'appellent Anime Song Night, où des DJ, des idoles ou des doubleurs sont invités à se produire pour animer les soirées. Nous avons déjà eu l'occasion de jouer lors de ce genre d'évènement et c'est vrai que c'est un peu la même ambiance.
Trouvez-vous plutôt positif la façon de présenter la culture de cette manière, de tout mélanger ?
sujin et lio : Nous étions très content et très heureux de cet évènement.
Connaissiez-vous les autres groupes présents à Japan Expo et avez-vous eu le temps de les voir sur scène ?
sujin : YOSHIKI ! Nous étions très occupés et nous n'en avons pas eu l'occasion. Nous aurions aimé les voir, mais c'était la première fois que nous venions à l'étranger et, non pas que nous étions en panique, mais nous n'avons pas eu le temps de les rencontrer.
Vous allez vous produire ce soir encore à Paris, que souhaitez-vous communiquer lorsque vous êtes sur scène ?
lio : Pour nous, les concerts sont quelque chose de très "happy", nous espérons donc que le public va pouvoir passer du bon temps et s'amuser avec nous.
On peut voir de nombreux dessins sur le blog, qui s'en charge ?
lio : (lève la main) Moi ! (Rire général)
Si vous n'aviez pas fait de musique auriez-vous été dessinatrice ?
lio : Ah ! (à la fois surprise et gênée) En fait, à Nara il y a des cerfs ; la ville est très réputée pour cela. Un jour j'ai dessiné un cerf sur un CD-R et ce cerf était tellement mal fait que les membres du groupe l'ont pris en photo et ont pris l'habitude de distribuer des produits dérivés avec ce dessin-là. Il y a même des expositions dans les toilettes, car le dessin ne valait pas mieux que les toilettes. (Rires)
Avez-vous des projets particuliers pour l'avenir ?
sujin : Demain nous retournons au Japon et nous allons jouer à Hokkaido. À la fin du mois notre album sort et nous allons donc profiter de l'occasion pour faire une tournée à travers le Japon.
Et comment vous voyez-vous à plus long terme, dans deux ou trois ans par exemple ?
sujin : Ce que nous aimerions, c'est de pouvoir partir en tournée à l'étranger la moitié de l'année.
Bon courage !
sujin : Nous viendrons volontiers jouer en France pour trois baguettes de pain ! (Rires)
Avez-vous un dernier message pour conclure ?
lio : Les concerts de Root Thumm sont très amusants ! Il y a aussi des vidéo sur MySpace et nous vendons des chansons sur internet (iTunes) et, c'est sûr, nous reviendrons en France !
Merci !
Tous ensemble : Merci !
JaME remercie les membres de Root Thumm, leur management et la traductrice pour avoir rendu possible cet entretien.