SUGIZO s'est entretenu avec JaME au sujet de son nouveau single Miranda, ainsi que de l'actuelle tournée d'X JAPAN.
Bonjour, merci beaucoup de prendre sur votre temps pour cette interview. Comment allez-vous ? Vous êtes déjà venu à Paris, que pensez-vous de cette ville ?
SUGIZO : La dernière fois, je suis venu avec Juno Reactor, c'est bien ça ? A cette occasion, je n'ai rien pu voir de Paris, je n'ai rien visité. J'étais trop occupé : je suis seulement venu donner le concert puis je suis reparti. Là, c'est vraiment bien car je peux mieux ressentir la ville, son atmosphère, le soleil : c'est si beau. Je suis si excité d'être à Paris, c'est vraiment très inspirant. J'aime la culture française, ses films et tous les événements qui s'y produisent comme Japan Expo.
Qu'aimeriez-vous voir si vous trouvez du temps pour visiter ?
SUGIZO : Aujourd'hui ? Lors de ce passage ? Seulement mon hôtel. (Rires) Hier soir, quand je suis arrivé, je ne sais pas pourquoi mais je n'étais pas très bien donc j'ai dormi toute la journée.
Il y a quelques jours, X JAPAN commençait sa tournée mondiale à Londres. Comment cela s'est-il passé ?
SUGIZO : J'étais tellement excité. Le Royaume-Uni est définitivement la capitale musicale par excellence. Je pense qu'à peu près tous les artistes japonais aiment la musique britannique. Nous avons joué au Shepherd’s Bush Empire, une place sainte pour nous. Tant de musiciens y sont venus. C'était un grand plaisir pour nous. Le public était génial dans son attitude, dans son sentiment. Il nous a rendus si heureux et si excités.
Aujourd'hui, vous avez participé à la conférence d'X JAPAN à Japan Expo. Aimez-vous vous prêter à ce jeu de conférences ou de sessions de questions/réponses ?
SUGIZO : Oui c'est plaisant, mais vous savez l'ambiance y est toujours trop détendue, pas spécialement bonne. Ceci dit ça me plaît vraiment. On a réussi à attirer un public français si nombreux, c'est fantastique. J'ai perçu sa très grande énergie.
Comment ressentez-vous la tournée mondiale ? Qu'est ce qui vous motive le plus ?
SUGIZO : Premièrement, cette fois je joue pour X JAPAN. C'est très spécial. Avec X, il s'est passé tant de choses. Nous avons fait des projets pour Paris, mais à chaque fois il y a eu des problèmes. On peut enfin jouer ici demain. C'est génial, je suis juste heureux. Personnellement, j'ai déjà souvent joué en Europe. Mais X JAPAN est vraiment spécial pour moi. A chaque fois que j'ai joué pour ce groupe, j'ai remarqué que notre musique et nos sentiments ne connaissaient pas de frontières.
Vous êtes dans LUNA SEA et dans X JAPAN en ce moment. Comment le vivez-vous ? Que ressentez-vous ?
SUGIZO : C'est à la fois différent et semblable. Par exemple, j'ai créé LUNA SEA : c'est ma musique, mon style. C'est donc plus confortable qu'X JAPAN. La musique d'X est un vrai défi pour moi. LUNA SEA et X JAPAN sont des groupes importants pour ouvrir les portes de la scène musicale japonaise au monde. Dans ce sens, les deux sont assez similaires. Chaque projet est différent, mais ils restent semblables.
Vous sentez-vous le même lors des concerts d'XJAPAN et de LUNA SEA ?
SUGIZO : Je ne peux pas l'expliquer, maintenant c'est devenu naturel pour moi. Chaque groupe, chaque spectacle m'est confortable.
Hier, votre nouveau single digital appelé Miranda featuring MaZDA est sorti. Pouvez-vous nous dire comment est ce single et qui est "Miranda" ?
SUGIZO : Miranda est un satellite d'Uranus. Vous connaissez le système solaire ? C'est juste de la musique ambiante progressive et électro, avec mon violon. Cette chanson est très belle et psychédélique. A chaque fois que je tire mon inspiration de l'espace, des étoiles et des planètes, ça vient généralement de Miranda. C'est donc un satellite d'Uranus.
Vous avez travaillé avec MaZDA sur ce single, comme vous l'aviez déjà fait par le passé. Pouvez-vous nous le présenter et pourquoi avez-vous choisi de travailler avec lui ?
SUGIZO : Il y a deux ans, nous avons commencé à travailler ensemble. C'est un génie, un faiseur de tubes. C'est un innovateur de la scène trans-psychédélique japonaise. D'habitude, je fais moi-même mes chansons, avec mon ordinateur. Mais là, il m'a bien conseillé dans l'arrangement de ma musique.
Comment vous êtes-vous séparés les rôles entre vous pour travailler sur ce single ?
SUGIZO : Normalement, je fais mes propres pistes puis je les lui transmet, il les modifie et après me les renvoie : c'est un échange. Mais sur Miranda, il était le compositeur. Ensuite seulement j'ai fait les arrangements pour la mélodie, les guitares. Cette fois était différente de mes habitudes.
Pourquoi sortir le single uniquement en version digitale ?
SUGIZO : Depuis 2009, j'ai commencé à sortir des singles uniquement digitaux. En fait, c'est juste que je ne veux pas produire trop de déchets parce que ça pose un problème énergétique et d'éco-système. Il est très important que la culture musicale change par rapport à ça. Je pense que les CD ne sont bons que pour les albums, par pour les singles. Les copies digitales sont également plus faciles à manipuler. A mon avis, faire des singles sur CD est inutile.
Vous n'avez pas sorti de nouvel album depuis quelques années, avez-vous des projets, des idées ?
SUGIZO : Actuellement, je prépare mon nouvel album. J'y travaille cette année. J'ai démarré ce projet il y a deux ans, mais c'était difficile de le terminer avec la reformation et la tournée mondiale. La catastrophe de mars n'a pas aidé non plus. Je pense le sortir en octobre ou en novembre.
En mars, vous avez collaboré avec Ryuichi Kawamura et m.o.v.e sur le single oveRtaKerS. Pourquoi avoir choisi de faire cette collaboration ? Comment est-ce de travailler avec m.o.v.e?
SUGIZO : Je l'ai enregistré en décembre dernier, ça date. Avant cela, Ryuichi Kawamura a travaillé dessus. C'était du bon travail, j'en suis vraiment très fier. m.o.v.e dégage une image très forte de sa musique et ça a rendu la collaboration avec eux d'autant plus facile. C'était un agréable moment de créativité.
En avril, vous avez sorti un livre sur votre vie appelé SUGIZO: Half a Stormy Lifetime of a Man Loved by Music. Sur votre Facebook, vous avez expliqué que c'était inhabituel de parler de votre vie personnelle. Quelles réactions avez-vous obtenues par rapport à ce livre ?
SUGIZO : Tant de monde m'en a dit du bien. Je n'aurais jamais imaginé de tels retours sur ma vie privée. Elle est si étrange que d'abord je ne voulais pas faire ce livre. On m'a convaincu du contraire, j'ai changé d'avis et j'ai essayé. Je ne regrette rien, cependant faire de la musique m'est plus facile que d'écrire. Je suis musicien.
Pensez-vous envisageable une sortie en langue anglaise de ce livre ?
SUGIZO : Si possible, j'aimerais le faire en anglais pour toucher un maximum de pays.
Pourquoi pas aussi dans d'autres langues ?
SUGIZO : Pourquoi pas en français (rires), en chinois, en espagnol ou en russe.
Quels sont vos projets après la tournée mondiale d'X JAPAN ?
SUGIZO : Après la tournée, j'aurai mes propres enregistrements à faire. Cet été, il y a un grand festival pour X JAPAN au Japon. En septembre, X assure sa tournée sud-américaine. En octobre, c'est avec LUNA SEA que je donne un concert de charité en faveur des victimes du séisme. Ensuite, je projette de faire ma propre tournée après avoir tenu mes engagements vis-à-vis d'X JAPAN et de LUNA SEA.
Et pour S.K.I.N. ?
SUGIZO : Depuis j'ai été si occupé, mais je ne veux pas abandonner le projet S.K.I.N.. Vous savez, maintenant Shinya est avec GACKT, MIYAVI est également débordé : je suis peut être fou, mais je pense que ça reste possible. YOSHIKI aussi est très pris. A mon avis, un jour nous devrions redémarrer S.K.I.N.. Mais il y a quatre ans, nous n'avons pas trouvé de bassiste.
Et ju-ken ?
SUGIZO : C'est un musicien de session vraiment génial, mais ces musiciens-là sont plutôt intéressés par l'argent. Et il n'est là qu'occasionnellement. Selon moi, pour YOSHIKI ou MIYAVI aussi le profit est important, mais ça ne vient pas en premier. Nous avons vraiment besoin d'un artiste et non d'un technicien. Bien sûr, je respecte le travail de ju-ken, qui est très professionnel. Malgré tout, pour S.K.I.N, nous ne recherchons pas un membre de session. C'est très difficile.
Enfin, avez-vous un message pour nos lecteurs ?
SUGIZO : Pour commencer, je souhaite dire sincèrement à quel point j'apprécie les fans, les gens qui nous ont donné tant de courage après le séisme. C'est vraiment gentil. Ils nous font réaliser que nous ne sommes pas seuls. Evidemment, c'est un énorme problème. Après quoi, nous avons tissé des liens très importants avec le reste du monde. J'ai énormément besoin de ce soutien. J'ai souvent eu le plaisir de rencontrer JaME, que j'apprécie également. J'espère continuer de m'entendre aussi bien avec JaME, voire améliorer cette relation. Merci beaucoup, nous avons bien besoin de votre soutien. Nous pouvons apporter de la très bonne musique, avec un bon état d'esprit et des rêves. Tant de fans nous ont donné du courage dans cette épreuve difficile. Après le séisme, le Japon a complètement changé. Vous connaissez évidemment le problème de Fukushima... Ca nous apparaît comme Tchernobyl, c'est un gros problème. Le Japon a toujours eu des soucis avec le nucléaire, mais avec la musique nous arrivons à continuer d'avancer. Aussi, ça me fait plaisir de jouer à Paris demain, pour rendre ce courage qui nous a été envoyé.
JaME tient à remercier SUGIZO pour sa gentillesse lors de cette interview, ainsi que Takeshi Asai et son manager pour avoir rendu cet entretien possible.