Interview

Interview avec TAIA

13/09/2011 2011-09-13 05:00:00 JaME Auteur : Kay Traducteur : Mani

Interview avec TAIA

Le groupe de metal okinawais TAIA nous parle de sa formation, de sa musique et de son futur.


© JapanFiles / TAIA
Formé en 1998, le groupe de metal okinawais TAIA a parcouru un long chemin, débutant à l'université pour faire aujourd'hui le tour du Japon, pays dans lequel ce genre n'est pourtant pas populaire. Dans cette interview, JaME en a appris plus sur les origines du groupe et sa musique.


Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

SEIKA : Je suis la chanteuse SEIKA.
YASHA : Je suis YASHA, le bassiste.
TAKA : Je suis TAKA, le guitariste.
URA : Mon nom est URA. Je suis le second guitariste.
FUGA : Je suis FUGA et je suis en charge du synthé.
KEN : Je suis KEN et je suis le batteur de TAIA.

Comment les membres de TAIA se sont-ils rencontrés ?

YASHA : Nous étions dans le même club à l'université et nous y avons créé le groupe, puis nous avons rencontré URA et KEN de par nos activités musicales.
SEIKA : Dans le club, j'étais la kôhai de YASHA et TAKA. J'ai rejoint le groupe car ils m'y ont invitée.
FUGA : Nous avons eu beaucoup de changements de membres, nous nous sommes tous rencontrés de différentes manières. Mon sempai à l'université avait un groupe, et nous avons commencé à jouer ensemble. Les nouveaux membres, le guitariste URA et le batteur KEN, étaient dans un autre groupe et nous les avons débauchés.

Que signifie le nom TAIA et d'où vient-il ?

YASHA : Notre tout premier batteur était une femme, et elle a choisi ce nom qui vient de la poésie d'Edgar Allan Poe. Nous l'avons écrit avec des caractères japonais, parce que nous voulons montrer que nous chérissons la langue japonaise.
SEIKA : Quand j'ai rejoint le groupe et que j'ai su comment son nom avait été choisi, je me souviens avoir pensé que l'image et l'atmosphère sombres des poèmes de Poe correspondaient bien à la musique que nous faisions. Quand nous composons, nous n'y pensons pas vraiment, mais je trouve que l'atmosphère associée au mot « TAIA » (le grand corbeau) continue à coller à la musique que nous faisons en ce moment.

Votre musique ressemble au metal européen. Quels sont les artistes, groupes qui vous inspirent ?

TAKA : J'aime le death metal mélodique d'Europe du nord. J'écoute souvent IN FLAMES, donc je pense que je m'en inspire.
URA : J'aime le metal allemand, et je pense qu'il m'inspire.
FUGA : En fait, chacun de nous prend part à la composition. Puisque chacun a des goûts légèrement différents, il n'y a pas une influence définie en soi. Mais, plusieurs d'entre nous, dont moi, écoutent du metal européen, donc ça s'entend peut-être dans notre musique.

Cela fait 13 ans que TAIA est sur les planches. Comment avez-vous évolué depuis le tout début ?

SEIKA : Ça ressemble plus à une famille maintenant.
YASHA : Nous avons eu beaucoup d'opportunités de faire découvrir notre musique à plus de gens, donc notre perception en tant que musiciens est devenue plus intense.
URA : Quand j'écoute nos anciennes compositions et que je les compare aux nouvelles, je sens que nous avons beaucoup évolué. Nous avons gagné de l'expérience et développé aussi le côté composition. Je pense que nos capacités d'expression se sont beaucoup améliorées.
TAKA : Même si nous sommes un petit groupe créé par des amis à l'université, aujourd'hui, nous nous produisons partout dans le pays.
FUGA : Comme tous les membres travaillent sur les chansons, l'air change dès qu'un membre change. Même avec les mêmes personnes, le son change suivant la mentalité, la musique écoutée, l'expérience musicale du moment. Nous ne sommes pas encore des musiciens parfaits, nous continuons à grandir, évoluer, donc ce serait bien si les gens pouvaient apprécier ce voyage et ces transformations.

Quelles sont les choses qui vous inspirent quand vous écrivez de nouvelles chansons ?

TAKA : Hum... Il n'y a pas vraiment d'inspiration spécifique, puisque la musique jaillit dès que je prends ma guitare.
URA : Moi, j'aime bien me promener quand tout est calme, là où il y a peu de monde. Je marche dans cette tranquillité, pendant que mes pensées tournent en rond dans mon esprit, je vois le paysage autour de moi et des morceaux de chansons commencent à apparaître dans ma tête.
FUGA : J'écoute de la musique et je lis. Je trouve des images, des modèles musicaux différents, et j'aime les expérimenter dans notre musique. Voir des concerts d'autres groupes, de musique classique m'inspire aussi. Le synthé peut produire une large variété de sons. Pour bien les utiliser dans les compositions, il est important de connaître le vrai son, l'original, et les concerts sont de bonnes places pour cela.

Quels sont les thèmes principaux dans vos chansons ?

YASHA : Nous essayons vraiment de nous concentrer sur des musiques que seul TAIA est capable de faire.
URA : C'est ça. Nous ne faisons pas simplement du heavy, mais nous gardons à l'esprit l'importance de la mélodie.
SEIKA : Pour ce qui est des paroles, ce serait tristesse et désarroi. Chaque individu est tout petit dans l'immense univers, mais ses pensées sont grandes, et c'est pourquoi je pense que tous possèdent cette tristesse et ce désarroi. Et c'est cela qui est au cœur des paroles de nos chansons.

SEIKA, qu'est-ce que cela fait d'être la seule femme d'un groupe ? En quoi votre point de vue affecte-t-il sa musique ?

SEIKA : Hum... A vrai dire, quand je suis avec les autres, je ne sens pas vraiment que je suis juste une femme, parce qu'on est comme une famille. En plus de partager la musique, ils m'aident beaucoup. Lors des tournées, ils font tous attention à moi et je leur en suis très reconnaissante. Mais je ne pense pas que le fait d'être une femme ait un quelconque effet sur le groupe. En musique, il n'y a pas de « Si j'étais un homme, si j'étais une femme », bien sûr il y a une différence de gamme de voix, mais en dehors de ça, je ne pense pas que le genre limite quoique ce soit. Les caractéristiques d'une musique sont basées sur les personnalités individuelles. Pour cette raison, je pense qu'être une femme n'a aucune influence sur notre musique.

En quoi la musique traditionnelle d'Okinawa vous influence-t-elle ?

URA : Nous ne prenons pas d'éléments des chansons traditionnelles okinawaises pour les incorporer dans notre musique, du moins pas consciemment. Mais comme nous en écoutons depuis assez longtemps, inconsciemment, il y a peut-être des influences.
KEN : Moi, je suis influencé par la musique traditionnelle d'Okinawa, l'eisa (ndlr : danse okinawaise), le shamisen.
FUGA : Je pense qu'il n'y a pas d'influences directes, parce que la musique que nous faisons avec nos instruments, nos arrangements est basée sur un style de musique occidental. Mais, comme nous vivons à Okinawa, il y a peut-être des influences okinawaises inconscientes lorsque nous composons ou que nous pensons à des images. Je ne sais pas si c'est spécifiquement les chansons traditionnelles, la musique traditionnelle ou les traditions elles-mêmes, mais ce serait bien si les auditeurs pouvaient ressentir tout ça dans notre musique.

C'est peu commun qu'un groupe de metal se classe dans le top Oricon. Quelle est la popularité de ce style au Japon ?

YASHA : Il y a des fans de metal, mais ce n'est pas un genre de musique très commun.
FUGA : Dans la scène musicale japonaise actuelle, le metal n'est pas populaire. Il y a aussi moins de groupes au Japon aujourd'hui, alors que de plus en plus souvent, les seules personnes que vous voyez sur scène sont des chanteurs et des groupes de danse. Le metal est un genre où les musiciens peuvent être les leaders. Si les fans écoutent les parties instrumentales, ils devraient être capables de s'échapper encore plus de la musique. Je ne sais pas si le metal deviendra populaire, mais j'aimerais travailler plus dur pour avoir plus de personnes qui écoutent notre musique, donc merci de votre soutien.

Plusieurs de vos chansons ont une version japonaise et une anglaise. Pourquoi faire les deux ?

FUGA : Les paroles sont habituellement en japonais, mais depuis que nous avons sorti un CD à l'étranger, nous voulons avoir plus de personnes qui apprécient les paroles, et nous avons fait des versions anglaises.
YASHA : C'est ça. En tant que TAIA, nous voulons que les gens écoutent nos paroles et ressentent notre monde, donc quand nous avons commencé à avoir des auditeurs à l'étranger, c'est devenu naturel de sortir des musiques avec des paroles traduites en anglais.
SEIKA : Le style général et l'imagerie des chansons changent quand les paroles sont en anglais, donc il y a eu quelques nouvelles découvertes pour nous aussi.

SEIKA, quel est le plus grand défi dans l'écriture de paroles en anglais ?

SEIKA : Pour les paroles en anglais, nous travaillons avec un bilingue qui a pour langue maternelle l'anglais. Quand nous avons la traduction, nous essayons de nous assurer que le sens reste exactement le même que l'original. Les paroles sont différentes des autres styles d'écriture. Il y a des métaphores qui sont dures à comprendre, ou des parties où le sujet principal n'est pas précis pour permettre aux auditeurs de faire leur propre interprétation. Afin que le traducteur comprenne bien tout ça, nous discutons beaucoup. Le japonais est une langue qui omet souvent le sujet, mais ce n'est pas pareil en anglais, et parfois, une expression japonaise avec un nombre exact de notes demande plus de mots en anglais, et ça devient plus difficile de travailler la chanson. Je suis très reconnaissante au traducteur pour son aide, et je pense que la plupart du temps le sens originel reste intact.

Que pensez-vous que sera devenu TAIA dans 10 ans ?

TAKA : J'aimerais voir TAIA devenir un groupe monstre !
YASHA : Nous serons probablement en train de continuer à mener nos activités à notre rythme, mais nos horizons seront peut-être élargis.
URA : Bien évidemment, j'aimerais que nous ayons plus d'auditeurs qu'actuellement.
KEN : Mon rêve a toujours été de faire une tournée mondiale.
FUGA : Je ne sais pas quelle sera la situation alors, mais ce serait bien d'avoir plus de personnes dans le monde qui aiment notre musique. Je pense que notre attitude envers la musique sera la même que maintenant, et que nous continuerons à faire ce que nous aimons.
SEIKA : Dix ans, c'est très long, donc c'est difficile de dire ce qui pourrait arriver, mais je pense que nous aurons toujours cette passion envers la musique. Nous donnerons tout pour garder nos fans dans le monde.

Auriez-vous un message pour vos fans étrangers ?

SEIKA : Nous sommes très contents et reconnaissants que la musique de TAIA soit écoutée à l'étranger ! J'adorerais vous rencontrer et vous faire apprécier nos concerts. Nous allons travailler dur pour pouvoir réaliser notre rêve de nous produire à l'étranger ! Merci beaucoup de tout votre soutien !
YASHA : Pour le moment, nous n'avons pas de projets, mais nous aimerions donner des concerts à l'étranger un jour.
TAKA : Merci de nous soutenir. Nous allons tout faire pour pouvoir nous produire à l'étranger.
URA : Nous allons continuer à travailler dur, donc merci de continuer à nous soutenir ! Si vous le pouvez, venez voir nos concerts au Japon ! Nous allons aussi faire notre maximum pour aller à l'étranger !
FUGA : Nous ne nous sommes pas encore produits à l'étranger, et nous n'avons pu rencontrer nos fans internationaux que via nos CD, YouTube... Mais nous voudrions y aller un jour. Si nous arrivons à aller dans votre pays, ou un à côté, venez-nous voir. Et afin que cela puisse se réaliser, nous aurons besoin de votre soutien.
KEN : Nous allons beaucoup travailler ! Merci de votre amour !


La musique de TAIA est disponible à l'international sur JapanFiles.

TAIA - Kazamai

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