Alors que l'hiver approche à grand pas, sans subtilité aucune, JaME revient sur un concert estival qui fait rêver.
DOPING PANDA, groupe major produisant un rock entraînant et électronique aux ambiances colorées, revenait sur le continent européen pour une tournée dépassant cette fois-ci les terres britanniques. Le Miracle Tour a aussi bien fait escale sur la scène immense d'un festival de rock en République Tchèque que sur les planches des conventions japonisantes de Paris et Vienne. Au milieu de ce parcours sans queue ni tête, le trio a posé ses bagages dans la ville portuaire de Hambourg pour jouer le temps d'une soirée sur la péniche, désuète, de Frau Heidi.
Ornée de fleurs en plastique colorées, surmontée d'une boule à facette en son centre, la péniche posait déjà le décor pour ce concert. Mais bien plus que son allure kitsch au possible, elle promettait un moment intimiste en plein air pour quelques personnes ayant osé le déplacement (une foule plus importante n'aurait cependant pas tenue longtemps hors de l'eau). Mais la surprise fut grande lorsqu'à 19h tapantes, une fois tout le monde à bord, ce fut le moment de lever l'ancre et de larguer les amarres. Le capitaine mit en marche les moteurs, laissant le public s'embarquer pour une heure de concert inattendu et personnel.
Sur l'avant de la péniche, la place est restreinte, obligeant Hayato à s'assoir quasiment sur la proue devant son instrument imposant. Le bateau avec sa scène improvisée prend des allures de fête conviviale entre amis. Le set commence sans plus attendre avec une version jam de We won't stop, hypnotisant le petit comité de par son côté acoustique qui se prête totalement à l'ambiance. La voix de Furukawa Yutaka résonne dans l'air marin, et le beau temps semble miraculeusement présent, comme pour soutenir la magie du concert. La prestation continue avec un titre dans le même goût, Anthem avec son air rythmé et son refrain entraînant. La tête des passagers balance au son de la musique, aidée par le mouvement de la houle. Taro Houjou, à la basse, prend un air étrange, qui, bien que rappelant son expression concentrée habituelle, peut faire penser que le mouvement incontrôlable du bateau déstabilise ses appuis. Mais en dehors de son visage, qui plus est ébloui par le soleil, il ne perd pas le nord et continue à jouer sa partition sans accroc.
Après une petite pause micro durant laquelle Furukawa présente le groupe, le trio repart de nouveau avec une nouvelle version de We won't stop. Une répétition qui peut paraître étrange, mais qui passe finalement inaperçue tant l'ambiance est harmonieuse. Le voyage n'est cependant pas fini. C'est maintenant au tour de Music you Like, dont la mélodie émoustille et emporte le public dans sa petite balade plaisante. Le son qui se disperse à l'air libre donne une atmosphère vraiment particulière aux chansons interprétées et offre une saveur inoubliable. Après cela, les morceaux ne pourront plus jamais être écoutés sans avoir en tête cet instant unique. Certaines chansons un peu plus agressives, comme Song for my Harmonics, s'accordent également au rythme de croisière. La batterie de Hayato, tout comme la guitare de son compagnon Furukawa, offrent ce grain particulier du concert en plein air. Cet aspect acoustique n'est pas sans déplaire lorsque le trio interprète la ballade after down, une nouvelle chanson, ou la suivante, Because of the love.
L'esprit de fête n'a pas quitté le navire en route, et lorsque retentissent les premières notes de Miracle, le pouls s'accélère à son maximum. Le batteur botte la cloche de son instrument et la foule dansotte sous les airs ensoleillés et joyeux du morceau. La voix de Furukawa se fait presque sensuelle, et interpelle même les passants qui ont vue sur le canal, allant jusqu'à saluer les bateaux qu'ils croisent et présenter son groupe, ou encore faire signe de la main à ce public imprévu des quais. Cette traversée de Hambourg par les flots est sans aucun doute une expérience exceptionnelle à la fois pour le groupe et pour son public.
Les rayons du soleil contrastent toujours avec le gris des docks et les constructions immenses et métalliques qui bordent le port. Voguant sur les flots, balançant au rythme des vagues parfois un peu trop brusques, le groupe continue de jouer sous ce ciel bleu parsemé de rares nuages filandreux. La température estivale ne baisse pas d'un degré avec l'arrivée de Crazy et son rythme débridé. La virée se termine après la rengaine de It's my life, qui n'a rien à voir avec la chanson de Bon Jovi si ce n'est le titre.
Mais arrivés à bon port, la bonne humeur du public ne tarit pas. DOPING PANDA ne semble pas en avoir eu assez lui non plus : la péniche repart alors pour un second tour, tandis que les membres gribouillent rapidement une nouvelle setlist. Furukawa s'excuse d'avance pour les quelques doublons qui vont suivre, mais qui pourrait se plaindre d'une heure de plus de plaisir auditif ? C'est donc le baume au cœur que la petite troupe accompagne le groupe pour cette nouvelle excursion. Le trio reprend donc Crazy, We won't stop, Music you Like, ou encore after dawn, et offre au passage deux titres inédits pour ce soir : Crazy one more time, qui colle totalement au contexte, et Beat addiction, qui pourrait sans conteste décrire l'état du public présent. Furukawa s'exprime rapidement en anglais entre les chansons, et lorsqu'il ne trouve pas ses mots, il amuse la foule au passage. Finalement, alors que le soleil se couche lentement, le concert touche lui aussi à sa fin en se concluant sur Miracle.
Il est difficile de poser des mots pour un concert comme celui-ci, tant l'expérience est inégalable. Entre le festival en plein air et le petit concert dans une salle intimiste, cette performance fut une rare occasion qu'il ne fallait pas manquer. Le lieu a pour sûr énormément participé à l'ambiance enivrante du concert, mais sans un groupe de la trempe de DOPING PANDA, la sauce n'aurait peut-être pas pris. Alors que le groupe possède beaucoup de titres électro aux arrangements multiples, ce dernier a su choisir les compositions qui correspondraient parfaitement aux conditions de ce live, préférant des chansons simples et entraînantes. Les membres ont su, non seulement s'adapter au sol mouvant de cette scène originale, mais également offrir un concert bon enfant et généreux, comme un aparté convivial, oubliant le temps d'un soir les grandes salles japonaises auxquelles ils sont habitués. Une preuve d'expérience, d'humilité et de talent que l'on souhaiterait voir plus souvent dans nos contrées et qui convaincrait certainement un grand nombre.