Joe Hisaishi au Zénith de Paris

Jeudi studieux au Zénith, cette soirée du 23 juin est l'occasion pour nous d’assister à un concert symphonique caritatif. Le compositeur et directeur musical Joe Hisaishi se voit ainsi accueilli par une audience nombreuse et impatiente. Le Star Pop Orchestra est un ensemble musical rompu à l’interprétation de compositions venant du cinéma avec John Williams ou de jeux vidéos lors de “video games lives”.


Le concert commence après un rappel de la catastrophe japonaise du 11 mars par le thème de Nausicaä, interprété en partie au piano par le chef d’orchestre lui-même. Que ce soit par le biais du taiko, de la harpe ou encore de la soliste, la magie opère. Celle-ci parvient à susciter l’inquiétude grâce aux trépidations d’une composition structurée pour nous faire vibrer. Afin de rajouter au spectacle, un écran géant est disposé au fond de la scène, diffusant le travail des musiciens ou encore les extraits cinématographiques associés. Pour bon nombre de personnes présentes ce soir-là, il y a deux “première fois”. Celle du concert symphonique et celle du film muet avec “The general”. Cette oeuvre porte sur la guerre de sécession et est interprétée par Buster Keaton. Ce classique joué posément dans sa première partie révèle toute la puissance sonore de l’orchestre dans la seconde. A la fois réconfortante et structurée, cette bande originale nous prépare à la composition plus folle qui suit. Il s’agit de Raging Men, où les cors d’harmonie font merveille. L’orchestre se laisse ainsi mené par un Steinway présent dans de nombreux thèmes comme kids return, ou encore celui de Mononoké.

Joe Hisaishi est tout à la fois au piano comme à la baguette. Ses dandinements nombreux devant le pupitre d’orchestration révèle sa passion maîtrisée pour des thèmes tels que celui du Voyage de chihiro. En effet, les envolées quelques fois explosives sont tout aussi délectables que les passages emplis de subtilité de Merry-go-round. Les éléments instrumentaux variés et nombreux ne sont, il faut l’avouer, pas dans leur élément habituel dans cette salle du Zénith, malgré tout, les cordes autant que les cuivres et percussions demeurent clairement identifiables. Cette clarté sonore s'illustre jusqu’au dernier morceau précédent l’entracte, Jiang’s Wen’s, durant lequel les changements de rythmes oscillent entre cavalcade et ballade. On notera une attente extrême de l’audience, puisque sur le programme de la soirée distribué aucun des noms de films du Studio Ghibli n'est mentionné. Le thème de l’eau est révélé par la harpe et amplifié par le piano, puis vient par les cors le tumulte de la marée nécessaire à Ponyo sur la falaise. Le chef d’orchestre aux anges nous comble d’une profondeur supplémentaire grâce aux choeurs de Saint Maur venus nombreux. Il garde le meilleur pour la fin, lors d’un rappel avec une interprétation de Totoro qui a tenu toutes ses promesses. De part ses oscillations entre tendresse et joie et l’explosion finale des cuivres, les applaudissements se sont abattus longtemps sur cette formation musicale unique.


Ces thèmes ainsi orchestrés prouvent que le temps s’écoule trop vite durant un concert symphonique. Le prochain live de rock, pop ou tout autre musique dite électrique nous fera à coup sûr regretter Joe Hisaishi de part son génie, cette finesse sonore intouchable.


Setlist :
Nausicaä
Princesse Mononoké
Le mécano de la [Mov.1 & 5]
Raging Men (Aniki mon frère)
Hana-bi
Kids return
Jiang Wen's Let the Bullets fly & The Sun Also Rises

-Entracte-

Merry-go-round (Le château ambulant)
Departures (Okuribito)
One Summer's Day (Le voyage de Chihiro)
Summer (L'été de Kikujiro)
Villain (Akunin)
Ponyo sur la falaise

-Rappel-

Mononoké
Totoro