Chronique

Daisuke to kuro no injatachi, Shikkoku no hikari

17/05/2011 2011-05-17 05:00:00 JaME Auteur : Mani

Daisuke to kuro no injatachi, Shikkoku no hikari

La dernière œuvre de cet artiste parachevée par ses nombreux amis.


© Free Will
Album CD

Shikkoku no hikari

Daisuke to kuro no injatachi

En effet, on ne peut qu'écarquiller les yeux devant le nombre de personnes qui a décidé de finir l'album laissé inachevé par l'artiste. Cet opus balance entre ballades plus ou moins douces et chansons d'une noirceur terrible. Pour rendre hommage à l'artiste, mais aussi à tous les collaborateurs ayant participé, j'ai choisi de parler de chaque titre. Veuillez donc m'excuser par avance de la longueur que cette chronique va revêtir.

L'intro commence durement avec des cloches sonnant le glas auxquelles se rajoute un son strident (balançoire qui grince, porte ou simple souris que l'on écrase, au choix). Très vite, une musique et un chant plus graves, quasiment saturés, s'y superposent. L'air devient alors mélodique et vous entraîne dans les profondeurs, loin de vous laisser indemne, même si une cymbale vient l'éclaircir. Le riff de guitare d'Iya résonne alors, presque salvateur. Le rythme de cette deuxième piste est très prenant et vous fait bouger instantanément. Puis, la voix caractéristique de Daisuke se pose sur cet air. Le chanteur alterne entre phrases martelées deux ou trois fois dans un rythme saccadé et refrains plus mélodiques. La guitare est présente tout au long du morceau, mais cède sa place à la batterie à la fin, le rythme s'accélère et la chanson se clôt sur des cris du chanteur.

Greed démarre sur un son électro pour très vite redevenir une chanson rock au rythme enlevé. Ce morceau, interprété par Miyawaki Wataru de 12012, est une bataille entre la musique et le chanteur. Lors des couplets, la musique fait concurrence au chanteur qui reprend la main pendant les refrains, avant de se retirer pour le passage instrumental qui redonne toute sa puissance à la musique.

Le rythme se calme un peu pour les prochains titres. Pierce est un morceau plus doux, léger, mais ne perd rien en rythmique. Cependant, le chant de Ryo de kannivalism manque de profondeur et de puissance lors des couplets. Les refrains, auxquels s'ajoute aussi la voix de Daisuke, sont plus soutenus.
C'est alors que retentit Gu no shoumetsu. La voix de Daisuke est mise en abîme par un simple piano avant une explosion de musique. Les couplets restent calmes et permettent de prendre toute la mesure de la puissance et de la beauté de la voix de cet homme. Le rythme s'accélère et se fortifie à l'arrivée du refrain caractérisé par un chant clair et magnifique. On ne peut qu'être ébloui par cette symbiose totale entre le chanteur et sa musique alors parfaite. L'auditeur ne peut rester indifférent et se laisse porter sans aucune hésitation par cette chanson.

La ballade à la musique et à la voix calmes et douces de Chikadou ni nagareru, aru hitori no otoko no "hitsuu na sakebi" ni mo nita melody se fait alors entendre. La voix de Gara, chanteur de Merry, donne une dimension profonde à ce morceau. On se surprend à l'écouter le regard dans le vide. Le passage plus rythmé à la fin arrive à point pour nous sortir de notre rêverie et nous préparer pour la chanson suivante.
Les sons chauds de Hisou nous rassurent, puis la voix douce de Daisuke vient se poser sur un fond épuré. Le refrain est d'une grande puissance, la voix mélodique et forte. Daisuke porte vraiment la chanson toute entière. Les paroles, sur lesquelles on n'ose pas trop s'attarder, nous touchent tout autant que le chant puissant.

Honrou commence sur la voix de Daisuke seulement accompagnée d'une guitare acoustique. Puis la musique se pare d'autres atours pour accompagner le chant, parfois aussi faible qu'un murmure, mais qui ne manque pas à un seul moment de puissance. Même les passages plus fournis ne peuvent rivaliser avec la voix de l'artiste. Nous sommes ainsi face à une chanson des plus entraînantes, qui nous sort de la torpeur des morceaux précédents, et nous prépare au trio infernal qui va suivre.

Les exhortations du chœur (pas moins de treize personnes) et la voix brute de Tatsuro (MUCC) se posent sur un air fort et rock. Le passage mélodique suivi d'un petit interlude jazzy est comme une corde salutaire qui nous empêche de sombrer dans ce monde violent, avant que la musique et le cri de Tatsuro viennent nous rechercher.
Sacher débute sur un petit rire de fou suivi d'une musique enlevée. On retrouve dans cette chanson le grain de folie de Daisuke, et même si certaines parties se font plus calmes, l'atmosphère reste malsaine tout du long. En effet, malgré les passages plus clairs, les cris, dont un fini même par le faire tousser, prouvant l'amour qu'il portait à la musique, et les rires du chanteur rythment tout le morceau, et on ne peut que sombrer dans son monde, en regrettant seulement le fait que le titre soit si court.

La musique est aussi lourde que l'atmosphère dans Sousou. Très vite, la voix de Kyo (DIR EN GREY) se fait entendre, ses cris, ses plaintes. Personne n'aurait pu mieux interpréter cette chanson. Kyo livre ici un hommage puissant. L'atmosphère écrasante ne disparaît pas lors des passages plus clairs, au contraire, elle se fait même plus étouffante. Les « kimi ga inai » (« Tu n'es pas là ») martelés ne peuvent vous laisser de marbre, faisant de ce titre une chanson forte et magnifique. Le riff final de guitare suivi par la batterie et le chant torturé donnent des frissons inoubliables.

C'est alors qu'une musique rythmée, plus pop, voire même joyeuse se fait entendre. Bien que cette dernière étouffe un peu la voix douce de Daisuke, on est face à une ballade acidulée qui clôt cet opus sur une petite touche positive, si tant est que l'on ne s'attarde pas beaucoup sur les paroles.
En effet, il y aurait beaucoup à dire sur ces vers, qui prennent une toute autre dimension résonnant comme une prière qui ne s'exaucera jamais.

Cet album est à prendre dans son ensemble. N'essayez pas de l'écouter dans le désordre ou de piocher un ou deux titres. L'ordre est parfait, vous emmenant d'un extrême à l'autre. Que dire de plus si ce n'est que cet opus restera au moins dans les annales du J-rock.

Par ailleurs, un concert en commémoration de la mort de Daisuke aura lieu ce 15 juillet 2011, et on peut supposer que tous les artistes ayant participé à cet album seront présents pour faire résonner une dernière fois ces titres composés par Daisuke.


★★★★★ : Un album magnifique qui nous fait d'autant plus regretter la disparation de Daisuke.
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