Interview

Interview d'UNISON SQUARE GARDEN

09/12/2010 2010-12-09 05:00:00 JaME Auteur : Non-non Traducteur : Aurore

Interview d'UNISON SQUARE GARDEN

Le groupe populaire UNISON SQUARE GARDEN nous explique sa vision de la musique et partage ses aspirations pour le futur


© UNISON SQUARE GARDEN
La musique d'UNISON SQUARE GARDEN a changé au fur et à mesure des années. Débutant avec un mélange particulier de rock indé, d'électro et de musique pop, le groupe est maintenant passé à un rock aux accords accrocheurs et aux rythmes dansants. Un peu plus tôt cette année, JaME a eu l'opportunité de couvrir l'un des concerts impressionnants du groupe et d'être invité pour une interview afin d'apprendre à le connaître en détail.


Pourriez-vous vous présenter ?

Saito : Je suis Saito Kousuke, le guitariste et le chanteur.

Tabuchi : Je suis le bassiste, Tabuchi Tomoya.

Suzuki : Je suis le batteur, Suzuki Takao. Ravi de vous rencontrer.

Avant tout, pourriez-vous introduire votre groupe à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?

Saito : Nous jouons en accord avec notre état d'esprit. En nous disant que « la musique est fun », que « le son est cool », nous éprouvons et ressentons la raison principale pour laquelle nous jouons de la musique. Nous faisons une musique qui nous plaît, que nous avons écoutée ou qui nous a impressionnés. Nous sommes donc un groupe qui fait un genre de pop/rock japonais que nous avons pour habitude d'écouter et de sublimer à notre façon.

Y a t-il des musiciens qui vous ont influencés ? Ecoutez-vous plutôt de la musique japonaise ou occidentale ?

Saito : Oui, nous sommes tous influencés par quelque chose. C'est BRAHMAN (ndlr : un groupe de punk alternatif japonais) qui m'a motivé à monter un groupe.

Tabuchi : Je me demande bien... Peut-être que mon éveil à la musique vient des chansons populaires de j-pop des années 90 ? Je pense que ma façon de composer a été influencée par ces chansons. J'ai été tellement touché par les nombreux auteurs-compositeurs qui sont apparus à cette époque.

Suzuki : J'écoute des groupes étrangers qui me semblent bons et mon corps se met parfois à bouger naturellement sur la musique. Cependant, j'ai remarqué que, finalement, je suis plus impressionné par des paroles en japonais qui restent dans mon cœur. J'écoute donc toujours des groupes qui chantent en japonais, peu importe que ce soit rock ou pop.

Comment avez-vous choisi le nom de votre groupe, UNISON SQUARE GARDEN ? Etait-ce un jeu de mot en rapport avec l'Union Square de New York ?

Saito : Mon nom est Saito et lorsque j'ai cherché le kanji de « sai » dans mon dictionnaire anglais-japonais, j'ai trouvé la définition d' « à l'unisson », dans le sens de « chanter l'hymne national à l'unisson ». Alors j'ai voulu l'utiliser. (Rires) Puis, plutôt que de simplement faire un jeu de mot avec l'Union Square de New York, j'ai cherché ce qui sonnerait bien avec et pour finir je suis arrivé à ce nom. (Rires)

Avez-vous pensé à l'appeler Saito ?

Saito : J'y ai déjà pensé. (Rires)

Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est venue l'idée de former le groupe ?

Saito : Nous nous sommes rencontrés au lycée avec Tabuchi comme nous étions dans la même école, puis dans la même université. Nous étions dans un petit club de musique et nous voulions former un groupe ensemble, mais nous ne trouvions pas de batteur, car ils sont rares (Rires). Nous avons donc fait appel à Takao Suzuki qui était dans la même école primaire que Tabuchi. C'est de cette façon que nous nous sommes rencontrés et qu'UNISON SQUARE GARDEN a par la suite été formé.

Saito, j'ai entendu dire que vous étiez né à l'étranger (New York, USA), mais vous vous êtes rencontrés au Japon ?

Saito : Nous nous sommes rencontrés à Tokyo.

Suzuki : A la base, nous sommes de Tokyo. (Rires)

Quel message souhaitez-vous transmettre à travers votre musique ?

Saito : Je pense que la musique n'est pas une théorie. La musique japonaise est telle qu'elle a réussi à s'introduire à l'étranger. La musique est quelque chose qui transcende les langues et les choses comme l'origine des gens. Je pense que c'est ce qui imprègne nos cellules. Nous voulons faire quelque chose d'illogique, d'impressionnant, qui fasse frissonner les esprits de manière inimaginable.

Comment s'est déroulé le processus de création de JET CO. ? Aviez-vous une thématique particulière en tête lorsque vous l'avez composé ?

Tabuchi : Nous avons fait cet album comme nous le faisons d'habitude, nous avons collecté et suivi ce que nous pensions être bon pour notre musique. Le thème des paroles provient de choses variées que j'ai vu dans le monde au cours de l'année. J'ai écrit beaucoup sur ce qui me traversait l'esprit, des choses comme « J'espère que plus de gens diront ce genre de choses » ou « qu'il y aura des voies plus nombreuses pour la musique ». La musique aujourd'hui semble dire « Je suis présente pour tout le monde », mais je pense que ce n'est pas vrai, je pense que « la musique est présente pour chaque personne ». Alors pour les auditeurs comme pour ceux qui produisent la musique, j'espère que l'idée « Je joue de la musique » ou « J'écoute de la musique » sera reflétée dans mes paroles.

Lorsque vous composez vos chansons, écrivez-vous les paroles en premier pour ensuite y ajoutez la musique ?

Tabuchi : Je vais plutôt créer la musique en premier. J'aime le japonais, mais je m'intéresse avant tout à la mélodie des vers. La musique occidentale est probablement comme ça également, mais vous pouvez y ajouter les paroles et compléter la mélodie. J'aime beaucoup la langue japonaise, alors, quand j'écris, je donne la priorité aux sons des mots japonais, mais cette fois-là j'ai plutôt pensé « Je veux qu'elle soit là pour chacun », alors j'ai simplement ajouté ces pensées à la mélodie du vers lorsque j'ai composé.

Votre musique touche une large variété de genres, allant du rock à la musique électronique en passant par la pop. Est-ce parce que des mélodies variées vous viennent en tête ?

Tabuchi : Je n'avais pas réalisé que nous jouions un répertoire si large. Nous jouons simplement en accord avec tout ce qui nous semble être de la bonne musique, un bon texte et de bonnes mélodies. Et je pense que le miracle de l'ensemble du groupe vient de là.

Décidez-vous des arrangements finaux ensemble ?

Tous : Oui.

Pourquoi avez-vous titré votre album JET CO. ?

Tabuchi : Lorsque je me suis penché là-dessus, j'ai pensé qu'il y avait beaucoup de mots en rapport avec les parcs d'attractions. (Rires) Ce que j'avais particulièrement en tête à l'époque était plutôt de savoir si l'équilibre de l'ensemble de l'album était bon de la première à la dernière chanson. J'ai pensé que ça serait vraiment bien s'il filait comme une montagne russe du début à la fin. Cependant, ce qui était le plus important était que ce soit « simple à dire » (Rires). J'ai choisi ce titre en pensant que les mots seraient faciles à mémoriser.

Le design de pochette est un parc d'attractions fait de papier. Avez-vous suggéré cette image à votre agent artistique ?

Saito : Nous n'avons pas demandé cette image spécialement, nous avons seulement dit : « Nous avons fait un album plein de divertissements, totalement excitant et joyeux, alors faites-nous une pochette qui va avec ». Puis le designer est arrivé avec cette idée et l'a mise en œuvre.

Le clip vidéo de cody beats est particulièrement intéressant. D'où tirez-vous l'idée de cette vidéo ?

Saito : A l'origine, le directeur de la photographie écoutait nos chansons et nous lui avons expliqué ce que nous pensions et jouions. Nous lui avons demandé s'il avait une idée en prenant nos pensées en considération.

Le tournage a t-il était difficile ?

Saito : cody beats a été tourné en une journée, dans un ascenseur, le jour du réveillon, de 9 à15 heures. (Rires)

La scène rock indépendante ne cesse de s'accroître au Japon. Que pensez-vous de cette scène actuelle ?

Tabuchi : Il y a beaucoup de groupes. Je pense que d'un côté c'est bien, mais, de l'autre, c'est aussi une mauvaise chose. Ce qui est merveilleux, c'est que chaque groupe ait une saveur particulière qui me semble aujourd'hui unique au Japon. J'espère que les possibilités s'étendront et que plusieurs genres musicaux pourront avancer de manière innovatrice, plutôt que de se cantonner au moule conservateur. Puisque nous nous imposons le défi de ne pas être « un parmi tant d'autres », mais « quelque chose pour quelqu'un », et si la scène entière, le marché de la musique et la culture dans son ensemble se réveillaient, je pense que nous pourrions rendre la scène musicale encore plus intéressante.

Quelle est l'expérience la plus mémorable que vous ayez eu en tant que groupe durant les six dernières années ?

Saito : C'était l'événement célébrant le dixième anniversaire de Highline Records en juillet 2007, lorsque nous avons foulé la grande scène du Zepp de Tokyo où nous avions l'habitude de payer pour voir des concerts auparavant. Des groupes populaires tels que BUMP OF CHICKEN et POLYSICS y sont également passés. Nous avons discuté de choses diverses et, étonnamment, ils nous ont parlé franchement, comme si nous étions au même niveau. Nous nous tenions sur la même scène qu'eux et j'ai vraiment eu le sentiment que c'était naturel. C'est le jour où j'ai réalisé que faire écouter la musique aux gens et leur donner quelque chose était ce que faisait simplement de tels musiciens. 

Tabuchi : Lors de l'un des ces gros événements, j'ai espéré que la musique jouée serait représentée d'une certaine manière, mais c'était tellement différent de ce que je ressentais. Depuis cette expérience, je me dis à chaque fois, lorsque je monte sur scène en tant que musicien, que je dois avoir plus de désirs. Je me dis « Comment rendre les choses plus intéressantes ? Je veux changer quelque chose ». Lorsque j'ai regardé l'industrie musicale et que j'ai ressenti l'ambiance entre les artistes et le public en festivals, j'ai été choqué de voir combien la scène était différente de mes idéaux. Cela m'a fait réfléchir : « Ce serait bien si c'était comme ça » me suis-je dit, et c'est devenu ma plus grande motivation.

Suzuki : Moi... Eh bien, que devrais-je choisir... Ce qui m'a marqué le plus profondément, ce sont toutes ces petites choses qui se sont accumulées avec le temps et ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Chaque année, nous avons ces petits moments où les concerts se déroulent vraiment bien, et de ces instants accumulés résultent les concerts que nous faisons maintenant. Lorsque je regarde en arrière, notre premier concert juste après la formation du groupe, je ressens la différence et je peux dire « Ah, nous avons tellement mûri ! »

Organisez-vous un débriefing après chacun de vos concerts ?

Suzuki : Nous ne nous retrouvons pas à chaque fois, mais je suis sûr que chacun de nous médite sur le concert que nous venons de donner. Lorsque nous ne sommes pas satisfaits, nous faisons une réunion. Je suis vraiment impressionné par le nombre de fois où nous l'avons fait.

Votre public s'accroît et les salles dans lesquelles vous jouez deviennent plus grandes également. Comment vous sentez-vous ?

Suzuki : Nous sommes contents, mais pas satisfaits, comme si « nous n'étions pas assez », et ce dernier sentiment est plus fort que le reste. Mais nous sommes reconnaissants pour ça.

Comment étiez-vous il y a six ans ?

Saito : Je pense que je ne devrais pas regarder en arrière. Il y a trop de choses que je dois réaliser à l'avenir, et je n'ai pas la possibilité de regarder derrière moi. Peut-être que je veux me tourner vers le passé uniquement après avoir accompli ce que je dois accomplir et, par exemple, pouvoir dire « Nous avons fait un one-man au Budokan, et nous l'avons fait avec succès » ou « Nous avons été au top du classement Oricon ».

Avez-vous des objectifs particuliers que vous souhaitez atteindre ? Voulez-vous jouer au Budokan ?

Saito : Si j'en dis plus, je vais finir par vouloir jouer dans un lieu encore plus grand comme une arène. Mais, j'aimerais jouer au Budokan un jour.

Tabuchi : Je suis reconnaissant sur le fait que la taille des salles dans lesquelles nous jouons n'a cessé de grandir, mais ce n'est pas un objectif en soi. Mon but est de continuer à devenir « quelque chose pour quelqu'un ». Mon objectif principal est que de nombreuses personnes qui ont écouté notre musique disent dans dix ans : « Il y avait un groupe nommé UNISON SQUARE GARDEN et il m'a aidé à passer une belle adolescence ». Je pense que ce serait merveilleux si plus de groupes de rock partageaient ce but d'être important pour chaque individu et de créer un impact sur les gens, plutôt que de chercher à se produire dans les plus grandes salles. Si cela arrivait, les groupes de rock feraient des choses plus intéressantes et la scène musicale changerait. J'aimerais voir cela s'accomplir.

Suzuki : Les groupes masculins rêvent toujours de l'endroit où il veulent se produire en concert. Nous avons aussi de tels rêves et dans nos conversations de tous les jours, nous parlons de notre vague désir « de jouer au Budokan ». Mais nous ne pensons pas simplement à jouer là. Au fond de nous, nous pensons que ça serait cool si le Budokan était le résultat des concerts que nous donnons tous les jours et des chansons que nous continuons à créer. Personnellement, mon but est de préserver les sensations fortes de ma batterie et de continuer à m'amuser.

Saito, Vous avez déjà fait l'expérience de vivre dans différents pays avant. Cela vous a-t-il influencé en tant que musicien ?

Saito : Je n'en suis pas conscient. (Rires) J'ai vécu à New York, Londres, Singapour, Hong Kong et au Japon, mais je n'ai jamais remarqué quelque chose de la sorte. Mes parents sont japonais et je parle japonais. Cependant, quand je parle aux gens, je pense souvent « Ah ! Ce à quoi je pense n'est pas naturel pour eux ». (Rires) De telles choses ont dû influencer ma nature sans que je ne m'en rende compte, mais pour être honnête, je ne sais pas.

Lorsque vous chantez les paroles écrites par Tabuchi, les mots vous viennent-ils naturellement ? Ou avez-vous parfois envie de changer certaines expressions ?

Saito : Les points que nous souhaitons exprimer sont probablement un peu différents, et, en tant que chanteur, je chante en pensant à comment prononcer le texte et comment l'accorder à la mélodie. Donc, si les paroles sont contraires à ce que je souhaite, je le lui dis.

La manière dont vous utilisez les mots est intéressante. Nous n'avons pas l'habitude de lire des phrases comme « zongai » (contraire de l'espérance). (Rires)

Tous : (Rires)

Pouvez-vous adresser un message à nos lecteurs ?

Saito : J'ai envie de voir ce moment où la musique dépassera les frontières.

Tabuchi : La musique n'a pas besoin de motifs, du pourquoi ou du comment. Je veux donc que les gens écoutent de tout sur Internet ou ailleurs, et j'espère qu'il naîtra plus de situations où l'on se dit « C'est bon que la musique existe ». Pas seulement notre musique, mais j'espère que diverses musiques vous atteindront, vous qui lisez ceci.

Suzuki : Notre groupe chérit les mélodies et la sonorité de la langue à tel point que s'en est rare au Japon. Je pense donc que, même vous qui n'en comprenez pas le sens, vous pouvez apprécier ce son. Je pense que vous pouvez écouter de la musique japonaise comme nous écoutons la musique occidentale, parce que la manière d'apprécier la musique est commune. Le japonais est une langue dans laquelle les mélodies sont clairement divisées entre les phrases. Je souhaite que vous appréciez ce caractère unique de la musique japonaise.
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