Interview

Interview avec Inugami Circus-dan à l'A-Kon 2010

25/01/2012 2012-01-25 05:00:00 JaME Auteur : Cynthia Traducteur : Jennyfer

Interview avec Inugami Circus-dan à l'A-Kon 2010

Inugami Circus-dan a fait ses débuts à l’étranger lors de la convention A-Kon à Dallas, Texas.


© Inugami Circus-dan, Cure Media USA
Début juin, Inugami Circus-dan a fait ses débuts à l’étranger à l'occasion de la convention A-Kon à Dallas, Texas. Lors de notre entretien, les membres ont notamment répondu à nos questions concernant les origines du groupe, leur style dynamique et l’accueil de Kyouko sur la scène visual kei.

Merci d’avoir accepté notre entretien. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs s’il vous plaît ?

Zin : Zin, bassiste.

Jouji : Je suis Jouji, le guitariste.

Akira : Je suis Akira, le batteur.

Kyouko : Kyouko, chanteuse.

Le groupe existe depuis près de quinze ans. Pouvez-vous nous dire comment vous en êtes venus à travailler ensemble ? Quelle est votre histoire ?

Akira : Il y a quinze ans, Jouji et moi avons eu une jam session et avons échangé nos coordonnées à ce moment. Pour être plus précis, nous avons répondu à une annonce dans un magazine que Kyouko avait postée dans le but de former un groupe. Suite à cela, j’ai demandé à un de mes amis de lycée, qui avait un an de plus que moi, de nous rejoindre et de jouer de la basse.

Vous avez un nom assez particulier. Pourquoi avez-vous choisi « Inugami Circus-dan » ?

Akira : En japonais, « inu » signifie chien et « kami » dieu. Au Japon, comme aux États-Unis, chien à une connotation assez mauvaise, tandis que dieu, bien évidemment, est au sommet, avec une haute symbolique. Ce que nous faisons est donc d’assembler le plus bas de l’échelle avec le plus élevé. C’est un concept typique que nous avons remarqué au sein de la scène rock. Les groupes qui ne vont nulle part stagnent en bas, tandis que d’autres sont élevés au rang de superstars. Ainsi, nous avons pu combiner ces deux notions au sein d'« Inugami ». Concernant « Circus-dan », il y a l'influence de l'écrivain ayant créé le film « Den’en ni Shisu », dans lequel jouait une troupe appelée Circus-Dan et dont nous nous sommes inspirés pour notre nom. Ce film raconte l’histoire d’un groupe qui a fait la même chose que nous, qui s'est inspiré d’un film pour son nom. Il faut également parler de l’influence de Duran Duran. En lui rendant ainsi hommage, nous avons pu trouver la seconde partie de notre nom.

Comme vous vous connaissez depuis de nombreuses années maintenant, n'y a-t-il jamais eu quelque chose que vous avez voulu changer chez les autres membres ?

Kyouko : Nous connaissons les caractères et habitudes de chacun d’entre nous. Nous sommes capables de rester ensemble car nous nous connaissons vraiment bien. C’est pourquoi nous ne voulons rien changer à aucun d’entre nous.

Les vêtements que vous portez se rapprochent des kimonos traditionnels et des uniformes de style militaire, avec un maquillage prononcé mélangeant gothique et théâtre kabuki. Pourquoi avoir choisi ce style ?

Jouji : Nous avons vraiment été très influencés par ce film dont nous avons parlé tout à l’heure, « Den’en ni Shisu », et par la culture underground qui s’y rapporte. Notre style est tiré de ce long métrage où un groupe de personnes arboraient des tenues de type militaire et où une fille portait un kimono. Nous voulions également intégrer cette culture underground à notre apparence.

Un maquillage théâtral peut parfois être associé au trac et permettre de cacher une certaine timidité. Partagez-vous ce sentiment ?

Akira : Pas du tout. Lorsque nous sommes sur scène, c’est comme si on se transformait : nous sommes là !

Les paroles de vos chansons se rapportent à des sujets choquants tels que les agressions, l'inceste ou la mort. Pourquoi écrivez-vous sur de telles choses ?

Akira : Jim Morrison a peut-être été le premier à aborder ces thèmes dans la musique rock. Il est à l’origine de ce type d’inspiration.

Vous êtes-vous déjà inquiétés ou vous a-t-on déjà dit que vos paroles allaient trop loin ?

Akira : Plutôt que d’essayer de se voiler la face concernant ce genre de choses, il vaut mieux les regarder en face et essayer de les surmonter.

En prenant en compte la dureté de vos paroles, à quel niveau d’importance mettez-vous la liberté d’expression ?

Akira : La vie humaine n’est pas si jolie que ça, elle n’est pas que jeux et amusements. La vie est cruelle. Cependant, en un sens, le rock, c'est la liberté, et à travers lui, nous utilisons notre liberté d'expression afin d’aider les gens à s’en rendre compte. C’est très important pour nous, il s’agit d’exprimer la vérité.

Vous vous produisez lors d'une convention familiale. Comment vous sentez-vous à l’idée de chanter ces thèmes devant un public où il y aura des enfants ?

Jouji : Même lors de nos concerts au Japon, les gens emmènent leurs enfants avec eux. Mais dans ces moments-là, personne ne se focalise sur nos paroles. Elles ont alors bien moins d’importance que l’atmosphère générée par notre prestation.

Akira : Peut-être que les enfants devraient s’habituer à ce genre de choses. (Rires)

Y a-t-il un lien ou un message que vous essayez de transmettre grâce à votre mode ou votre musique ? Comment accordez-vous ces deux univers ensemble ?

Inugami Circus-dan : À travers notre musique, nous exprimons la mort, la curiosité, les bizarreries et la terreur. Nous espérons que notre public est capable de surmonter ses propres peurs et angoisses en écoutant notre musique, parce que nous croyons que les êtres humains sont capables de vaincre leurs peurs lorsqu’ils font face à quelque chose d'encore plus effrayant. Nos costumes représentent ceux des hommes partis à la guerre et qui en sont revenus complètement fous et terrorisés après avoir fait face à d'immenses horreurs.

Comment la religion et la sorcellerie apparaissent-elles au sein de l’image d'Inugami Circus-dan ?

Akira : Nous chantons des histoires d’horreur dont nous avons fait l’expérience dans notre vie, ou des situations effrayantes qui pourraient arriver dans l’avenir.

Jouji : Parfois nous composons des chansons sur des histoires d’épouvantes basées sur des phénomènes liés à la religion.

Vous avez des jaquettes très intéressantes sur vos albums, comme pour Kami no inu par exemple. Qui s’occupe de leur design ? Y a-t-il une relation entre la pochette et les pistes du CD ?

Zin : Je me suis occupé du design des jaquettes pour nos CD ces derniers temps. Cependant, nous demandons parfois à des graphistes ou illustrateurs de le faire. Bien sûr, nous accordons une grande importance au lien entre les illustrations et nos chansons afin que cela corresponde à l’image d'Inugami Circus-dan. Nous prenons également en compte les tendances actuelles concernant les jaquettes et livrets.

Inugami Circus-dan est considéré comme un groupe de visual kei bien que votre son détonne de ceux des groupes actuels de cette scène. Vous sentez-vous toujours comme étant issu de ce mouvement ?

Akira : Nous ne considérons pas notre musique comme étant typique de ce style. Seulement, les Japonais ont tendance à catégoriser les groupes faisant du heavy metal et portant beaucoup de maquillage comme étant des groupes de visual kei. Même si finalement, je suis plutôt content que les gens nous appellent ainsi.

Kyouko, vous avez ajouté une touche d’enka à votre chant. Comment avez-vous appris à chanter ainsi ? Est-ce quelque chose de naturel ou l’avez-vous travaillé tout particulièrement pour Inugami Circus-dan ?

Kyouko : Pendant nos phases de compositions, il m’a été demandé de chanter dans un style enka car notre musique s’associait bien à ce genre. J’ai donc construit ma façon de chanter autour de ce style, même si ma voix avait déjà à la base cette sonorité. Je ne chante pas en dehors d'Inugami Circus-dan donc je n’ai aucune idée de quelle serait ma façon de chanter si je n’étais pas dans le groupe.

Vous avez un autre groupe appelé Angelique, dont la musique et le style vestimentaires sont radicalement différents de ceux d'Inugami Circus-dan. Pourquoi avoir créé Angelique ?

Jouji : Quelques personnes nous ont dit que notre musique et style actuels, qui sont très sombres, pourraient être un frein à notre carrière. C’est pourquoi nous avons essayé de voir à quoi ressemblerait Inugami Circus-dan en lui ôtant cet aspect.

Voudriez-vous continuer avec Angelique ?

Akira : Ça n’a pas été aussi concluant que prévu. (Tout le monde rit.) Mais c'était amusant. Bien que nous n’envisageons pas d’abandonner ce projet, nous voulons nous améliorer. Certains pensent que parce que nous restons dans un style musical, nous sommes incapables de faire autre chose.

Vous faites référence à la musique d'Inugami Circus-dan ou à celle d’Angelique?

Inugami Circus-dan : Au Japon, il est bon pour un groupe de coller à une image. Nous n’adhérons pas à ce genre de notions préconçues. Nous aimons essayer d’autres choses.

C’est la première fois qu’Inugami Circus-dan s’est produit en dehors du Japon. Comment vous sentiez-vous vis-à-vis de ce concert dans le cadre d’une convention ?

Akira : Nous en étions ravis. Je suis fier du fait que le public américain apprécie la culture japonaise, que ce soit pour les animes ou le visual kei.

Kyouko, vous êtes l’une des rares artistes féminines de visual kei à être présente depuis plus de dix ans. Comment avez-vous ressenti le fait de travailler dans un milieu essentiellement masculin ?

Kyouko : Puisque je suis présente depuis si longtemps, je suis en quelque sorte un leader du visual kei. Donc tout le monde est très gentil avec moi.

Avez-vous eu des problèmes lors des débuts du groupe ?

Kyouko : Je n’ai jamais eu aucun problème, sauf lorsqu’il s‘agissait de se changer, c’était assez difficile car ce sont tous des hommes. Mais maintenant, ils y sont habitués, et ça me va de me changer devant eux. (Rires)

Est-ce que l’un d’entre vous parle ou comprend l’anglais ? Êtes-vous inquiets quant à la barrière de la langue qu’il pourrait y avoir entre vous et le public présent à la convention ?

Jouji : Grâce à la méthode d’apprentissage de l’anglais au Japon, nous pouvons un peu comprendre la langue, mais pas suffisamment pour tenir une conversation. Le personnel de la convention A-Kon et les traducteurs nous ont beaucoup aidés.

Vous avez dit que lorsque vous vous produisez sur scène, le plus important est l’atmosphère générale liée à l’enthousiasme que vous générez et non à vos paroles. Comment pensez-vous que le public américain vous a reçus ?

Kyouko : Je ne suis pas sûre de savoir comment le public américain a perçu notre prestation, mais je crois qu'il a apprécié le concert.

Zin : C’était probablement la première fois que la majorité du public voyait un concert comme le notre, et je suis ravi d’avoir été accueilli aussi chaleureusement.

Pourquoi avez-vous décidé de vous produire à l’étranger aujourd’hui, alors que cela fait quinze ans que vous êtes sur scène ?

Akira : Nous n’avions jamais eu cette chance auparavant. (Rires)

Aviez-vous déjà essayé ?

Jouji : Nous n’avions pas vraiment essayé de savoir comment un groupe aussi particulier que le notre pouvait organiser des concerts à l’étranger. Donc non, pas vraiment.

Quels sont les projets d'Inugami Circus-dan pour l’avenir en terme de musique, tournées, etc. ?

Inugami Circus-dan : Nous allons sortir un nouveau single appelé DEAD END KIDS en août. Il contiendra aussi un DVD live. Nous sommes également en train de préparer un album pour le mois d’octobre.

Et maintenant, une question plus légère : puisque que vous êtes à une convention sur les animes, pouvez-vous nous dire quel anime vous voudriez cosplayer ensemble ?

Inugami Circus-dan : Certainement « Youkai Ningen Bem » !

Avez-vous un message à transmettre à vos fans étrangers ?

Zin : Eh bien… Nous ne voulons pas nous produire seulement aux États-Unis, nous souhaiterions jouer partout. Donc s’il vous plaît, invitez-nous et nous ferons tout pour venir.

Jouji : Nous avons vraiment été très inspirés par la musique américaine et anglaise, donc nous ne voulons pas n’avoir qu’un public japonais et ne jouer qu’au Japon. Donc s’il vous plaît, invitez-nous à venir, invitez-nous dans vos pays.

Akira : Cette expérience a été à la fois étrange et merveilleuse. Donc si vous trouvez notre musique intéressante, s’il vous plaît, venez-nous voir.

Kyouko : Si un jour nous faisons une tournée mondiale, s’il vous plaît, venez absolument nous voir !


Nous adressons tous nos remerciements à Cure Media pour avoir rendu cette interview possible, ainsi qu’à Inugami Circus-dan pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.
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